mardi 20 septembre 2016

Expo Fabula, Hôtel de Fonfreyde, Clermont-Ferrand (63)



Clichés chatoyants...



Dans le cadre du Festival international des textiles extraordinaires, l'Hôtel de Fonfreyde accueille  l'exposition Fabula de C. Fréger. Le photographe des costumes et des uniformes invite une nouvelle fois à un voyage à travers les vêtements  qui dictent à l'homme ses postures, ses allures et une partie importante de son identité.

 
Du costume de théâtre chinois aux vêtements de fêtes indiens, des uniformes de sportifs à ceux des militaires, c'est le monde théâtralisé que Fréger cadre sur des fonds neutres ou des décors naturels. Fabula, l'histoire, la pièce de théâtre a besoin d'acteurs de bonne foi qui revêtent les habits de leur caste, de leur classe d'âge...et pourtant un bras, un regard ou une jambe décalée peut venir briser cette acceptation de l'uniformisation : un surgissement fugace de l'individu dans son corset tissé.

 
 
 Avec Wilder Mann, c'est le partage entre humain et animal qui est questionné : Homme sage ou Homme sauvage, les rites européens évoqués dans cette série permettent de rendre compte des survivances de bien anciennes croyances et peurs qui dévoilent la mince frontière du civilisé et du sauvage en des traditions à la fois semblables mais qui s'expriment par des costumes si différents, aux accents de vieux contes et légendes.



Des clichés et des costumes jusqu'au 24 septembre 2016 :
http://www.clermont-ferrand.fr/-Hotel-Fontfreyde-Centre-Photographique-

samedi 17 septembre 2016

Expo Barockissimo!, CNCS, Moulins (03)


Un Opéra florissant...






Le CNCS fête ses dix ans et pas avec n'importe qui : les Arts florissants de W Christie et ses productions haut en couleurs qui ont permis depuis trente ans de redonner ses lettres de noblesse à la musique baroque.
 
Atys, M de Pourceaugnac, King Arthur...la liste est longue de ces opéras qui ont repris du lustre grâce à une quête de la musique ancienne et de ses arcanes qui s'étaient perdus depuis la Révolution. Mais ce travail d'archéologie musicale ne fut jamais poussiéreuse et c'est un véritable festival d'invention qui peut se lire dans la mise en scène et les costumes.


Du costume d'époque à l'habit contemporain, c'est une véritable relecture de ces ouvrages que permet cette exposition ainsi qu'une revue assez globale de l'évolution du visuel de la troupe depuis ses débuts. Si le parcours marque de grandes différences, on peut noter le souci de cohésion qui fut toujours celui des Arts florissants tant au niveau des costumes que de la réalisation musicale.


Une relecture d'un répertoire classique pas guindé qui laisse place à l'humour et à l'enchantement mais qui est toujours soucieux de la qualité du spectacle sous tous ses aspects, particularités qui auraient fort plu aux souverains d'Ancien Régime...


Jusqu'au 18 septembre 2016 :

jeudi 15 septembre 2016

Lecture buissonnière, M pour Mabel d'H. Macdonald





Pages ailées...






Le bruissement des ailes, un cri dans la lande et un bec qui déchire des proies : un rêve qu'Helen fait depuis son jeune âge, celui d'être fauconnier. Professeur à Cambridge, cette dernière semble avoir un peu oublié cette aspiration lorsque la terrible nouvelle s'abat : son père, ancien journaliste et idole de sa fille, est mort.

Anéantie, la jeune femme tourne autour du deuil et du vide jusqu'au moment où cette aspiration ancienne refait surface : vivre avec un autour...Avec l'arrivée de son oiseau Mabel, c'est une vie éclairée sous un autre jour qui semble commencer : entre sauvagerie et bonheurs intenses, Helen oublie son quotidien, ses repères et ses peurs. Son monde bascule dans celui de son autour et bientôt le personnage acquiert un caractère animal qui télescope sa propre façon d'appréhender le monde.


Et il y a les fantômes : celui de son père et des épisodes de son enfance ainsi que le spectre de White, auteur du livre l'Autour qu'Helen semble vouloir revivre à travers son histoire avec son propre oiseau. Son esprit évolue au gré des fluctuations de la bête et des ses propres béances. Une sorte de parcours initiatique se dévoile dans le cadre du monde de la fauconnerie et de ses règles...Helen devra, quant à elle, se trouver ou se retrouver à travers les méandres de cette relation homme/animal qui l'amènera vers des chemins plus vastes.

Merci donc à Babelio et Fleuve éditions pour ce beau roman qui évoque un monde assez peu connu du grand public. Si parfois certaines pages peuvent sembler un peu trop riches en détails sur les termes et les us de la fauconnerie, l'ensemble se lit avec plaisir et on apprécie de parcourir ce bout de chemin avec le personnage principal à travers les bois, les champs et les mémoires.



samedi 3 septembre 2016

Expo Araki, Mnaag, Paris (75)


Fou à lier...



Avec près de 400 clichés, le Musée Guimet propose la plus grande rétrospective de l'artiste Araki Noboyushi en France. Accueilli par un hall empli des ouvrages qu'il a réalisés - et il y a de quoi avoir le tournis - , le public est invité à une exposition chronologique qui évoque divers thèmes de l'œuvre du photographe.




Les fleurs aux corolles suggestives laissent la place à deux séries autobiographiques : celle du voyage de noces avec Yoko en 1971 puis les derniers jours de cette dernière en 90. Ces clichés en noir et blanc délivrent l'intimité du couple : le désir, le quotidien ou même l'attendrissant avec la multiplication des photos du chat domestique dans la partie où Yoko, malade, approche de la mort.
Une suite qui mêle le banal à l'instant fort, un peu à la manière d'un album familial mais où chaque objet et chaque lumière dit quelque chose de soi et de son intimité.






Puis vient la partie consacrée au kinbaku, cette technique de bondage qui d'un art du lien pour retenir les prisonniers est devenu une technique érotique dont Araki s'est fait le chantre. Corps offerts, sans véritable expression sur les visages bien souvent, ces clichés interrogent le désir, la relation de prédation qui se fait jour au travers de ces chairs transformées et sillonnées de cordes.




C'est aussi la relation entre mort et désir qui fait surface et qui est largement mise en scène dans la dernière section Tokyo-Tombeau avec cette série spécialement produite pour le Musée Guimet. Amour, mort, désir et quotidien; même si certaines photos peuvent surprendre un esprit occidental, elles demeurent des clichés nippons qui ne peuvent qu'interroger notre propre psyché à l'aune d'une iconographie parfois déroutante.


Jusqu'au 5 septembre :
http://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-a-venir/araki