jeudi 13 août 2015

Le mois Obon 6, Yoshitoshi et le surnaturel


 Un art nuancé...

 

Considéré comme le dernier grand artiste de l'ukiyoe, Yoshitoshi est un dessinateur qui ne cessera de représenter l'au-delà et ses manifestations. Il faut tout d'abord dire que son tempérament va en partie expliquer ce goût : assez fragile psychologiquement, il assistera à plusieurs batailles sanglantes lors du Bakumatsu (changement de régime entre la fin du Shogunat et la restauration de l'Empire). Largement ébranlé par ces visions sanglantes, il sera malmené toute sa vie par des crises de folie qui le conduiront vers un grand abattement. Bien souvent, ces crises sont comparées à celles que Van Gogh, contemporain de Yoshitoshi, a pu connaitre. La seconde explication est la soif de surnaturel du public : l'estampe étant un média populaire, elle demeure un support primordial de ces croyances occultes qui paraissent bien réelles aux yeux de la majeure partie du public. 


L'art de Yoshitoshi est souvent signalé comme un art du contraste et du mouvement : en témoignent ces estampes qui représentent un exorcisme ou des confrontation entre humains et démons. Le côté dynamique et outrancier n'a rien à envier à certains manga actuels!
Les couleurs saturées, les détails minutieux des visages et des expressions viennent renforcer cette atmosphère fantastique où les démons et autres spectres ont la part belle.




Toutefois, cet art outré peut trouver une sorte d'équilibre. En cela, les deux dernières séries Cent aspects de la lune et 36 fantômes modernes témoignent de cette sorte de classicisme de l'étrange. Des planches comme La jeune fille héron ou Sumizome, l'esprit du cerisier en fleurs incarnent des lignes épurées où le fond joue de colorations subtiles dans des tonalités bien moins aguicheuses que dans des séries plus anciennes. Le spectre, qui devient une émanation du désir, parait un personnage serein.


Le dernier trait de la palette spectrale de Yoshitoshi est aussi l'humour. Un peu comme Hokusai, le dernier artiste ukiyoe prête à certains monstres des traits plus amusants qu'effrayants. Ainsi de l'araignée des profondeur qui tient sa toile telle une serviette ou encore les monstres d'une malle interdite qui tirent la langue à une vieille avare...peut-être encore plus effrayante que les monstres eux-mêmes!


Enfin, pour insister sur le caractère humoristique de Yoshitoshi, tournons les yeux vers cette estampe qui cite...une estampe de l'artiste : la malle interdite et ses fantômes. Une estampe qui a l'air d'effrayer cette geisha, représentant l'été..période où les festivités d'Obon se déroulent.




1 commentaire:

  1. hé bien quelle productivité..! Il y a dans le livre sur les yokai que je t'(ai passé une explication politique assez intéressante au sujet de l'araignée Tsuchigumo, qui m'a fait penser aux guerres de religions chez nous avec les protestants qui se planquaient dans des cavernes pour éviter les expéditions punitives. En tout cas là où j'allais en vacances ils avaient établi une vraie ville troglodyte fortifiée.

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