mardi 21 mai 2013

Japon amoureux Yoshitoshi le fantomatique

36 nouvelles formes spectrales (1892)
Yoshitoshi présente dans cette série un large éventail de fantômes et d'esprits célèbres :

        La lanterne à la pivoine                                                  Spectre de Yostuya  

Dans cette série des 36 formes spectrales modernes, Yoshitoshi délaisse en majeure partie le côté spectaculaire de son trait. Les flots de sang ou les monstres terrifiants font place à une atmosphère mystérieuse et à un mal qui rôde dans l'ombre. Il explore ainsi l'intime et illustre les histoires choisies de manière plus psychologique.
Le spectre devient l'émanation du destin ou de l'imagination du personnage et non la créature sanguinaire fantastique qu'il aimait créer à ses débuts. Il pose alors la question du monde des esprits et insinue le doute chez le spectateur : le fantôme existe-t-il ou n'est-il pas que la  projection de nos propres fantasmes et illusions?
                                Jigoku Daiyu                           Princesse sakura 

Ultime série de l'artiste qui meurt avant de la finir, cette dernière demeure une preuve sensible de l'interrogation de l'artiste sur la corporalité du spectre et du monde de l'au-delà.

Château de la Chassaigne (63)

Château de la Chassaigne
Un lieu plein de poésie à travers ses chambres de verdure et ses nombreux jeux avec l'eau, juste à la sortie de Thiers...


  
       Nénuphars et kiosque                                                Glycine sous la pluie

A visiter jusqu'en octobre, avec une expo sur les masques du monde à partir du 1er juin :

mercredi 15 mai 2013

Japon amoureux Sayo hime, Kunichika

Kunichika, 36 beautés vertueuses et maléfiques 
 Sayo hime (1876)
Sayo hime est représentée tout en haut d'une colline au bord de la mer. Cette jeune épouse regarde son mari partir à la guerre qui vit s'affronter le Japon et la Corée (vers le 6éme siècle). La jeune femme prie pour le retour de son amour avec une telle intensité qu'elle est transformée en statue de pierre.

Dans la société traditionnelle et durant l'ère Meiji, Sayo hime est présentée comme le modèle de l'épouse fidèle et fait partie des parangons de vertu présentés au public.

On peut noter la version de Kunichika qui joue sur le dynamisme des cheveux au vent ainsi que celui des plis du kimono. Ce mouvement est encore accentué par le motif des feuilles d'érable sur le vêtement qui semblent, elles aussi, s'envoler telles des feuilles naturelles. Contraste l'expression figée du personnage qui annonce sa transformation en statue de pierre.




mardi 14 mai 2013

Expo musée Anne de Beaujeu Moulins

Des héros et des dieux





Visions mythologiques et chinoises à travers ces tapisseries du XVIIIE, prêtées par le musée du Petit Palais. Il est agréable de se promener le long des lisses d' Anvers ou de Beauvais. Une mention spéciale pour l'ensemble de l'empereur de Chine à l'exotisme de pacotille assez charmant! A visiter sur Moulins jusqu'au 26 mai

Japon amoureux Kuniyoshi Wakana hime

Kuniyoshi, Wakana hime ou la princesse-araignée (vers 1850)


Issu d'une pièce de kabuki du XIXéme siècle, ce personnage de la princesse-araignée mêle habilement monde humain et spectral. Princesse ayant échappé au massacre de sa famille par un clan rivale, la jeune fille est secourue par une araignée magique qui lui prêtera ses pouvoirs afin de se venger du meurtrier de ses parents. 

L'estampe de Kuniyoshi insiste sur le caractère surnaturel du personnage. La présence des papillons, insectes qui symbolisent l'au-delà, est prégnante : on les retrouve en motif sur la toile d'araignée en arrière-plan. De même, le motif de la fleur de cerisier du kimono se retrouve sur les vêtements de nombreux spectres, à la scène comme sur les estampes de cette époque.

Ce portrait d'acteur souligne le mélange de la beauté et d'une certaine dangerosité : le personnage est tout à sa vengeance et attend de prendre dans ses filets les ennemis qui s'avancent. Modèle de la beauté dangereuse, Wakana hime représente parfaitement le nouveau-type féminin à la mode : la beauté menaçante.

Domaine de Randan

Domaine de Randan (63)
Petite vision onirique née des ruines du château et le parc à l'anglaise construits par la soeur de Louis-Philippe.
Un joli voyage où l'imagination vagabonde entre la rouille et le végétal qui reprend ses droits : une promenade qui conduit sur les traces de la famille d'Orléans, ses heurs et ses malheurs, à l'image de la destinée de cette demeure.
Tigre de la grille d'entrée


terrasse et vue sur le château

Maison de George Sand

Petit périple dans le Berry sur les traces de Sand et Chopin à Nohant.
Un lieu plein de charme et qui vibre encore des fantômes de ceux qui sont passés dans ces pièces.
  
