dimanche 22 juillet 2018

Expo l'Errante, Claire tabouret, Eglise des Célestins, Avignon (84)


Voyageuse cent visages….


 L'église des Célestins accueille une exposition de Claire Tabouret présentant deux séries : la première l'Errante et la deuxième les Etreintes. Elle évoque la figure d'I.Eberhardt, écrivaine et voyageuse de la fin du XIX° siècle, qui joua de la multiplicité de ses identités : Européenne convertie à l'Islam, cette figure joua sur les apparences masculines et féminines au long de sa vie, de se publications et même de certaines de ses photographies. Cette identité mouvante fait écho à la thématique du Festival 2018 qui interroge le genre et ses manifestations et constructions. 


 De son propre aveu, l'artiste affirme qu'il est rare dans son œuvre qu'une figure soit reconnaissable et réitérée. Pourtant celle d'Eberhardt l'a longtemps hantée de par cette dynamique sur l'identité et son lien fort avec l'effacement de soi par la transformation et le glissement...qui se fait jusque dans la mort puisqu'à 27 ans, Isabelle trouve la mort lors d'une inondation en Algérie….



 La deuxième série des Etreintes présente des personnages féminins aux visages cachés par les mains, des masques de torture et aux corps livrés à des vêtements qui font des chairs et des os des supports d'un fétichisme dérangeant. Dans l'ancienne église désaffectée au sol poussiéreux et à la lumière éteinte, ces présences imposent leur étrangeté sur les murs lépreux : un désir torturé hante les vieilles pierres…



Ayant réalisé l'affiche du Festival 2018, Claire Tabouret est aussi présente à la Fondation Lambert et aux Célestins jusqu'au 24 juillet 2018.

lundi 16 juillet 2018

Babelio Masse critique, D. Katunaric, la maison du déclin


Décadence et progrès....


Voici une découverte grâce à Babelio t aux Editions M.E.O : la maison du déclin de D. Katunaric....J'imagine que comme moi, le nom de cet auteur vous est assez inconnu donc, petit panorama biographique avant de parler de l'ouvrage :
Né à Zagreb en 1954, Dražen Katunarić est diplômé en philosophie à l'Université des Sciences Humaines de Strasbourg. Rédacteur de la revue La Lettre Internationale, rédacteur en chef de la revue littéraire Most / The Bridge, ainsi que de l’édition croate de la prestigieuse revue Europski Glasnik (Le Messager européen), il est également directeur de la maison d’éditions Litteris.

Il publie depuis 1980. Son œuvre, qui jouit d’une réputation internationale, comprend une douzaine de recueils de poèmes, de nombreux essais, des romans et un recueil de nouvelles.

Ses poèmes figurent dans nombre d’anthologies. Certains ont été traduits en français, italien, anglais, allemand, albanais, bulgare, hongrois, roumain, slovaque, corse. Un recueil d’articles, Croatie / France – Plusieurs siècles de relations historiques et culturelles est paru en édition bilingue à Zagreb en 1995. Une traduction française de son recueil Ciel / Terre est parue en 2008.


Dans son essai-balade, Katunaric nous invite à réfléchir sur la notion de Progrès et fonde sa réflexion sur l'exemple de l'architecture qui lui semble être le prisme global de la manifestation du Progrès et de ses lois. En fait, il emprunte cette vision à V. Hugo qui, dans Notre Dame de Paris, mettait dos à dos la Cathédrale et le Livre, c'est-à-dire la logique médiévale cosmique et la raison renaissante de l'imprimerie. Mutatis mutandis, l'auteur oppose les logiques traditionnelles à un progrès qui se nourrit de lui-même.

Son livre, en forme d'articles qui prennent appui sur des lieux allant du M'Zab à Venise, invite le lecteur à prendre conscience du rôle joué par la Renaissance dans l'imposition de la notion de Progrès (pour l'auteur, c'est cette époque et non les Lumières qui imposera la notion) et par l'imposition de l'idée de la machine et du nombre face à l'esthétique et à l'humain.

