jeudi 31 juillet 2014

Expo Samurai: Armor from the Ann and Gabriel Barbier-Mueller Collection, Kimbell Aer Museum, Fort Worth (USA)

Au-delà de l'armure...

Exposition itinérante, présentée il y a plus d'un an au musée du Quai Branly, cette rétrospective proposée par le couple Barbier-Mueller est exceptionnelle à plus d'un titre. Tout d'abord, par la qualité des objets présentés mais aussi par sa richesse. Ce sont des armures entières avec masque (mempo) et autres objets qui sont exposés ainsi que des armatures pour chevaux, éléments assez rarement présentés car assez peu conservés.


Le samourai, ou guerrier de la féodalité nipponne, n'est pas qu'un simple chevalier. Il est aussi le représentant d'une lignée et symbolise le prestige d'une famille à travers ses actes mais aussi son armure. Durant l'ère Edo qui est synonyme de paix, c'est cette fonction de représentation qui prend le pas sur la fonction guerrière : l'armure devient signe d'ostentation plus qu'élément pratique de combat.


C'est donc la constitution de l'image du guerrier qui est ainsi mis en avant dans cette exposition : le samouraï devient le héros nippon comme le marquent de nombreuses estampes qui posent le guerrier en tant que modèle de courage et de force alors que dans l'Edo du XIX° siècle, la caste guerrière est en passe de disparaitre. Il s'agit donc de comprendre les sources d'un mythe encore vivace puisque bon nombre de films ou mangas utilisent le guerrier comme héros récurrent.


Un mythe à décrypter jusqu'au 31 août :
https://www.kimbellart.org/exhibition/samurai-armor-ann-and-gabriel-barbier-mueller-collection

mercredi 30 juillet 2014

Expo Une part d'ombre, Tribondeau, Chartreuse, Villeneuve lez Avignon (30)


 A l'ombre des pierres...


La Chartreuse accueille les photographies de B Tribondeau, mettant en scènes des lieux et éléments du monument. Photographies en noir et blanc, elles incorporent des zones d'ombre, ombre portée, silhouette dans les divers endroits de l'ancien monastère.

Le parti-pris est donc de théâtraliser les espaces délaissés ou les moments où le public n'est pas présent afin de faire émerger une nouvelle vision du monument, à travers un caractère qui tient à la fois du fantastique et du poétique.


Les espaces habités par les hautes photographies  semblent renouvelés, comme animés par une vie qui semblait les avoir quittés depuis le départ de la confrérie. On s'attend, derrière les rideaux, à voir passer des ombres d'un pas familier alors que cliquettent les clefs qui ouvriront des espaces endormis.



Se promener au pays des ombres jusqu'au 24 août :
http://www.tribondeau-photo.fr/page35/page23/page23.html

lundi 28 juillet 2014

Expo Van Gogh Live!, Fondation van Gogh, Arles (13)

Portraits...

Depuis Avril, la Fondation van Gogh a ouvert ses portes et la ville d'Arles peut enfin proposer un lieu dédié au peintre qui fit beaucoup pour sa renommée. En guise d'ouverture, deux temps sont proposés : l'exposition Couleurs du Nord, couleurs du Sud présente quelques toiles de Van Gogh et de ses contemporains qui permettent de retracer l'itinéraire artistique du Hollandais.



Des oeuvres intéressantes et plutôt nombreuses qui dessinent une évolution de cet autodidacte : débutant dans la veine naturaliste flamande, la palette et la représentation du peintre va se transformer lors de son arrivée à Paris puis en Provence.


Bonne surprise, des estampes (dont de très beaux Hiroshige et Kuniyoshi) insistent sur l'importance de l'art nippon sur Van Gogh ainsi que la révélation esthétique que l'estampe va jouer sur son imagination. Arrivé à Arles, c'est une impression de Japon qui l'envahit et les paysages comme les personnages deviennent des éléments d'une terre du Soleil levant en pleine Méditerranée.


Le second volet Van Gogh Live! permet à des artistes contemporains dont T Hirschhorn de rendre hommage à l'artiste soit au moyen de clin-d'oeil thématiques soit en montrant l'impact culturel qu'il peut avoir : Hirschhorn propose ainsi une installation qui invente l'intérieur d'une fan japonaise de Van Gogh. Entre manga, anime et objets touristiques kitsch, l'installation questionne l'imprégnation et l'impression de l'artiste dans notre monde de consommation.


Rendre hommage à Van Gogh jusqu'au 31 août.

mercredi 23 juillet 2014

Expo Air du temps 1, Chapelle St Charles, Avignon (84)


Poétiser le temps...


