samedi 31 mai 2014

Le cinéma japonais est une île, Duel à mort St Etienne (42)

Légende de sabre...


Le réalisateur Uchida mit en scène dans les années 60 plusieurs épisodes de la vie de Musashi, très célèbre samourai et guerrier nippon. Reconnu pour son savoir tactique à travers ses écrits, Musashi est aussi  un mythe de par sa technique de combat aux deux sabres mais ce sur quoi il n'a jamais écrit.


Uchida présente ainsi un jeune guerrier à a recherche de la vérité du sabre auprès de Baiken, grand guerrier mais aussi bandit sans morale : en cela, il reflète les périodes de troubles que connut le Japon à la fin du Moyen-Age lorsque les Seigneurs de guerre jetaient le pays dans le chaos.
Film qui joue sur le tempo des scènes et une assez grande stylisation, l'oeuvre d'Uchida révèle un héros à la fois implacable mais qui possède une noblesse indéniable face à la violence opportuniste et aveugle de Baiken.
 Un film acéré qui dévoile un héros au caractère charismatique...

jeudi 29 mai 2014

Le cinéma japonais est une île, Gran Lux, St Etienne (42)

Sabres et écran...


Pendant une semaine le Gran Lux présente une dizaine de films japonais des années 60/70 peu ou pas distribués en France. D'Harakiri à la Pivoine rouge, les thèmes abordés seront ceux de la marginalité et de la violence créée et subie par des personnages en voie de déclassement ou hors-normes.

Le côté vintage est total puisque les films passent sur leur format original 16 mms avec des machines japonaises d'époque afin d'optimiser le rendu.



Pour l'inauguration du 28 mai, un concert de koto a été présenté par l'artiste Sachiko Hopwood : un bon moyen de s'ouvrir les oreilles avant d'ouvrir les yeux devant certains films inconnus...

Une plongée cinématographique jusqu'au 3 juin :
http://www.coxaplana.com/sectionprog/programme.html

dimanche 25 mai 2014

Expo Bleu, Musée Ota, Tokyo (Japon)

Un rêve bleu...

La grande vague de Kanagawa ou moult paysages d'Hiroshige frappèrent le public nippon par l'utilisation d'une couleur révolutionnaire : le bleu de Prusse. En effet, première couleur chimique à entrer dans le monde de l'art ukiyo e, elle est aussi un élément de modernité dans le sens où cette couleur sera directement importée d'Allemagne et de ses usines.


Dès lors, le bleu devient une couleur-vedette dans les années 1830/1850 et bon nombre d'artistes s'attèleront à maitriser ses usages et ses subtilités. les artistes l'auront bien compris et la popularité d'Hokusai et Hiroshige trouvera pour une partie racine dans cette maîtrise technique : 


Un genre particulier apparaitra : l'azuri e ou image bleue qui se proposera de n'utiliser que des nuances de bleu et quelques pointes de noir et blanc, apportant une touche de modernité et de fantaisie dans une monde artistique de plus en plus bigarré.


Le blues de l'estampe jusqu'au 28 mai 2014 : 
http://www.ukiyoe-ota-muse.jp/H260405hiroshigeblue-E.html

Expo Toulouse-Lautrec et le spectacle, Musée Angladon, Avignon (84)

Affiches et griserie...

Montmartre, à la fin du XIXème siècle, devient le lieu incontournable pour les artistes qui se mêlent à des danseuses aux moeurs légères et aux petits malfrats parisiens. Le provincial Toulouse-Lautrec ne fait pas exception et passe ses soirées dans les cabarets et lieux de spectacle de cette nouvelle portion de Paris.


Très vite, il est remarqué par différents artistes : Jane Avril, Bruant ou la Goulue. Ces saltimbanques parisiens ainsi que les lieux qu'ils fréquentent commanderont à Lautrec desaffiches afin d'attirer une clientèle nombreuses dans ces établissements nocturnes. 


Au-delà de la simple publicité, c'est un monde de la nuit ivre et parfois effrayant qui est mis en scène. L'artiste ne flatte guère les personnages et leurs portraits mais pourtant ses affiches seront appréciées. L'atmosphère équivoque des lieux de fête est admirablement rendue et le caractère tourmenté de ses vedettes dépeint sans complaisance. 

 Une fête qui s'affiche jusqu'au 15 juin 2014 :
http://angladon.fr/expositions/exposition-en-cours/

dimanche 18 mai 2014

Expo D'encre et d'esprit, Centre européen de Poésie, Avignon (84)


Poésie et pinceau...