La lecture est assez aisée même si toutes les références ne sont pas toujours dans la besace du lecteur lambda. Bien sûr, le livre se veut polémique et comme tel propose des idées qui parfois sont à nuancer....L'esthétique contemporaine en premier lieu car elle est largement lacérée par l'auteur qui suit sa logique. D'aucuns verront dans cet ouvrage le fruit d'un esprit grognon et réactionnaire mais ils feraient bien d'aller au bout des articles et de voir, par exemple ce que peut cacher un masque vénitien, véritable symbole d'une contemporanéité vide.

On aime ou on n'aime pas mais force est de contaster que ces articles font réfléchir et donnent envie de découvrir certains des auteurs ou références cités....Une découverte intéressante en tout cas !

jeudi 14 juin 2018

Masse critique Babelio, Denys l'aéropagite et le nom de Dieu


Question de définition....



Tout d'abord merci à Babelio et aux Petits Platons pour cet ouvrage qui ouvre l'esprit à un personnage des plus intéressants...La collection présente en des petits volumes des personnages de la philosophie qu'elle présente comme étant ouverts à des lecteurs de 9 à 99 ans...En effet, les illustrations de G Herbéra aux teintes pastelles et le texte plutôt grand public de JP Mongin ne doivent pas cacher les difficultés que présente cet opuscule : autrement dit, comment définir Dieu !!!


Denys et Apollophane se promènent dans une Héliopolis déja déserte et en ruine....Puis survient une éclipse de soleil imprévue qui va emporter le personnage principal d'Alexandrie à Athènes où il entendra les discours d'un certain Paul de Tarse...


Si vous n'avez pas deviné la suite....avouons que l'on parle en fait de celui qui deviendra St Denis et qui viendra, la tête coupée, reposer près de la capitale française. En dehors de cette peinture d'un personnage saint, c'est la question de la définition de Dieu qui est conduite de page en page....et ce n'est certes pas la question la plus simple : sur les traces de Platon et de son Académie disparue, Denys chemine avec nous autour de l'épineuse définition qui procèdera pour lui par une définition négative....mais peut-on en rester là ?

L'ouvrage est abordable malgré une problématique des plus complexes. Le récit est plaisant et atteint son but....J'avoue quand même que je ne mettrai pas le livre dans les mains de tous jeunes philosophes car malgré une approche simple, les développements demandent un minimum de connaissance et de réflexion.

Un opuscule agréable que je relirai sûrement......

samedi 9 juin 2018

Expo Intimités en plein air, Marq, Clermont-Ferrand (63)


Au temps des jardins...


Ker-Xavier Roussel et Vuillard furent très vite amis avant de devenir beaux-frères. De cette proximité naitra un lien indéfectible que les deux peintres ne rompront jamais jusqu'à leurs morts dans les années 1940. A travers ce lien, le Marq propose de traverser la vision du paysage à partir des années 1890 et de l'aventure des Nabis.


Avec Denis ou Bonnard, les deux jeunes hommes vont suivre les leçons de Gauguin et se construire contre l'école impressionniste. Le primat de la couleur et de la construction effacent les nuances et la volonté de rendre la lumière et ses nuances. 


Pourtant, au tournant du siècle, les deux peintres, comme leurs compagnons, seront tentés par le courant soutenu par Monet et Renoir ainsi que par le retour à un certain classicisme qui interroge sur la place de la figure humaine dans le cadre de la nature. Toutefois, l'utilisation d'un cadrage fort, de lignes et de géométrie ne sera jamais oubliée par les deux artistes. 


A travers l'exposition, c'est aussi un certain art de vivre et toute une société de l'avant Première Guerre mondiale qui revient à la vie : les Nathanson et les divers acteurs de la vie picturale du Paris 1900 avec leurs villégiatures aux quatre coins de la France permirent l'éclosion de quelques chefs-d’œuvre que l'on peut encore voir au Marq juqu'au 24 juin 2018 :
https://www.clermontmetropole.eu/actualites-et-agendas/toute-lactualite/detail/actualites/exposition-intimites-en-plein-air-les-paysages-dedouard-vuillard-et-ker-xavier-roussel-au-marq/

samedi 2 juin 2018

Week-end des jardins, la Folie Mercier, Mozac (63)


De fleurs et de terre cuite...