Edis pour l'art présente plusieurs travaux de trois artistes dans une problématique centrée autour de l'Art et de la Nature. Ici, la vidéo et le matériau plastique font écho à la nature dans ce qu'elle a de plus sobre et de plus épuré.

L'Arbre et son ombre, installation de S Rousseau met en scène un châtaignier mort sous fond de vidéo : l'arbre reprend vie et le spectateur peur admirer la croissance à la chute des feuilles grâce au programme qui mime le cycle végétal. Les jeux d'ombres décrivent le processus naturel en accéléré et mettent en scène vie et mort d'un végétal de manière mimétique.


Infinity II du coréen Heewon Lee présente une cascade dont on remonte le cours et qui joue avec le rythme de l'eau. L'écran géant plonge le public à l'intérieur d'un courant irréel qui remonte sa propre trace. On perd la notion du temps et de l'espace tout en se trouvant insérés dans la pulsation aquatique, pulsation omniprésente dans la chapelle obscure.

Nature et technologie jusqu'au 28 septembre :
http://la-nature-vous-regard2verone.over-blog.com/article-exposition-air-du-temps-avignon-124117943.html

mardi 22 juillet 2014

Expo Air du temps 2, Cour de l'Archevêché, Avignon (84)

Dans le vent...


Après l'eau et la terre, loin de la vidéo, les installations de jacques Salles permettent de jouer avec le vent ou le souffle du public. Se définissant comme un "structeur", Salles utilise les ossatures en plastique ou en métal afin de créer des mobiles qui se jouent de la gravité.


Rappelant Calder et ses œuvres, Jacques Salles tente de recréer des objets qui interrogent des structures naturelles tels les constellations, les arbres ou les spirales. Le jeu avec le souffle, mouvement de vie humaine ou naturelle, ajoute à son travail une réflexion à la fois philosophique et ludique : la légèreté, la fragilité semblent les constantes d'un monde où tout vacille et bascule.


 Se laisser porter jusqu'au 28 septembre.

lundi 21 juillet 2014

Expo A la recherche d'Hamlet, Maison Jean Vilar, Avignon (84)

To be or not...


La maison Jean Vilar propose un retour aux sources avec une rétrospective sur les premières grandes mises en scène de Vilar à Avignon : Richard II, Hamlet ou le Prince de Hombourg. Au-delà des médiatiques débats de ces derniers mois, l'exposition réfléchit notamment à la place du personnage d'Hamlet et à son rôle particulièrement funeste au sein de la dramaturgie élisabéthaine.


 
Le fameux crâne est présent (ici sous forme de dentelles memento mori) avec de longues descriptions des actes ainsi que des réflexions sur le statut d'un personnage idéaliste, frappé dès les premiers vers par le sceau de la mort et du néant.

 

Plusieurs salles présentes des mises en scène diverses de Branagh à Ostermeier, insistant sur un caractère funeste et morbide. Le présence de la folie est encore imprimée par la présentation des costumes et des notes de la mise en scène de Vilar dans les années 50 : cette empreinte terrifiante apparaît dans la diction ou les enchainements de répliques d'alors.
 
Une dernière salle présentant le théâtre élisabéthain tente de montrer qu'à l'aune des événements politiques (fin du règne d'Elisabeth et début de celui de Jacques Ier) la noirceur envahit la scène du Globe, véritable miroir d'une époque à la fois faste pour les Arts mais aussi terrible d'un point de vue sociologique avec son lot de crimes et d'horreurs.

Être ou ne pas être jusqu'au 27 juillet!

vendredi 18 juillet 2014

Expo “Specters, Ghosts 1, and Sorcerers in Ukiyo-e”, Ota Museum, Tokyo

Monstres et compagnie...


Durant tout l'été, le Musée Ota se tourne vers les estampes qui mettent en scène les monstres, les esprits et autres fantômes. Une occasion de découvrir la richesse de la fin de la période Edo avec des noms comme Hokusai, Kunichika ou Yoshitoshi. Une occasion encore de se rendre compte de la diversité des aspects fantastiques de la culture japonaise.
 
En effet, il s'agit non d'une mais de trois expositions qui montreront les différences entre trois catégories particulièrement bien représentées dans le monde de l'estampe : le monstre, le fantôme et l'esprit. On partira à la découverte des yokkai, kappa, mononoke et autres kaidan. A la fois proches et dissemblables, ces formes spirituelles définissent les divers aspects de la relation que le Japon entretient avec le monde extra-humain. Rien de bien étonnant : la culture shinto, racine profonde de la spiritualité nipponne, est extrêmement empreinte de la présence des esprits au sein de la vie humaine.

