dimanche 23 mars 2014

Glastonbury, Somerset (UK)

Le crépuscule arthurien...






Petit retour sur ma semaine britannique avec quelques sites assez formidables...et le premier d'entre eux sera celui de Glastonbury!

Pour un Français, ce nom ne dit peut-être pas grand chose et si l'on vous dit qu'il est lié à la légende arthurienne, l'énigme peut sembler s'épaissir. Cependant, la ville abrite une abbaye qui aurait abrité la tombe d'Arthur et Guenièvre : 





Cette plus riche abbaye d'Angleterre jusqu'à son démantèlement par Henry VIII (et oui, vouloir divorcer, ce n'était déja pas donné à l'époque!!) a été le vaisseau spirituel d'un pèlerinage bien particulier. Le site était d'ailleurs un lieu spirituel dès les Celtes puisque la Tour (ou Tor) qui surplombe la ville a été construite sur une colline qui étaient considérée comme une porte du monde des morts par les Anciens.



L'Eglise s'empare de ces croyances et fait de cette colline le lieu où Joseph d'Arimathie serait venu trouver refuge. Enfin, les amateurs des légendes de la Table Ronde se rappelleront de l'île d'Avalon, haut-lieu de la magie. Et bien, d'après certains, ce serait cette colline au-dessus des brumes que l'on désigne comme île d'Avalon!


Ne vous étonnez donc pas si lors de votre promenade dans la ville de très nombreuses boutiques spirituelles fleurissent, mélangeant tendances Baba-cool et New Age. La balade se déroulera donc sur le mode de la rêverie et du décalage au beau milieu du Somerset.

Une promenade dans les spiritualités celtes et chrétiennes au milieu des jonquilles et narcisses en ce mois de mars!


samedi 15 mars 2014

Expo "365" de Pascal Ciret, Centre européen de Poésie, Avignon (84)

Temps et haiku...


Dans le cadre du Printemps des Poètes, Pascal Ciret présente ses créations poétiques et graphiques. Chaque jour, il écrivait un haiku en face du spectacle qui se présentait à ses yeux. De là sont nés 365 textes qui mêlent, comme le veut la tradition, expression du sentiment et description de la nature en trois vers toujours très suggestifs.

Mais son travail ne s'arrête pas là. Le Centre de la Poésie présente un travail plastique où texte et travail à l'encre se répondent : recto et verso d'une bande de papier deviennent les versions d'une même idée transcrite dans deux langages. Au public à trouver des correspondances ou établir un dialogue.





Du plafond, tombent les 365 haikus, pluie poétique que l'on peut frôler jusqu'au 3 avril 2014...


déjà éclatés
les bourgeons de l'amandier
l'hiver disparaît

 

vendredi 14 mars 2014

Expo Le mois du Japon, Pôle Culturel, Sorgues (84)

Art et artisanat...


Durant le mois de mars, le pôle culturel de Sorgues présente quelques aspects de la culture japonaise à travers certains événements (films, cérémonie du thé, contes...) et des expositions qui présentent certains objets traditionnels ou aspects culturels comme l'estampe et le manga.



Puisque nous sommes en mars, sont présentées des poupées artisanales que l'on utilise pour la fête d'hinamatsuri (fête des filles) le 3 mars. Censées absorber les mauvaises influences qui planent sur la tête des filles, ces poupées représentent la cour impériale car cette tradition avant d'être populaire était une coutume de la cour de l'ère Heian, fortement mue par la tradition shinto et tous ses rites.

Nous est aussi présentée la série complète du Tokaido d'Hiroshige (bon, déjà vue à Genève, il y a quelques jours!). Mais outre la joie de pouvoir compléter la série entière, mon attention s'est surtout portée sur les nombreux ponts qui jalonnent la route et les paysages. Elément majeur du graphisme, le pont est un lieu particulièrement mis en scène :


De Tokyo à Kyoto, le pont est un espace perdu entre ciel et eau, lieu de rencontre à la fois cocasse et étrange; un lieu qui mêle toutes les classes d'une société extrêmement hiérarchisée.



