mercredi 28 octobre 2015

Expo De bronze et de pierre, musée archéologique, Nimes (30)


Sortir de ses réserves...


C'est dans la Chapelle des Jésuites que le musée archéologique a sorti quelques-unes de ses pièces des réserves et les a restaurées de belle manière. On démarre avec quelques objets de bronze assez peu nombreux : normal, il sont rares puisque la plupart de ces derniers, lorsqu'ils étaient trouvés étaient refondus, le matériau étant très recherché.


La section des bustes permet de se rendre compte de la finesse du travail de la pierre mais aussi de l'importance du réalisme du trait au niveau des visages. Toutefois une mise en garde : la plupart de ces derniers empruntent aux bustes impériaux les vêtements, les coiffures, les ornements ou bien encore certains traits! Bien évidemment, cela complique la tâche de l'archéologue pour une identification potentielle. Pour un Romain, il s'agit de marquer la place dans la ville et la société et non pas de faire montre de sa plastique personnelle.


Les divinités ne sont pas en reste avec des bustes ou des fragments plus atypiques comme une apothéose de dame romaine. Evidence que de dire que le marbre est un des matériaux privilégiés pour ce type de sculpture. Le monde des morts est évoqué avec une très belle urne et une partie du mobilier d'un jardin funéraire.


Enfin, la décoration domestique est évoquée à travers des thèmes repris des Grecs bien sûr et souvent de la période alexandrine. Enfants, esclaves et animaux peuplent la domus et les jardins...


De belles pièces à aller voir jusqu'au 31 octobre :
http://www.nimes.fr/index.php?id=agenda_accueil&no_cache=1&tx_ttnews[tt_news]=22936&tx_ttnews[backPid]=470&cHash=d298fa1dbab4144692ed43a1c4d86683

vendredi 23 octobre 2015

Expo Des armes blanches..., Musée de la coutellerie, Thiers (63)


Histoires de lames...


Thiers, ville de production coutelière, invite depuis plusieurs années des villes ou pays qui ont eux aussi une tradition de forge. Cette année place au Japon avec un festival de couteaux et lames en tout genre.


De très beaux modèles de lames centenaires (la plus ancienne date du XIII°) éblouissent par leur qualité et leur fraicheur : le sabre est un élément important des familles qui se transmet de génération en génération.


Les couteaux présentés permettent de mettre en avant cet ustensile quotidien qui a une place prépondérante du fait de l'application nipponne à toutes les préparations : un bon met est un met soigneusement préparé ( de la cuisson à la découpe!). 



En écho à ces objets, quelques estampes qui montrent l'importance de l'arme blanche sur la scène kabuki : du noble samourai au voleur énergique, lames et couteaux brillent dans les compositions de l'ukiyo'e, permettant l'héroisation et le drame au sein des diverses pièces.



Exposition et animations jusqu'au 3 janvier 2016 :
http://www.ville-thiers.fr/Exposition-au-Musee
http://miroirdlukiyoe.e-monsite.com/blog/humeur-guerriere-expo-musee-dela-coutellerie-thiers-63.html 

mercredi 21 octobre 2015

Expo Tetsuya Gotani, art du pliage, office de tourisme, Montbrison (42)


Dans les petits papiers...


L'origami est un art ancestral importé de Chine qui trouva très rapidement un écho favorable au Japon. Plus qu'un simple passe-temps, c'est un véritable art qui allie esthétique et mathématique : à partir d'un simple carré de papier, un maitre en origami peut créer tout un panel étonnant de personnages!


C'est ce que démontre Tetsuya Gotani avec cette exposition de quelques-uns de ses travaux. Ce dernier n'est pas inconnu dans la région puisque avec sa femme il a créé l'association Jana, association d'amitié franco-japonaise de Clermont-Ferrand qui oeuvre pour le rayonnement culturel nippon.


Pour en revenir à l'expo, vous pourrez admirer une faune bigarrée peuplée d'oiseaux, de félins et autres dinosaures sortis des doigts habiles et des lois mathématiques ingénieuses (et oui, parfois les math, ça peut servir!!!)....Et même un kappa, ce petit monstre aquatique, plus ou moins sympathique que tu aimes tant Lydia!


Après toutes ces figures et les schémas explicatifs qui les accompagnent, autant se reposer un peu et rêver que tout ce petit monde se mette à vivre...


Jusqu'au 28 octobre : 
http://loireforez.com/noesit/!/fiche/tetsuya-gotani-art-du-pliage-de-papier-exposition-dorigami-702819http://loireforez.com/noesit/!/fiche/tetsuya-gotani-art-du-pliage-de-papier-exposition-dorigami-702819

samedi 17 octobre 2015

Opération Masse critique Babelio, Changer d'air de Marion Guillot


Nouvel air...


Tout d'abord merci à Babelio et les éditions de Minuit pour ce premier ouvrage de Marion Guillot dans lequel un professeur, Paul, prend son café au port de Lorient avant de faire sa rentrée des classes. Plouf : il assiste à la chute d'une femme dans l'eau. Pas de désir pour elle, pas de moquerie mais une envie irrépressible de fuir... Adieu femme, enfants, boulot : Paul largue les amarres avec ses livres de philo et quelques affaires.


