samedi 30 novembre 2013

En Piste!, CNCS, Moulins (03)

En piste!!


Depuis quelques mois, le cirque est à l'honneur au CNCS et c'est tant mieux.
Des Fratellini au Cirque du Soleil, c'est tout un pan de la culture des chapiteaux qui est mis en scène. Si la tradition du cirque et ses personnages se dessine dès le XVIIIème siècle, ce sont les XIXème et XXème siècles qui verront s'épanouir clowns blancs ou écuyères. 

Avec ces personnages, ce sont des costumes qui se développent et évoluent au gré des modes et des envies des artistes. Du but comique des hommes au nez rouge en passant par l'esthétisme des atours du dompteur, le vêtement de cirque marque un caractère typique, facilement reconnaissable.

Ainsi, il est important de préparer le design de ces objets en faisant appel à des dessinateurs et des créateurs qui devront magnifier les corps des artistes.


Les modèles se transforment et de multiples influences se font sentir : le cirque joue avec les époques ou bien les contrées afin de renouveler les habits de lumière de chaque saltimbanque :

des cages à oiseaux oniriques à des costumes de dragons et de spectres, le vêtement pare l'artiste de multiples contours qui nuancent les types et archétypes traditionnels.

Donc, en piste au CNCS jusqu'au 5 janvier!


dimanche 24 novembre 2013

Musée Quillot, Clermont-Ferrand (63)

Des oeuvres en Auvergne

Petit détour en ces jours bien froids au Musée Quillot MarQ de Clermont-Ferrand. Au détour des salles, de belles surprises :

Tout d'abord, Auvergne oblige, le Moyen-Age est à l'honneur avec de très beaux exemples de Vierges romanes et de très nombreux exemples d'éléments décoratifs en pierre de Volvic :



La Renaissance et le XVIIème siècle sont très bien représentés avec une série de peintures réalisées pour le château d'Effiat et qui prend pour thème le Roland furieux, oeuvre italienne à la mode dans toute l'Europe et dont il était de bon ton d'avoir des exemples en sa demeure.



Avec cela, une bonne surprise avec une magnifique Mise au tombeau de Vouet : des couleurs éclatantes et un travail des chairs toujours aussi remarquable, sans compter le jeu des ombres et lumières qui accentue les coloris frais du tableau.




En ce qui concerne le XIXème, l'Ecole Romantique est bien représentée ainsi que le mouvement historique. Une mention spéciale aux Saltimbanques de Doré qui dépeint la douleur sous les habits de lumière.


Enfin, l'école moderne n'est pas en reste avec de très nombreux Bernard Buffet!!


Et en ce moment, une expo Chroniques de papier qui présente quelques gravures et estampes qui ont trait à l'Histoire antique et moderne : 

samedi 23 novembre 2013

Hokusai : héroisme et parodie

Prière pour la pluie...


Novembre et ses pluies me mettent en mémoire cette estampe d'Hokusai représentant la prière à la pluie d'Ono no Komachi : alors que la sècheresse règne, l'Empereur demande à la poétesse de concevoir un poème capable de toucher les dieux. La jeune femme réussit et c'est cet instant de succès que l'artiste décide de représenter.

L'originalité et la force d'Hokusai passent par les forts contrastes. Je ne parle pas seulement des couleurs tranchées qui se répondent mais aussi du jeu entre le hiératisme de certains éléments comme la pose de la femme ou celle du serviteur accroupi et la fluidité des étoffes, du bâton de prière ou du serviteur qui tient l'ombrelle.

En utilisant trois personnages, Hokusai déploie une palette de sentiments et d'expressions très variée : le comique du serviteur à l'ombrelle, la force et l'introspection de Komachi ou encore la quasi absence du serviteur accroupi. 

Ainsi, c'est ce mélange de grâce et de comique, de mouvement et de suspension qui fait l'un des intérêts des oeuvres de l'artiste. Dans ses grands formats ou sa manga, cette technique particulière marque la singularité et le génie.



jeudi 21 novembre 2013

Masse critique Babelio, Littérature jeunesse

P Geis, la petite galerie de Picasso


Livre Pop-up, cet ouvrage destiné à la jeunesse est un terrain de rencontre avec Picasso même pour les adultes. 
Les premières pages présentent les diverses périodes que l'artiste traverse en donnant des pistes d'interprétation simples mais claires. Période rose ou bleue, cubisme sont évoqués à travers des oeuvres connues dans une présentation ludique.