 Le pont est aussi l'occasion d'un jeu visuel qui joue avec les limites du cadre de l'estampe. Véritable chemin vers un au-delà que l'on devine, cette structure permet d'imprimer à l'image un caractère à la fois prosaique et poétique qui fait toute la force de la représentation de telles structures.


Des manifestations à découvrir jusqu'au 29 mars!


mercredi 12 mars 2014

Challenge Odyssée grecque 8, Kadaré, Eschyle ou le grand perdant


Auteur et liberté...

 
Paru en 1985, ce livre est écrit par Kadaré alors que l'Albanie connait des moments difficiles. En tant que créateur, comment ne pas se sentir enfermé par un contexte anti-libertaire? En prenant Eschyle comme héros de sa réflexion, l'auteur élargit sa réflexion sur le pouvoir de la création face au politique.

 
Le sous-titre est tout un programme : le père de la tragédie grecque est à la fois un auteur reconnu et pourtant un homme bien mystérieux et paradoxal; si paradoxal que seules 7 pièces survivent sur plus de quatre-vingt...De là Kadaré émet des hypothèses intelligentes et novatrices pour l'époque, tentant de comprendre les racines véritables de la tragédie ainsi que la disparition presque entière de l'œuvre du tragédien.




En écho à sa propre histoire, il éclaire la tragédie grecque à la lumière des Coutumiers et textes des Balkans qui, pour lui, ont préservé jusqu'à nos jours les grands thèmes fondateurs que l'on retrouve chez Eschyle ainsi que les grands mécanismes qui mettent en place la Tragédie : l'importance du Droit, les crimes du sang et la vengeance.
 
Une belle mise en perspective qui est devenue un classique pour l'étude de la Tragédie grecque!


 

Opération "Masse critique", Oda Nobunage de CP Serain

"Gouverne tout ce qui est sous le ciel par l'épée"


Tout d'abord merci au site Babelio et aux éditions Centon pour la découverte de ce livre qui relate l'histoire d'un des trois Pacificateurs du Japon. Le pays, au XVIème siècle, est dévasté par les guerres de clans, minant le pouvoir de l'Empereur et du Shogun.
 
C'est dans ce contexte que le jeune Nobunaga, héritier du clan Oda, va porter le destin de sa famille et du Japon vers une unité depuis longtemps oubliée. Cette unification mènera la vie du guerrier, accompagné de son fidèle Singe, confident et maître de guerre talentueux. Il sait calmer un maitre qui est souvent violent et impitoyable.
 
Le roman présente ainsi un personnage décidé qui porte son destin jusqu'à la mort et qui ne s'épanche que très rarement. La vie de Nobunaga, c'est la guerre et la conquête. Ce livre présente bien cette vision du monde en présentant par le menu toutes les batailles que le Guerrier devra entreprendre afin de parvenir à son but.


Le récit est très bien renseigné avec des termes japonais précis (expliqués en bas de page) qui donnent un réalisme à la narration sans alourdir de manière dommageable. Le fait de relater la vie d'un tel guerrier conduit à pousser la multiplication des batailles et c'est peut-être par cet aspect que le livre peut connaître non des ralentissements (Serrain sait jouer de la concision) mais un sentiment de répétition aux deux-tiers de l'ouvrage. Toutefois ce sentiment est vite effacé lors des dernières batailles qui viennent couronner le dessein du héros, sans compter le récit de la mort qui demeure un des extraits les plus réussis, à mon sens.
 
Un bon livre qui présente une figure-clef du Japon dans une langue fluide et claire qui évite certains orientalismes de mauvais goût. A découvrir!
 
 

lundi 10 mars 2014

koto et courtisane


Koto, l'air du dragon endormi...


Le koto, cithare traditionnelle à 13 cordes a été fabriquée en forme de dragon tapi. Autant dire que cette forme d'animal sacré sur lequel on joue prouve l'importance de l'instrument. Vecteur des airs séculaires (comme le fameux sakura), il devient très rapidement un instrument imposé pour tout bon courtisan et toute bonne geisha plus tard.
 