Pour cette mouture 2018, Rendez-vous aux jardins propose le thème "l'Europe des jardins"....Cette année, 10 pays d'Europe se joignent à la France pour ouvrir des espaces paysagers qui mettent en scène un art des végétaux polymorphe. 


Pour ma part, petit détour à la Folie Mercier, petit jardin de plaisance près de Riom. Au XVIII° siècle, la famille Mercier est une force puissante au tribunal de Riom....C'est près de là, à Mozac, que le père de famille va faire ériger une folie digne des grands clans de l'Ancien Régime et fidèle à une certaine idée des Lumières.


Reconnue pour ses topiaires et ses sculptures en terre cuite, la maison Mercier va traverser les siècles à l'ombre de la vieille abbatiale toute proche. Les propriétaires actuels ont su continuer un art des jardins qui a été mis à rude épreuve par les déboires financiers et botaniques (les buis depuis quelques années sont attaqués par des parasites virulents). 


Un air des Lumières que l'on peut ressentir durant l'été et tout ce week-end :
https://www.chateaudeportaberaud.com/

jeudi 17 mai 2018

Evénement René Char, Musée Angladon et bibliothèque Ceccano, Avignon (84)


Le poète des rayons...



Le musée Angladon et la médiathèque proposent un événement autour du poète vauclusien et de ses œuvres qui font la part belle à l'image qu'elle soit plastique ou langagière. 

Si de nombreux artistes ont illustré les textes et volumes de Char très tôt, ce fait s'explique par une très grande familiarité avec les artistes plasticiens : Brauner, Giacometti, Lââm, Vieira da Silva sont quelques grands noms qui percent lorsque l'on évoque l'œuvre du poète des Nevons. Ce sont donc quelques épreuves et tirages précieux que le musée met sous les yeux du spectateur. La langue forte et imagée percute les pages illustrées par Braque ou Lââm qui répondent par des dessins où puissance et imagination se disputent le devant de la scène. 



L'autre point fort de l'exposition est la présentation d'exemplaires manuscrits et de lettres où le blanc de la page est hanté par les phrases volontiers classiques et foudroyantes ainsi que par des dessins ou des collages fantaisistes. La période de la Guerre est largement abordée avec des courriers pleins de fureur et d'énergie ainsi que des textes à paraître où l'inspiration poétique n'a rien à envier à la hargne du Résistant.


 Se dessine un portrait d'homme engagé mais qui va au-delà de la simple volonté d'adhérer à un groupe (qu'il soit artistique comme les Surréalistes ou politique comme la Résistance) : c'est plutôt l'adhésion à la vie, à la force des sentiments quels qu'ils soient qui emporte l'esprit de Char, un esprit fait de chair et de souffle qui pétrit la phrase comme on pétrit une pâte dure mais qui fera un pain roboratif et spirituel.

Le parcours se poursuit à la médiathèque à travers des archives, des portraits du poète ainsi que des productions d'artistes contemporains qui viennent faire écho à l'œuvre de Char.



Un poète à redécouvrir jusqu'au  10juin 2018 :
https://angladon.com/exposition/rene-char-lhomme-marchait-rayon-de-soleil/

mardi 8 mai 2018

Masse Critique Babelio, Créer une BD case à case de Ilya


Vlam...Ploum...Slam....





Ilya, auteur de comics, nous entraine dans la création d’une bande dessinée (et oui, tout est dans le titre !)…A travers des conseils de base et d’autres plus affinés, c’est un véritable périple entre les bulles, les cases et crayons divers qui nous est proposé.



Loin d’un simple manuel, l’ouvrage se présente sous forme de planches didactiques, comiques et documentaires afin de brosser un large portrait du genre de la bande dessinée : en plus de définitions simples du vocabulaire de base, Ilya présente de manière claire différentes techniques et règles pour créer une histoire illustrée qui « marche ».
Quelques pages sont aussi consacrées aux divers courants du genre : comics, franco-belge ou manga, tentant de donner quelques pistes d’influence qui pourront toujours séduire l’imaginaire des uns et des autres.


Un ouvrage amusant qui donne envie de se lancer grâce à des conseils clairs…Alors à vos feutres ou crayons et c’est parti pour des aventures en 2D ! Merci à Masse Critique et aux Editions Eyrolles pour cet ouvrage revigorant…