Assez vite, P Geis développe de manière amusante le souci de Picasso : retrouver des yeux d'enfant et atteindre une liberté créatrice qui s'est débarrassée des conventions et de leurs carcans.
On s'arrête sur l'évolution de portraits d'Olga comme sur le fameux Guernica.



Un bon moment à passer et une réflexion esthétique bien menée par l'auteure. Un livre qui fait partie d'une collection plus large aux Editions Palette :

galerie Picasso

lundi 18 novembre 2013

L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint, Ingres MBA Lyon (69)

Acquis depuis près d'un an par le MBA de Lyon, je n'avais pas pu encore me rendre devant cette toile d'Ingres...

Petit format relatant un épisode de la vie de l'Arétin, poète et intellectuel du XVI ème siècle, la toile dépeint la venue d'un envoyé de l'Empereur qui lui fait cadeau d'une chaine en or afin d'acheter son silence. L'homme est connu pour ses vers satiriques et le puissant qui vient de subir une défaite se méfie de cette plume acérée.

La petite histoire veut que le poète ait dit : "un bien mince cadeau pour une si grande sottise". Ainsi, Ingres rend l'esprit et l'aplomb de l'Arétin par son attitude assez nonchalante, son jeu avec sa pantoufle et ses gestes déliés accentuant l'insolence du personnage.

Ce visage ironique occupe l'espace central alors que l'envoyé est réduit à devenir draperie jaune, jouant de contraste avec la sobriété élégante de l'Arétin. Le doigt qui montre le personnage central évoque bien la mise en scène du pouvoir de l'artiste face au pouvoir. Ingres met en scène ce thème cher à la peinture ou la littérature depuis l'Antiquité. Cette façon de magnifier l'Art a été extrêmement pensé dans cette toile : le peintre avait déja produit un tableau sur le même sujet mais moins démonstratif que celui-ci :




Enfin, c'est le caractère libertin du poète qui est décrit avec moult détails : ce corps sinueux qui semble être habitué à des poses alanguies ainsi que la présence des deux nus féminins qui contemplent la scène, cachés derrière les lourdes tentures qui appellent la caresse. L'Arétin, auteur des Sonnets luxurieux, a chanté avec ferveur la vie mondaine et libre des soirs vénitiens...


A découvrir bientôt dans la prochaine expo sur la peinture d'histoire!
http://www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/collections-musee/peintures/oeuvres-peintures/xixe_siecle/ingres-l-aretin-lyon/explication-ingres?view_zoom=1&displayPrint=1

dimanche 17 novembre 2013

Yuki Hime...Légende au pavillon d'Or

Quand l'Art libère...

Chikanobu, setsugekka
Yuki Hime, petite-fille d'un peintre célèbre est enlevée par un usurpateur qui habite le temple d'Or de Kyoto. Ce dernier veut que la jeune héroine dessine un dragon qui veillera sur son sommeil : Yuki possède, en effet,  le pouvoir de donner vie à ce qu'elle peint...

Kuniyoshi Ogura Hyakkunin Isshu

Ne voulant pas céder aux avances du tyran, elle se voit liée à un cerisier alors que son mari est poussé dans un puits. Désespérée, elle se met à dessiner une souris sur le tapis de pétales de fleurs de cerisier qui tombent à ses pieds. Ainsi, une cohorte de souris délivre la princesse qui pourra mettre fin aux agissements de son ennemi.Yuki (neige), entourée des fleurs, symbolise alors le rêve et la fragilité d'une existence qui est mise à l'épreuve par la Beauté et l'Art.




Une belle fresque sur le pouvoir de l'Art et une mise en scène de l'espoir et de la foi en une fin heureuse malgré les embûches et difficultés rencontrées par l'héroine. Ce rôle est considéré comme l'un des plus difficiles dans le répertoire d'un onnagata; la difficulté résidant dans le contraste entre les mouvements du personnage qui doivent devenir hiératiques et la vie qui est donnée aux animaux. Ainsi, c'est l'artifice qui doit sembler réalité alors que l'acteur se transforme en mannequin, mimant le passage entre rêve et réalité.


lundi 11 novembre 2013

Expo Marcel Lémar, musée Mandet, Riom (63)

Le fou des bêtes....au musée Mandet





Artiste autodidacte, Marcel Lémar est un sculpteur qui se passionnera pour les animaux et rencontrera Pompon qui l'influencera à ses débuts comme on peut le voir avec cet ours.

