samedi 27 février 2016

Expo Angelin Preljocaj, CNCS, Moulins (03)


Fêter un chorégraphe...


Pour les 30 ans de la fondation de sa compagnie, A Preljocaj est l'invité du CNCS. Après son passage au festival d'Avignon cet été, le chorégraphe s'est vu remettre l'espace du musée moulinois pour une évocation de son travail. C'est ainsi l'occasion de revenir sur quelques grands moments de la danse contemporaine qui commence dès le début des années 1990.


A tout seigneur, tout honneur : le Roméo et Juliette, collaboration avec Enki Bilal dont on peut voir des costumes et des dessins préparatoires : un travail commandé par le Ballet de Lyon et qui fera entrer Prejlocaj dans la cour des Grands. Un dialogue des corps, un monde post-apocalyptique typique de l'imaginaire de Bilal permettront une réinvention d'un argument des plus classiques porté par la partition de Prokofiev.


Car la patte Preljlocaj, c'est un lien assumé avec les créations classiques à travers une mise en scène et des mouvements contemporains. Bref, une volonté de créer un art du temps qui se nourrit des Grands qui ont fait la danse, une position plutôt osée au début des années 90. Ce choix des classiques revisités se fait à travers la reprise de classiques comme le Spectre de la Rose ou Parade mais avec l'aide de plasticiens, de musiciens comme Stockhausen ou Laurent Garnier, des créateurs comme JP Gaultier ou des écrivains comme P Quignard.


Enfin, c'est la notation chorégraphique assez systématique, mais bien longtemps décriée, qui inscrira le chorégraphe comme un artiste qui veut garder trace de ses travaux afin de faire évoluer l'art de la danse. Comme il le dit souvent, pendant longtemps, le manque de mémoire des chorégraphies a empêché une évolution substantielle de cet art. Marquer les pas, ce n'est pas figer mais garder une trace que l'on peut ensuite transformer.

Un hommage à voir jusqu'au 6 mars :
http://www.cncs.fr/angelin-preljocaj-costumes-de-danse

jeudi 25 février 2016

Masse critique Babelio, Un jeune homme superflu de R Monnery


Les affres de la jeunesse...



Merci à Babelio et aux éditions du Diable Vauvert pour l'envoi de ce Jeune homme superflu, qui est un peu l'histoire - ou la non-histoire - de la génération des 25/30 ans d'aujourd'hui. Une grande dose d'infantilisme, de flemme et surtout une peur viscérale de se cogner à un monde qui ne les attend pas. Alors "à quoi bon?", comme le profère si souvent le héros de ces aventures d'un quotidien chaotique.
Cela pourrait donner lieu à une tragédie ou un essai nihiliste, mais non! On ne peut s'empêcher de rire à la lecture de ces scènes, je dirais parfois de ces sketches qui font l'ossature du livre. Car voir ce personnage maladroit, pas toujours propre sur lui et qui va souvent de déconfiture sexuelle en déconfiture alcoolisée nous le rend sympathique. Un peu comme un frère ou un cousin paumé qui agace mais qui attendrit aussi.

Le rythme des chapitres courts, des jeux de mots et des clichés langagiers ou situationnels que l'on tord dans tous les sens permettent une lecture fluide et agréable. Au-delà de ce caractère plaisant, une vraie réflexion sur l'arrivée dans le monde du travail et le monde tout court qui n'est pas aussi superficielle qu'elle voudrait le laisser entendre. Romain Monnery analyse les mécanismes pervers d'une société qui se nourrit de petitesses et de médiocrités communes afin de pérenniser un système qui ne laisse d'alternative qu'entre l'acceptation aveugle ou la disparition forcée.



Un bon moment de lecture...même si parfois, on secouerait volontiers le héros principal!

samedi 20 février 2016

Film Les délices de Tokyo, Naomi Kawase


Sucreries nipponnes...




Sélectionné dans la catégorie Un certain regard, le nouveau Naomi Kawase est sorti depuis quelques semaines sur les écrans français. Les délices de Tokyo ou An (pâte de haricot rouge en Japonais) est considéré comme le film le plus abordable de la réalisatrice mais aussi comme celui qui est le plus démonstratif (trop aux yeux de certains).
Trois vies cabossées vont se rencontrer dans la petite échoppe de dorayakis (des crêpes fourrées à la pâte de haricot rouge) de Sentaro, un vendeur bien rustre qui déteste les aliments sucrés. Là, une collégienne pauvre et un peu ingrate, Wakana et une vieille femme aux doigts abîmés, Tokue forment bientôt un trio un peu incroyable. Lourds de secrets et de non-dits, les trois personnages s’apprivoisent et semblent alléger leur propre existence dans ce quartier de Tokyo où seuls les cerisiers semblent un élément de grâce.