Le waka, forme poétique de l'ère Heian, est une pièce lyrique qui cristallise la sensibilité de la noblesse médiévale. Parler de sentiment, de saison ou de nature est un impératif qui se traduit par des images  récurrentes : les manches mouillées, les algues dans l'onde ou le chant du coucou transcrivent les heurs et malheurs d'un personnage lyrique en quête de bonne fortune amoureuse.

 
La femme est un élément essentiel de cette forme par deux aspects : en tant qu'acteur mais aussi en tant qu'auteur du poème. Le japonais, ou onnade (langage de femme), est le seul mode d'expression qui est laissé aux femmes de la cour : le chinois, langue savante, est réservé à l'élite masculine. Mais dans une cour des plus lettrées, cette réserve deviendra une force et bon nombre de femmes du IX au XI° siècle deviendront des modèles littéraires : Ono no Komachi, Sei Shonagon ou Izumi Shikibu.

 
L'estampe ukiyoe du XIX° siècle reprendra ces poèmes à divers fins : il s'agit de parodier les textes afin de faire la publicité de telle geisha ou de tel acteur de kabuki. Durant l'ère Tenpo (vers 1840), la censure est telle que les portraits de ces êtres jugés immoraux sont interdits. La référence aux textes médiévaux devient donc un moyen d'échapper à la censure puis, la censure s'doucissant, devient un jeu intellectuel et populaire qui décuplera les ventes de feuilles.  
 

Ainsi, le waka, forme aristocratique et stricte, deviendra un moteur de liberté et de jeu qui sera actif jusqu'à la fin de l'art ukiyoe.

Un dialogue à découvrir du 20 mai au 28 juin 2014....Venez nombreux lors du vernissage le 24 mai  19h00 :
http://www.poesieavignon.eu/

samedi 17 mai 2014

Hyakunin Isshu 66

Daisojo Gyoson



Avec moi partage
toutes mes émotions
cerisier des monts
car sinon tes fleurs céans
nul ne saurait les connaitre


Hiroshige met en scène l'histoire de koganosuke et Hinadori, les Roméo et Juliette nippons. Koganosuke attend des nouvelles de son amour qui lui envoie des nouvelles par la rivière car leurs familles sont des ennemis.
Par diverses mésaventures, les jeunes gens se sacrifieront l'un pour l'autre sans permettre à leur amour de survivre : le jeune homme se suicidera alors que la jeune fille se fera couper la tête.
Ici, Koganosuke est perdu dans ses pensées, en train d'attendre une lettre ou une branche de cerisier en fleur qui indiquerait que leur amour pourrait connaitre une issue heureuse.


 
La jeune femme représentée par Kunisada peut être perçue comme ce cerisier en fleur qui ne partage pas ses sentiments mais qui pourrait le regretter. La boite fermée ainsi que l'éventail indiquent ce secret des sentiments qui défend tout bonheur amoureux. Il s'agit, dans ce contexte, plutôt d'un parallèle parodique invitant la belle à la badinerie amoureuse.

 

lundi 12 mai 2014

Jigoku Daiyu, 36 femmes vertueuses et maléfiques, Kunichika

Courtisane et Enfers...


Courtisane légendaire du XVème siècle, Jigoku Daiyu demeure célèbre pour avoir atteint la Voie de l'Illumination grâce à s rencontre avec le moine zen Ikkyu.


Cette rencontre au bord d'une rivière ou sur un chemin va voir se confronter un moine célèbre pour sa sagesse et sa frugalité  au symbole de la courtisanerie de l'époque : la jeune femme est une Daiyu (ou Taiyu) qui est un titre honorifique donné aux geishas les plus accomplies. Pour certains, dès le XVIIIème siècle, aucune courtisane, même les plus convoitées ne pouvait prétendre à ce titre : les talents que ceci impliquait concernaient à la fois le physique mais aussi la conversation, les arts d'agréments et le maintien.
Cette rencontre va faire basculer la vie de la jeune femme : orgueil du Monde Flottant, elle va se mettre à comprendre que sa conduite ne la mènera qu'à la ruine (c'est en tout cas ce que lui fait comprendre le moine). Une conversion va alors se faire au sein de l'esprit du personnage féminin. Ainsi, Yoshitoshi et Kyosai représentent Jigoku en train de méditer sur la mort et sa propre fin comme le symbolisent les squelettes qui l'entourent. En tant qu'Occidentaux, cette représentation peut nous faire penser à celle de la Madeleine Repentante!