Ainsi, l'estampe de Kunimasa présentée met en scène une geisha reconnue pour ses talents au koto. Avec la poésie, la danse et la conversation, cette maitrise de l'instrument est un must qui attire de nombreux clients. En miroir d'un autre instrument, le shamisen, le koto devient l'instrument des quartiers de plaisir.
 
 
Les hauta, ou chansons d'amour, accompagnées de koto ou shamisen jouent de la vibrations des cordes et de la voix : ainsi, les histoires à faire pleurer émeuvent-elles plus fortement au son du frottement des cordes.
 
Cette "harpe" japonaise demeure à la fois proche et éloignée de l'instrument occidental duquel nous le rapprochons. La dextérité est tout aussi indispensable mais l'horizontalité permet un jeu que la harpe occidentale est loin de satisfaire. A contrario, le petit nombre de cordes ne permet pas l'ambitus de la harpe celtique ou moderne, faisant du koto plus un instrument d'accompagnement même si sa capacité de soliste est indéniable.
 
 Outre la richesse de sa tessiture, le son qui provient de ce bois de paulownia possède un charme envoutant...

http://www.youtube.com/watch?v=93wRhIPExUY

 

dimanche 9 mars 2014

Expo Reminiscence of Hiroshige -Ukiyo-e History Walk, Ota Museum, Tokyo (Japon)

La mémoire des lieux...


En ce mois de mars, le musée Ota présente certaines vues d'Edo par Hiroshige. A cette occasion, l'établissement présente une réflexion sur les lieux et leur devenir; car observer des vues d'Hiroshige, c'est bien souvent porter à son regard des lieux qui ont disparu :


Ainsi la montée présentée au bord de la Sumida révèle aujourd'hui un parcours jalonné de bâtiments et de bitume bien éloigné de la pente herbeuse de l'ère Edo.


 
Le mont Fuji devient lui aussi bien difficile à observer depuis la capitale. Toutefois, l'exposition insiste sur le fait que les zones d'activité n'ont guère évolué depuis 150 ans : zones d'habitation ou de commerce sont restées les mêmes; seuls les bâtiments et leur structuration ont connu une évolution. L'estampe devient alors un témoignage d'une organisation urbaine qui demeure pérenne.
 


Mais parfois, cette toponymie et cette organisations ne sont plus visibles que sur les œuvres de papier. En témoigne cet ensemble de temples qui fut détruit à la fin du XIXème et dont nulle photo n'a gardé la trace. L'estampe d'Hiroshige revêt alors le rôle de témoin mémoriel, seule trace tangible d'un Edo disparu, d'une mémoire en lambeaux qui s'efface à jamais.
 
Une balade entre poésie et témoignage à faire jusqu'au 23 mars :

http://www.ukiyoe-ota-muse.jp/H2603tsuiokuhiroshige-E.html

samedi 8 mars 2014

Printemps des Poètes 2014 : Waka et fleurs

Poésie au cœur des Arts...

 Les Génies du Waka : YAMABE no Akahito, Ono No Komachi et KAKINOMOTO no Hitomaro.
Pour la Poésie classique, il existe trois modèles inégalables dans le domaine du Waka qui sont trois poètes de la période Heian. Considérés comme des divinités tutélaires de la poésie, ils ont souvent été représentés par des artistes tel Kunisada. En habit de cour et perdus dans des poses qui évoquent la pensée créatrice, ces personnages incarnent la perfection de la culture et du sentiment.
Le waka en est une émanation : forme ancêtre des haiku, le waka se compose de 5 vers de 5/7/5/7/7 avec des jeux d'écho et de reprises de poèmes déjà existants. Il n'était pas rare qu'on envoie un waka à un ami, un amant et attendre un waka en retour. Symbole du raffinement et de la culture de la personne, ce genre poétique sera le joyau de l'ère Heian.