Les monstres figurent à la fois les forces de la nature mais est aussi la manifestation de la psyché humaine comme dans l'estampe de Yoshitoshi ci-dessus montrant des êtres difformes sortant d'un coffre qu'une vieille avare veut ouvrir.

 

Le monstre, comme en Occident, est une entité qui peut prendre de nombreuses formes. De nombreux animaux sont associés à cette monstruosité. Ainsi le chat peut-il devenir spectre (bakeneko) ou encore s'hybrider avec l'humain. Dans ce cas, on retrouve de nombreux personnages de sorcières-chat qui survivent en aspirant la vie des humains. Personnage inquiétant et nocturne, sa représentation peut aussi tourner au comique comme dans le triptyque de Kuniyoshi présenté où malgré la présence des guerriers, des chats sur deux pattes semblent danser...

 
D'autres monstres sont plus ambigus : ainsi les kappa, monstres aquatiques. De petite taille, ils sont  présentés comme des êtres malicieux et amusants : ici, Yoshitoshi les dépeints en train de mimer un combat de lutte devant...un sumo! Mais souvent, ces monstres peuvent se montrer terribles et chercher à noyer tout humain qui se trouve dans l'eau.



A la fois inquiétant et amusant, le monstre japonais apparaît et disparaît souvent au gré de sa fantaisie. Être des marges, il interroge l'humain sur sa propre nature ainsi que sur ses actions sans pour autant se présenter en juge, il permet à l'Homme de réfléchir sur soi.
Une première partie jusqu'au 27 juillet!

mercredi 16 juillet 2014

Le Crépuscule des dieux 4 : walkyrie

La chevauchée de l'esprit...


Les walkyries, vierges de bataille, incarnent le courage et l'élan humain et divin qui affronte l'adversité. Chargées de choisir et de conduire les guerriers braves afin de constituer l'armée d'Odin en vue de la fin du monde, ces cavalières divines sont à la fois divinités et messagères du Walhalla.


Lors du deuxième épisode du Ring, c'est Brünnhilde, la préférée du dieu, qui va devoir affronter les destins. Attachée à Odin, elle comprend vite que son ordre de laisser battre Siegmund n'est qu'une fausse parole donnée à Fricka amère puisque les deux personnages ont commis un inceste et défient les lois de la déesse.

Durant le combat, la walkyrie soutient Siegmund, accomplissant le voeu secret d'Odin mais ce dernier s'interpose et laisse tuer son fils, maudissant la jeune déesse qui s'enfuit avec Sieglinde enceinte de Siegfried.
Délaissée par ses soeurs, Brünnhilde est condamnée à perdre son immortalité et sa virginité.



Après un long dialogue, elle infléchit la colère du dieu et obtient que seul un héros sans peur puisse la connaitre : un anneau de feu l'enferme alors qu'elle perd connaissance, incarnant un monde qui attend le libérateur : Siegfried.

Brünnhilde symbolise le monde des dieux qui voit le devoir et le désir s'opposer et souvent s'annihiler en emportant avec leur combat les personnages humains et divins, marquant une ligne de destin inepte dont personne n'est le maitre et qui bien souvent apparait comme un agrégat d'événements injustes et illogiques.

(oeuvres de G Lemercier)

dimanche 13 juillet 2014

Masse critique Babelio, Derek Mahon, la mer hivernale

Vers irlandais...

Tout d'abord merci à Babelio et à Cheyne éditeur pour ce très beau recueil du poète irlandais Derek Mahon.
Né en 1941, Mahon est aujourd'hui considéré comme l'un des plus importants poètes d'Irlande. Marqué par les luttes religieuses et politiques qui ont marqué son pays, il inscrit le monde moderne et la violence au cœur de son œuvre. Il n'oublie pas non plus la terre d'Irlande et ses éléments millénaires, marquant ainsi une fracture entre tradition et monde contemporain.
Le présent volume présente une anthologie de textes assez récents, traduits de manière pointue et poétique par J. Chuto.




Le titre de la pièce qui donne son nom au volume La mer hivernale est un titre programmatique de cette anthologie. La présence de la nature qui semble un élément oublié de notre monde et qui pourtant atteste d'une splendeur s'accompagne du thème de l'hiver qui fait écho à une vision apocalyptique, voire post-apocalyptique de notre civilisation.
"Et les roseaux géants
Du delta,
comme ils sont pathétiques!
Pan est mort, et déjà
je sens une antique
Unité abandonner la Terre..."
Le fossé qui se creuse entre la nature et l'Homme semble un territoire abominable que rien ne pourra combler. La poésie elle-même semble souvent plus un chant de déploration qu'une véritable parole de réconciliation.