Il se réfugie à Nantes et revoit un de ses amis. Il se laisse entrainer dans un nouveau quotidien fait de petits riens, laisse sa vie se fracasser à toutes les petites contrariétés et puis, il y a la présence puis la mort d'Henri...le poisson rouge!


Je n'irai pas plus loin dans le résumé du récit car il est mince et l'intérêt du livre réside plus dans les évocations des sensations et des interrogations du narrateur que dans un trame narrative complexe. Paul, c'est un peu l'homme contemporain qui veut toujours changer d'air et qui tombe dans les mêmes travers. C'est aussi la mise en scène d'une société qui préfère ne pas voir la sensibilité et les violences modernes, beaucoup plus perverses que certaines violences originelles.

De beaux passages à la fois émouvants ou cocasses avec une fin qui m'a toutefois un peu déçu.

mercredi 14 octobre 2015

Film Miss Hokusai


Fille de...

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Primé au festival d'animation d'Annecy, Miss Hokusai n'a pas volé sa réputation....Mise en scène donc de la fille du célèbre artiste ukiyoe, O-ei travaillera avec son père jusqu'à la mort de ce dernier. Recherchée pour ses portraits de Beautés (Bijingae) ainsi que ses scènes érotiques, la jeune artiste ne pourra toutefois complètement sortir de l'ombre du Père illustre!


Cette relation père/fille est un des pivot du film : à la fois rivaux et compagnons, le récit dessine une famille assez moderne qui ne reconnait pas la stricte hiérarchie confucianiste qui sera imposée par le gouvernement Meiji. La jeune soeur aveugle d'O-ei permet aussi d'éclairer une face plus sombre du créateur qui est volontiers hypocondriaque et qui ne peut supporter la vue de cette enfant infirme. 
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Loin du simple biopic, Miss Hokusai permet de dépeindre un Edo bien vivant (accompagné d'une bande-sonore très rock) et un monde des artistes de l'estampe cocasse et volontiers grivois : Hokkei, Eizan et autres dessinateurs sont des personnages secondaires attachants qui viennent renforcer l'aspect vivant du récit.

Un bel hommage aux femmes et à la liberté de créer :
http://miroirdlukiyoe.e-monsite.com/blog/miss-hokusai-1.html

samedi 10 octobre 2015

Expo Himalaya tribal, Musée AAA, Vichy (03)


Esprits des sommets...




himalaya-tribal


Au carrefour des espaces et des cultures, la zone de l'Himalaya recouvre l'Inde du Nord, le Népal, le Tibet et d'autres territoires. Dans cette zone immense et accidentée, les religions et les croyances se sont croisées et souvent mêlées.

Les esprits, les dieux habitent les sommets et les cultures, marquant la forte empreinte que la Nature a laissé sur les mentalités humaines. Terre de contraste, l'Himalaya s'est transformée en espace spirituel où le moine ou le chamane ont toute leur place.


Masques grimaçants ou hilares, la physionomie de cet objet cultuel important est sans cesse antithétique et paroxystique. Du démon en colère à la déesse sereine, les faces colorées, travaillées habillent les visages de danseuses ou de prêtres.


Les temples hindous ou bouddhistes arborent de magnifiques frontons et des piliers ouvragés afin de repousser les esprits malfaisants ou symboliser les lieux divins qui apportent la paix et le bonheur aux pèlerins et autres fidèles.  

Histoires et légendes vont se greffer sur des pratiques religieuses, enrichissant la spiritualité de la Montagne et de sa géographie tel le couple de pèlerin qui se voit voler sa peau alors qu'il dort près d'un charnier. Les voilà squelettes souriants qui reprennent leur périple sans faire attention à leur nouvel aspect, êtres entre la vie et la mort, l'aveuglement et l'illumination.


jusqu'au 1er novembre :
http://musee-aaa.com/?page_id=969

samedi 3 octobre 2015

Poésie et illustration 15: Ballade des pendus de Villon

Frères humains...


Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

G lemercier
La Ballade des pendus ou Epitaphe Villon est peut-être la pièce la plus connue du poète. Reprenant le motif littéraire et pictural du transi ou du squelette, le poème est un discours d'un mort aux vivants, tel qu'on pouvait le croiser dans les danses macabres. De ce genre, on retrouve aussi les descriptions précises et volontiers macabres des corps pourrissants.

Villon ajoute à ces clichés une dimension humaniste : le mort est un condamné qui appelle le passant à la clémence tout autant qu'à la méfiance face à la mauvaise vie qui peut mener au gibet. On évoque bien souvent le côté biographique de la pièce, Villon étant un débauché notoire qui connaitra de nombreux problèmes qui le conduiront en prison plus d'une fois. Mais comme souvent, le sérieux de la pièce est à interroger : l'image finale du dé à coudre rabaisse le pathétique du pendu, montrant tout le jeu de l'artiste avec les clichés littéraires et génériques.