 "Triste et solitaire,
je suis une herbe flottante
à la racine coupée.
Si un courant m'entraîne,
je crois que je le suivrais."
Ono no Komachi





 
"La fille
 a passé
Avant son temps,
Comme la rosée du matin,
Comme le brouillard du soir"
Kakinotomo no Hitomaro
Le triptyque de Kunisada présente ces trois personnages dans un décor de cerisiers en fleurs sur les branches desquels pendent de longues bandes de papier. Sur celles-ci sont inscrites des œuvres des poètes, manière traditionnelle de fêter le printemps et la floraison des arbres. Art et Nature se mêlent dans une manifestation qui de l'ère Heian jusqu'à nos jours perdure. L'artifice côtoie l'organique, alliance même de la philosophie ukiyoe.




Ombre du matin je ne suis plus que l’ombre de moi-même
Pour avoir vu s’évanouir le pâle éclat de ce pur joyau
En savoir plus sur http://www.paperblog.fr/4252895/ombre-du-matin-kakinomoto-no-hitomaro-kashu/#XtBwmgvbzWWQc23Y.99
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Otoyo : femme et bakeneko, 36 femmes vertueuses et maléfiques, Kunichika











O Toyo est la plus ravissante femme qui soit de tout l'Empire et est la favorite du prince Nabeshima de Hizen. Le sommeil d'O Toyo est régulièrement troublé par le rêve d'un gros chat qui l'épie. Une nuit, alors qu'elle se réveille en sursaut, elle voit deux yeux phosphorescents qui l'observent. Terrifiée, elle ne peut pas proférer une parole ni appeler de l'aide. Un énorme chat noir lui saute à la gorge et l'étrangle. Il traîne le cadavre de la favorite jusqu'au jardin et l'enterre. Puis, revenant dans la chambre, il prend l'aspect physique de celle qu'il vient de tuer.


Nabeshima lui-même ne s'aperçoit pas de la métamorphose tant la nouvelle O Toyo ressemble à l'ancienne. Tandis qu'il continue à fréquenter la fausse O Toyo, le prince tombe malade : son visage est livide, il ressent perpétuellement une immense fatigue. Le mal s'aggrave : le prince fait des cauchemars affreux dont il ne se souvient pas le lendemain. Sa raison vacille. La princesse, sa femme, décide de le faire veiller par des hommes en armes.
Chaque nuit, tous les hommes postés pour la gardes s'endorment en même temps. Le jeune soldat Itô Sôda se présente et demande timidement la permission de veiller sur le prince qu'il tient en grande estime. La nuit suivante, Itô Sôda figure parmi les gardes chargés de protéger le prince en entourant sa couche.
Tout à coup, les portes de la chambre ou repose le prince glissent silencieusement. Une femme d'une grande beauté entre dans la pièce ; le vaillant jeune homme reconnait O Toyo. Elle se glisse entre les gardes et s'approche du prince endormi. Itô Sôda se dresse et s'interpose entre la femme et le prince. Il en est de même chaque fois que la dame veut trop s'approcher de la couche où repose Nabeshima. À l'aube, la femme disparaît.
Le soldat fait son rapport : il est chaleureusement félicité, d'autant plus que pour la première fois depuis longtemps, le prince se sent reposé.
Itô Sôda estime qu'il n'a pas fini sa tâche. Il fait annoncer à O Toyo qu'il lui apporte un message du prince et tandis qu'elle ouvre la missive, le guerrier tire son sabre et lui tranche la tête. Sur le sol gît non pas le cadavre d'une jeune femme mais, la tête coupée, un gros chat noir. Le chat-vampire qui, nuit après nuit, venait boire le sang du prince.



L'estampe de Kunichika dévoile l'esprit sous apparence de jeune courtisane. Pourtant à la lumière de la lampe andon qui irradie la scène, le personnage dévoile sa véritable nature. Comment? Tournez l'image à 90 degrès : sur le paravent, l'ombre d'un chat aux poils hérissés se dessine. La colère et la rage de l'esprit sont si fortes qu'elles ne peuvent être complétement dissimulées. 