Pourtant, Lémar ne subira pas très longtemps l'influence du maitre. Tout d'abord car il n'adhèrera jamais aux Douze, groupe d'artistes animaliers et puis car le maitre mourra rapidement. Lémar aime fréquenter le zoo de Vincennes et le jardin des plantes pour s'inspirer des animaux qui peuplent ces divers endroits et ce sont ces visites qui lui tiendront lieu de révélation.


Avant de travailler la pierre ou le bronze, l'artiste s'attelle à un dessin qui prépare la composition d'ensemble. Dès cette esquisse, le mouvement est palpable, recréant la vie qui a été observée dans les jardins zoologiques.

On peut compter diverses influences que ce soit l'Art Déco, les Arts Primtifs ou orientaux sans parler du cubisme. C'est ainsi tout un travail qui durera 20 ans et qui synthétisera de nombreux courants, permettant de mettre en lumière la vie animale et ses beautés.

Un crapaud en idole précolombienne
Un ours à l'allure de Netsuke japonais
La majesté, la grâce ou le comique de l'animal sont ainsi mis en relief. La carrière de Lémar s'arrêtera brusquement avec son suicide un jour de septembre 1941.

Un artiste méconnu à découvrir à Riom jusqu'au 5 janvier 2014!

dimanche 10 novembre 2013

L'Odyssée d'Althéos LDVELH Challenge Odyssée grecque 6

Une aventure et des reprises...













Voici donc le troisième volume des aventures d'Althéos, jeune Grec du cycle crétois des Livres dont vous êtes le héros....
Si vous n'avez pas été enfant ou adolescent durant les années 80/90, peu de chance que vous connaissiez cette collection qui vous emportait dans des univers divers grâce à un crayon et deux dés!

Pourtant, si vous tombez dessus par hasard, n'hésitez pas à ouvrir ce volume : c'est parti pour l'aventure!!
Althéos, c'est une sorte de Thésée emporté par la volonté des dieux...et dans ce troisième volume, cette volonté se montre capricieuse et implacable.


Vous pouvez choisir votre dieu tutélaire qui guidera vos pas à travers des aventures qui mélangent le retour de Thésée après sa victoire sur le Minotaure à l'Odyssée. Ainsi, Ariane, les sirènes, Egée ou les Lotophages se dresseront sur votre route. Comme pour les deux héros nommés, vous serez confronté à bien des choix et des situations tragiques.

Bref, un beau moment qui emporte dans l'univers antique avec des textes bien écrits et un univers grec vraisemblable. A lire que l'on soit jeune ou plus âgé!


samedi 9 novembre 2013

Special Exhibition "Comical Ukiyo-e -Humorous Pictures and the School of Kuniyoshi ", Ota Museum, Tokyo

Estampes et rire

On ne pourra peut-être pas s'y rendre mais parlons de l'expo du musée Ota de Tokyo qui présente de nombreuses estampes parodiques et comiques.

Vous voulez voir des épis de mais grimaçants ou des poulpes qui font la fête, et bien vous les trouverez dans les salles du musée :


Kuniyoshi

                                            Sadahide

Le principe de la parodie (ou Mitate) est un des moteurs de l'estampe ukiyoe. Si, souvent, elle n'est pas d'un grand comique, certaines œuvres peuvent inscrire le rire comme but principal de fonctionnement.

                                                                                             Kuniyoshi

A la manière d'un caricaturiste, l'artiste se moque des us et coutumes de la société, insistant encore sur le peu de sérieux avec lequel on doit considérer les charges et fonctions.
L'estampe est alors l'espace de liberté qui permet de s'évader des liens familiaux ou des règles du Shogunat (n'oublions pas que la censure est stricte et sévère en cette fin de période Edo).

On retrouve aussi des jeux visuels comme les associations de figures ou d'éléments qui contribuent à la création d'un personnage plus important, comme l'Occident l'a connu avec Arcimboldo :

                                                         Yoshifuji                                                              Hiroshige

L'aspect ludique de l'estampe se trouve donc confirmé par ces images; le jeu et le rire n sont pas le seul apanage de l'enfance mais aussi celui du monde adulte qui pour les quelques instants que durera la contemplation de l'œuvre veut ré-enchanter sa vision du monde et de l'homme.


Exposition jusqu'au 26 Novembre 2013 :
http://www.ukiyoe-ota-muse.jp/H251011warauukiyoe-E.html