L'estampe de Kunichika est plus ambigue : la jeune femme est encore dans sa maison mais elle semble perdue dans ses pensées. Serait-elle en train de se convertir? Ici, c'est toute l'ambivalence du personnage et de la femme qui est mise en avant. Le titre de la série est Femmes vertueuses et maléfiques, en cela, Jigoku incarne parfaitement cette opposition. De la geisha, modèle du quartier de plaisir à la disciple d'un moine zen, on parcours est exemplaire dans l'incarnation de la bivalence féminine. De plus, de nombreux jeux de sens sont en scène : Jigoku signifie Enfer (on nous le montre par l'évocation de ce lieu sur le kimono) mais aussi désigne le magnolia, fleur qui se trouve en pot derrière le personnage. Enfin, c'est un titre qui désigne la prostituée de la plus basse classe, contrastant avec le titre de Daiyu. La main contractée sur le chasse-mouche est aussi mystérieux : Est-ce un signe sensuel ou une crispation devant son état précaire?
Quoiqu'il en soit cette estampe, au cœur de la série, symbolise à elle seule l'argument des 36 œuvres qui constituent cette suite : la vision mystérieuse et ambivalente de la femme auprès des artistes et du public de l'estampe ukiyoe.







jeudi 8 mai 2014

Expo Evangelion et les sabres japonais, Maison du Japon, Paris

  De sabre et d'image...

 
 
Sur une terre dévastée, des groupes d'humains doivent tenter de faire face à une nouvelle menace : les Anges.  Argument d'Evangelion, les protagonistes du drame devront affronter tant des dangers extérieurs que leurs propres démons. Série de genre science-fiction post-apocalyptique, l'histoire met en scène des armures et armes largement inspirées du Japon médiéval.



 Lames, tsuba sont alors transformés par le biais de la modernité et c'est pour donner corps à ces images qu'un certain nombre d'artistes et d'artisans ont été convoqués. La tradition s'est mise au service de l'imaginaire afin de donner vie à des instruments guerriers pour le moins mystérieux. Technologie et savoir-faire ancestral croisent ainsi leur vitalité et donnent naissance à de chimériques objets mis en scène à travers les dessins et vidéos de la série.



 La Maison du Japon accueille donc cette exposition qui met en dialogue les arts et techniques afin de faire découvrir ou approfondir la connaissance du public au sujet de l'armement nippon et de ses raffinements, qu'ils soient historiques ou imaginaires.


 
Un dialogue à écouter jusqu'au 21 juin 2014 :
 
 

mercredi 7 mai 2014

Expo Splendeurs de Volubilis, Mucem, Marseille (13)

De sable et de temps... 
 
 
 
Volubilis fut la capitale antique de la Maurétanie, c'est-à-dire de l'ensemble de ce qui deviendra le Maghreb. Tout d'abor territoire indépendant, le roi Juba Ier sera fait prisonnier par César. Son fils, Juba II sera captif à Rome et éduqué par la sœur du futur Auguste. Là, il connaitra Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre et Antoine, elle aussi captive politique. Pour la gloire de l'Empire, Auguste les mariera et les enverra régner sur ce nouveau territoire africain au nom de Rome.
 
 
 
Volubilis deviendra une grande capitale culturelle qui transmettra les traditions et la culture romaines. Jusqu'au IIème siècle, la cité sera l'une des plus importantes du continent.
Le Mucem accueille ainsi des œuvres provenant de Rabbat, œuvres qui ne sortent que rarement du Maroc, ainsi que des œuvres de musées français qui permettent d'établir des échos entre des productions contemporaines des siècles impériaux.
 
 

Des bustes impériaux aux statuettes animalières, c'est tout un quotidien privé et public qui est mis en lumière à travers cette exposition plutôt réussie.

 


Des ombres du temps à éclairer jusqu'au 25 août 2014.

lundi 5 mai 2014

Expo Visages, Vieille Charité, Marseille (13)

Miroir, mon beau miroir...
 
 
L'art occidental n'a cessé de représenter et interroger le visage et la présence de l'humain à travers son environnement. L'exposition Visages prend cette histoire à l'orée du XXème siècle lorsque l'Homme a vu sa perception changer du fait de la Première Guerre Mondiale. 
  

Entre projet introspectif et anthropologique, les œuvres réunies marquent un réel souci du visage et de sa représentation pour l'Homme moderne et contemporain. Entre les souvenirs des critères classiques et une envie d'exploser la représentation humaine, quels succès ou quelles impasses l'Art a-t-il trouvé?
Entre volonté de donner à voir et envie de naturel et de spontanéité, la question de la pose devant l'artiste se trouve aussi mise en avant à travers une série de portraits. Quelle image donner de soi et quel rôle l'artiste a à prendre? Voilà quelques interrogations que notre monde contemporain ne cesse de poser.