Kunichika joue le contraste entre une apparence humaine calme et voluptueuse et le bouillonnement de rage qui anime le bakeneko. Les jeux entre ombre et lumière, couleurs froides et chaudes intensifient le caractère mystérieux du personnage et font de lui l'un des portraits les plus réussis de la série.

Si vous êtes intéressés par une interprétation plus contemporaine, il suffit de se tourner vers l'anime Ayakashi qui met en scène plusieurs histoires de bakeneko...avec en héros récurrent le pharmacien ambulant : un personnage lui aussi riche et mystérieux!


vendredi 7 mars 2014

Expo Ukiyoe spectacular, West Vancouver Museum, Vancouver (Canada)

Un art spectaculaire...




Afin de fêter les 125 ans de relation entre le Canada et le Japon, le West Museum de Vancouver présente une série d'estampes de la fin de l'ère Edo qui jouent sur le spectaculaire et le surnaturel. Ainsi, les mononoke et yokai sont mis en scène : l'esprit devient à la fin de la période un élément majeur des représentations de l'ukiyoe.
Le bakeneko, les divers esprits qui hantent les récits et les fantômes investissent l'espace des estampes et du théâtre kabuki. Pressentant le changement qui s'initie et la vague de violence qui s'exprimera durant le bakumatsu, le public est en forte demande de figures effrayantes et sanguinaires.
Outre les traditionnelles scènes de seppuku, le sang et la violence se cristalliseront à travers des personnalités féminines inquiétantes : l'araignée des profondeurs, Iwafuji ou encore la Princesse Takiyasha :
 



Fille d'un seigneur qui veut faire sécession avec la cour de Kyoto afin de créer son propre royaume, Takiyasha assistera à la mort de son père. La vengeance sera alors son seul but et apprenant la magie auprès d'un ermite, elle sera capable d'invoquer un squelette géant afin de détruire les meurtriers de son père.
Le frisson, le rire noir ou l'amusement insolite feront parti des pôles importants de la fin de l'art Ukiyoe. La beauté elle-même sera interrogée à travers la bizarrerie ou le mystère : La Bijin deviendra une figure à la fois attrayante mais parfois intrigante.
 
 




 On peut donc frissonner et s'amuser à Vancouver jusqu'au 22 mars 2014 :






jeudi 6 mars 2014

Expo Linda Mc Cartney, Pavillon populaire, Montpellier (34)

Photos et Sixties...

 
Afin de me préparer à ma semaine britannique, petit détour par Montpellier où l'on peut voir depuis fin février une rétrospective de Linda Mc Cartney dont on présente les photos de sa rencontre avec les Beatles et son futur mari jusqu'à ses derniers travaux (fin des années 90).

 
Ce ne sont pas que des travaux pour les magazines qui sont portés à nos yeux. De très nombreux clichés familiaux avec un simple polaroid sont exposés. Mais ne vous attendez pas à de simples photos de vacances; bien sûr, le côté intimiste appert mais l'artiste travaille le concept de série et s'amuse avec les couleurs saturées et les mises en scène bancales que permet ce type d'appareil ainsi que l'utilisation du noir et blanc.
 
Dès lors, une véritable poésie et une certaine joie de vivre émanent des photos, loin des cabotinages des images sur papier glacé destinées au public toujours plus nombreux du groupe.


Les photos présentent aussi d'autres figures du Rock comme les Stones, Janice Joplin ou encore BB King pour la scène Jazz. Le style de Mc Cartney se veut naturel sans recherche d'héroisation mais toujours avec un côté ludique : les stars du moment semblent apprécier et jouer avec l'objectif.


La dernière partie présente quelques clichés plus poétiques ou engagés : que ce soit comme réflexion sur la société ou comme porte-étendard du végétarianisme, l'objectif devient un moyen de présenter un point de vue militant, à la fois personnel et collectif.
 
Une jolie expo qui donne envie de voir plus de clichés au son de certains morceaux du groupe mythique!