"Je prends congé des arbres,
Hêtres, cèdres et ormes,
Des bois aimables de par ici,
Qu'embrument la sciure, les pots
D'échappement, et le dernier
Soupir des nymphes empoisonnées."

Le monde humain se présente tel un destructeur de poésie et de rêve : détruisant le monde immémorial qui l'entoure, il détruit l'âme et le sel de la vie. Violence, laideur pourraient être les deux mots de cette Humanité qui oublie ses propres racines et sa propre nature.


Seules quelques visions consolantes demeurent. Ainsi, les citations d'autres poètes ou littérateurs permettent de garder foi en l'Homme. Ovide, exilé à Tomes, devient en quelque sorte le héros et la figure tutélaire de Mahon : se sentant dans un monde qui ne lui convient pas, il espère qu'encore les temps heureux se manifesteront. Le poète devient le témoin impuissant mais constant d'un monde qui ne lui convient pas mais dans lequel il doit inscrire sa présence :
"Moi aussi, que je le veuille ou non, j'habite ici."

mardi 8 juillet 2014

Expo Julien Faure, Musée d'Art et d'industrie, St Etienne (42)

Histoire de ruban...


L'industrie du ruban demeure historiquement celle qui apporta la plus grande prospérité à St Etienne, bien au-dessus des mines, des armes ou des cycles. Au début du XXème siècle, le ruban stéphanois est même à la première place européenne et mondiale. Les divers marchés font appel à cette production locale et de nombreuses maisons de confection vont naitre.


C'est ainsi que l'entreprise Faure va voir le jour et se développer rapidement. Dès le Second Empire, la firme va développer des modèles qui plaisent aux Parisiennes ou Londonniennes et les innovations ne vont cesser alors que l'on change de siècle.Le ruban suit les modes, changeant de forme, de taille, de motifs. La soie, elle aussi, sera remplacée par d'autres matières qui connaissent les faveurs du public.


 Malgré une baisse de la production et de la demande, la firme va se moderniser et la qualité de ses produits est encore considérée par bon nombre de marques du luxe comme Vuitton ou par des créateurs de mode qui utilisent le ruban comme un accessoire ou encore comme le véritable matériau de la création.


Une histoire d'entreprise à découvrir jusqu'au 21 juillet...

lundi 7 juillet 2014

Expo Histoires de coeur et d'épée, MBA, Lyon (69)

Des histoires du passé...


Dans les ateliers de David, alors que la Révolution vient de faire fleurir le Néoclassicisme, de jeunes élèves du maitre travaille à des sujets et des formats nouveaux. La Grande Histoire ne les séduit pas vraiment et l'Antique sent trop la tradition. Ces jeunes gens vont donc se tourner vers les anecdotes du Moyen Age ou de la Renaissance française, donnant une nouvelle définition à un patriotisme artistique.

C'est ainsi qu'en 1802, Fleury Richard surprend la critique à travers le portait de Valentine de Milan. C'est un succès et le germe qui donnera naissance au style troubadour qui sera sur le devant de la scène jusque dans les année 1820. Commence une archéologie de ces périodes qui permettra un renouvellement des formes et des figures.


Un style aux glacis finis, aux teintes sourdes s'impose alors qu'il fait la part belle aux histoires d'amour exemplaires ainsi qu'en mettant en scène des artistes emblématiques tels Vinci, le Tasse ou la plupart des artistes italiens. Ainsi, s'étoffe une Légende dorée de l'Art qui insiste sur le rôle des créateurs dans la petite et la grande histoire.
L'exposition se tourne ensuite vers des peintres comme Ingres ou Delaroche qui travaillent à la fois sur les petits formats et les estampes, afin  de faire connaitre leur travail, et les grands formats qui peuvent entrer en concurrence avec la peinture d'Histoire.


A travers ces diverses évolution, c'est toute une école Romantique dans sa diversité qui est questionnée : à la fois ancrée dans l'Histoire française et européenne, cette école va permettre de promouvoir une Légende Nationale dans chaque état du continent. Les grandes figures se multiplient et dessinent des caractères nationaux qui définiront les grands modèles des Nations émergeantes.


Un jeu avec l'Histoire jusqu'au 21 juillet 2014.