De grands noms et leurs réponses sont ainsi présentés : Bonnard, Picasso, Delvaux, Warhol ou encore Bacon sans oublier des photographes contemporains qui, par leur travail, enrichissent les recherches sur la question.
 

Des visages à croiser jusqu'au 22 juin 2014!

Expo Visages, au commencement, Vieille Charité, Marseille (13)

Le visage du temps...


En écho à la rétrospective proposée dans les salles dédiées aux expos temporaires, le département des Antiquités propose une revue du visage et de la figure humaine à travers ses collections. C'est une idée plutôt intéressante et qui fait découvrir un fonds important :


Les bustes grecs et romains sont des pièces assez remarquables avec une mention spéciale pour un portrait d'Auguste aux traits fins et détaillés...de même que certains fragments de peinture qui donnent une idée de ce qu'a pu être la fresque figurative antique bien que nous ne possédions que très peu d'éléments.

 
Tout une réflexion est portée autour de la représentation, de sa déformation à la figure idéale qui se traduit par les codes du Canon et l'utilisation du nombre d'Or. Enfin, en regard, le reste de la collection est exposée avec de très nombreuses figurines de Tanagra aux couleurs vives ou aux formes amusantes comme cette Venus à la coquille...parée de moulages de véritables produits de la mer!


Pour terminer, il ne faut pas manquer la section égyptienne riche de nombreux objets ainsi que d'une tombe comprenant tout un mobilier funéraire.


A regarder et contempler jusqu'au 22 juin 2014.

dimanche 4 mai 2014

Hyakunin Isshu 33


Ki no Tomonori



Ce jour de printemps
A la lumière sereine
Du soleil pérenne
Pourquoi donc impatientes
 
Les fleurs se dispersent-elles
 
 


Cette estampe d'Hiroshige dépeint une jeune mère qui a perdu son enfant. Alors qu'elle priait, elle fait un songe qui la pousse à se rendre au temple de Mii Dera, au bord du lac Biwa. Enfin parvenue, elle est repoussée par le prêtre en charge des lieux : il craint que la cloche sacrée qui se trouve dans l'enceinte ne soit souillée si cette femme la fait sonner comme le veut la coutume.


Malgré le prêtre, la femme pourra entrer et se mettra à chanter ses malheurs et sa peine. L'œuvre montre le personnage en train de danser et laisser tomber son éventail dans son émotion. Cette folie qui possède le protagoniste est symbolisée dans le poème par l'image des fleurs qui tombent.
 
L'histoire est reprise dans plusieurs pièces de nô ainsi que dans des danses kabuki. La tradition veut que l'histoire se termine bien : alerté par ce spectacle, un jeune garçon s'approche. Il s'agit du fils perdu et les deux personnages de fondre en larmes dans les bras l'un e l'autre.

 
La beauté de Kunisada elle aussi fait écho au poème à travers les gestes rapides, brusques du personnage qui semble ne plus goûter à son activité. Une folie domestique, une frénésie semblent habiter la jeune femme qui n'est plus en harmonie avec le décor du foyer, calme et serein comme l'atmosphère décrite au début de la pièce.

samedi 3 mai 2014

Expo, le voyage de Shakespeare, Jean Hugo, Chapelle du Méjan, Arles (13)

Des couleurs pour Shakespeare...


Pour les 400 ans de la naissance de Shakespeare, est commandée une œuvre à Jean Hugo, évoquant son voyage jusqu'à Oxford. C'est dans une Angleterre de carton-pâte (ça tombe bien pour l'un des génies du théâtre) que le périple s'effectue, entre des chevaux volants, de blancs moutons et des biches à l'orée de châteaux.

Un monde donc onirique et faussement enfantin. Ayant traversé le XXème siècle et ayant connu bon nombre d'artistes, de Proust à Picasso et Cocteau, ce touche-à-tout interroge les différents courants picturaux sans jamais s'arrêter sur aucun.


Pas de trait constant? Si, peut-être, le goût de la mise en scène et une texture qui rappelle les décors de théâtre, travaux qu'il appréciera en particulier, de même que celui des décors de film. C'est donc tout un jeu entre réel et imaginaire, réflexion et éblouissement enfantin qui couve sous les couleurs éclatantes du pinceau.


Un spectacle coloré qui durera jusqu'au 11 mai 2014...