Jusqu'au 4 mai au Pavillon Populaire : en plus, comme toutes les expos de ce lieu, l'entrée est gratuite!

http://www.montpellier.fr/506-les-expos-du-pavillon-populaire.htm

mardi 4 mars 2014

Hyakunin Isshu 77

Sutoku in


 Leur course rapide
arrêtée par les rochers
les eaux du torrent
se séparent mais finissent
toujours par se retrouver...



Le poème de Sutoku in est considéré comme un poème original à l'intérieur de l'anthologie : il dessine un amour qui trouve ou trouvera une fin heureuse, à l'opposé de la plupart des pièces du Hyakunin qui insistent sur la passion et ses souffrances.

La série de l'Ogura utilise donc une histoire qui elle aussi met en scène un amour qui sera couronné par un certain bonheur (même si les embûches seront ô combien nombreuses!). Il s'agit de l'histoire de la jeune Miyuki et d'Asojiro : en barque, la jeune fille perd son voile qui s'envole et se retrouve sur le navire d'Asojiro. Le héros rapporte l'objet et les jeunes gens tombent amoureux. Après plusieurs rencontres, Miyuki fait don d'un éventail où sont écrits des vers amoureux. Leur amour est scellé.


Cependant, le père de Miyuki est réticent et décide de la donner en mariage au fils d'un ami (qui est en fait le jeune homme). L'héroine en pleurs décide de fuir et ignorante de la vérité, en ayant trop pleuré, devient aveugle. Elle se cache et prend le nom d'Asagao (Belle de jour) et gagne sa vie en chantant sa triste histoire.

Un certain temps passera mais les deux amants seront réunis avec l'aide du père de la jeune fille qui se sacrifiera pour soigner son aveuglement. Toyokuni présente ainsi le couple avec les deux objets qui ont joint les deux amants. Le choix de la scène par rapport au poème est assez évident : les deux héros ont connu de nombreuses avaries avant de se retrouver comme le met en exergue le poème.


Dans la série de comparaisons avec des beautés, la mise en scène de la séparation est symbolisée par le jeu de coquillages traditionnel : le but est de retrouver la moitié manquante, jeu-ancêtre du jeu de karuta qui utilise les poèmes du Hyakunin.

lundi 3 mars 2014

Expo Figures de guerre de Groux, Mairie, Avignon (84)



Guerre et horreur... 

Afin de commémorer le centenaire de la Première Guerre, Avignon se tourne vers un artiste belge peu connu aujourd'hui mais qui a fréquenté la ville dans les années 1920.
Henry de Groux, fils d'un peintre académiste belge se tourne très tôt vers le courant symboliste. Toutefois, son regard se veut aussi ancré dans la modernité et c'est à l'occasion de la Première Guerre que nombre de ses œuvres vont dénoncer à travers des scènes et des portraits l'inhumanité du conflit.

Même s'il n'a pas été mobilisé, il se rendra plusieurs fois sur le front afin de se rendre compte des horreurs que la modernité et la technique ont engendrées. 



Les différents portraits au fusain présentées à la mairie témoignent d'une ambivalence dans de nombreux domaines : ainsi la femme peut être présentée en tant que victime tout comme actrice du conflit avec un portrait de femme en franc-tireur :


La dénonciation du conflit se veut aussi une réflexion sur la civilisation et ses oppositions. En témoigne le dessin "Le livre. En lisant Goethe" présentant un soldat qui est absorbé par les écrits du poète allemand, véritable figure tutélaire d'une certaine idée de l'Europe :

D'autres figures plus exotiques font leur apparition : des "Indous", encapuchonnés, mystérieux tels les Rois Mages regardent le spectateur avec leurs visages à la fois marqués et saisissants, figures hiératiques d'un Orient qui semblent contempler un Occident qui se suicide :



Encore quelques jours jusqu'au 8 mars pour contempler ces visages de guerre :

http://www.avignon.fr/medias/news_1226066424_2.pdf