On comprend bien vite que la sympathique Tokue qui parle aux haricots et à la nature est une ancienne lépreuse et ceci ne sera pas du goût de tous les clients de la petite échoppe. Surtout pas celui de la patronne de l’établissement qui se laisse doucement bercée par des commérages dignes de petits villages provinciaux. Kawase, sans trop d’insistance, évoque le problème des lépreux au Japon qui eurent un statut particulier jusqu’en 1996 mais qui rappelle aussi le statut des personnes irradiées (victimes des bombes ou plus récemment de la catastrophe de Fukushima).
De manière encore plus large, l’argument du film insiste sur la place des marginaux dans un pays qui a souvent mis en avant le groupe et la réussite sociale mais qui est en crise profonde face à ses propres modèles. Un écho que nos sociétés occidentales peuvent elles aussi méditer!

On peut retenir de merveilleuses séquences sur la nature et ses changements en pleine zone urbaine. Kawase, à travers le personnage de Tokue, rend sensible un élément comme le haricot rouge et toute une poésie de la nature transparait à travers de nombreuses séquences. Film d’apprentissage et d’un certain recentrement de l’homme par rapport à l’univers, le spectateur ressort avec une belle leçon de vie et de cinéma. N’en déplaise aux esprits chagrins : un film à voir ABSOLUMENT !




mercredi 10 février 2016

Pagode de M. Loo, Paris (75)


Entre France et Chine...


Pas très loin du musée Jacquemart-André et du parc Monceau, un ilot d'Asie semble flotter au milieu des immeubles et hôtels particuliers typiquement haussmanniens : la pagode de M. Loo. Cette bâtisse unique à Paris fut construite par un riche chinois dans les années 1920.

Pour abriter ses collections et son activité, il décide de faire construire un bâtiment qui met à l'honneur l'architecture de son pays. Le rouge des murs, les tuiles vernissées provoquent un festival de couleur dans ce quartier qui ne sera pas toujours du goût des riverains...


Marchand d'art, Loo va permettre à de nombreux cabinets de curiosité et musées comme le musée Guimet d'obtenir de très belles pièces pour leurs collections.De New York à Paris ou Londres, de très nombreux collectionneurs d'art asiatique vont transiter par cette adresse.

 Loo mène de grands voyages à travers son pays et sa grande connaissance lui permettra de trouver quelques pépites dans un espace qui est en perpétuelle mutation depuis la fin du XIX° siècle, ce qui lui sera reproché par le gouvernement de Mao lors de la Grande Révolution. 

Bibliothèque et nombreux clichés d'objets plus extraordinaires les uns que les autres sont abrités à cette adresse. Après une reprise de l'activité vers 2012, la Pagode semble s'être de nouveau un peu endormie. Espérons que le sommeil du Dragon ne sera pas éternel...


En tout cas, un détour dépaysant en plein coeur de Paris...A voir absolument :
http://www.pagodaparis.com/french/home.html

vendredi 5 février 2016

Expo Visages de l'effroi, Musée de la Vie Romantique, Paris (75)


Humeur noire...

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Dans la lignée des expositions l'Ange du Bizarre, William Blake et autres événements qui ont rappelé au public les racines sombres du Romantisme européen, Visages de l'effroi s'attelle à présenter quelques exemples plastiques de ce sentiment si important dans la littérature et les Arts entre la fin du XVIII° siècle et le premier XIX°.

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Traits tirés, regards obscurcis ou égarés ponctuent des carnations diaphanes ou mortifères. L'équilibre et l'harmonie que le Néo-classicisme davidien tente d'imposer se heurte à une veine plus palpitante qui veut sonder les méandres de l'âme et du sentiment. C'est cette tendance portée par le groupe des Barbus qui donnera naissance au Gothique et à ses histoires et ambiances qui mêlent fantastique et réalisme cru. 

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L'exposition permet aussi de mettre en lumière certaines histoires et figures récurrentes de cette époque : Lucia di Lammermoor, Ossian et les esprits celtes ou encore Shelley ou les ballades de Bürger avec la célèbre pièce de Léonore : un hommage aussi aux Romantismes anglais et allemand qui inspireront la France avec un peu de retard. 

Apparaitront alors de manière prégnante les spectres et la figure du Diable à la fois effrayant et tentateur (il suffit d'évoquer le Mephisto de Faust pour s'en persuader). Sang, horreur, gémissement sont les syntagmes d'une grammaire de l'effroi qui va toujours plus loin dans les méandres de l'âme humaine. 

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Frémir jusqu'au 28 février...et à retrouver à la Roche-sur-Yon à partir du mois de mars :
 http://parismusees.paris.fr/fr/exposition/visages-de-leffroi