         Vue du jardin                                                             Chambre de George Sand

"Je repris mes sens, en entrant dans la cour..."  Voilà ce que retient l'auteur de son arrivée au château alors qu'elle est petite fille. Les sens seront toujours en éveil jusqu'à la mort de Sand : qu'il s'agisse de ses amours, de ses amitiés ou des plaisirs du quotidien. Le lieu frémit encore de la présence de Dumas, Delacroix et des multiples hôtes de Nohant; et puis, il y a Chopin qui composera près de la moitié de son oeuvre dans ce lieu...à découvrir absolument!

vendredi 3 mai 2013

Japon amoureux Chikanobu

Setsugekka, Lune, neige et fleurs (1884)

Voici une première estampe présentée au musée







Neige à Fukakusa





Cette série de l'artiste Chikanobu représente une scène de la célèbre poétesse médiévale Ono no Komachi. Connue pour sa beauté et son intelligence, elle traine après elle de nombreux soupirants. Ainsi le capitaine Shii no Shosho tente-t-il d'obtenir ses faveurs. Komachi lui impose de venir cent soirs durant se présenter à son domicile. Lors de la quatre-vingt-dix-neuvième nuit, il ne peut arriver à temps et la belle lui ferme sa porte à jamais. L'amant en mourra et cet épisode resta gravé dans les mémoires.

On peut remarquer plusieurs éléments qui indiquent l'amour : le couple d'oiseaux en arrière-plan ou encore les poses retenues des deux personnages. La neige, symbole de la beauté de l'hiver est mise en parallèle avec la beauté de la poétesse ainsi que le raffinement de cette histoire d'amour.

Durant l'ère Meiji, les artistes utiliseront très souvent ce personnage traditionnel afin de marquer le caractère nippon de leur art face à une occidentalisation grandissante du pays.
La série Lune, neige et fleurs présente lieux, épisodes célèbres à travers les 3 saisons considérées comme des joyaux : le printemps (fleurs), l'automne (lune) et l'hiver (neige). La particularité de Chikanobu sera de faire une longue série à travers ce motif alors que ses prédécesseurs pouvaient se contenter d'une série de 3 beautés.

Inauguration le Japon amoureux

Rendez-vous à 18 heures au musée des Arts d' Afrique et d' Asie en présence du consul du Japon de Lyon.
Venez découvrir des histoires d'amour et de mort aux héroïnes vertueuses ou maléfiques!

Kunichika, fantôme de la lanterne à la pivoine
 


mercredi 1 mai 2013

Châteaux allemands

Petits châteaux en Allemagne
 
 
Une petite incursion par le pays du Rhin après le voyage scolaire que nous avons effectué il y a près de quinze jours. Les visites furent nombreuses et que d'étonnants châteaux médiévaux avons nous pu découvrir grâce à nos collègues allemandes :


                                                          le Burg Elz                                Marksburg


                                                           Vue depuis Marksburg                 Lorelei par G Lemercier
 
Des moments d'étonnements et une réelle poésie de la pierre et des éléments dans cette région de Coblence qui semblait vouloir raviver la légende de la Lorelei et la ballade de Heine :

1. Ich weiß nicht, was soll es bedeuten,
Daß ich so traurig bin,
Ein Märchen aus uralten Zeiten,
Das kommt mir nicht aus dem Sinn.
Die Luft ist kühl und es dunkelt,
Und ruhig fließt der Rhein;
Der Gipfel des Berges funkelt,
Im Abendsonnenschein.
2. Die schönste Jungfrau sitzet
Dort oben wunderbar,
Ihr gold'nes Geschmeide blitzet,
Sie kämmt ihr goldenes Haar,
Sie kämmt es mit goldenem Kamme,
Und singt ein Lied dabei;
Das hat eine wundersame,
Gewalt'ge Melodei. 3. Den Schiffer im kleinen Schiffe,
Ergreift es mit wildem Weh;
Er schaut nicht die Felsenriffe,
Er schaut nur hinauf in die Höh'.
Ich glaube, die Wellen verschlingen
Am Ende Schiffer und Kahn,
Und das hat mit ihrem Singen,
Die Loreley getan.

Alors, plongeons dans le Rhin et ses méandres pour trouver ce trésor lyrique enfoui!

Bon premier mai


Walter Crane et les fleurs

Clin d'œil en ce premier mai à un artiste anglais de la fin du XIXème siècle.
 
 
Cette planche du Muguet de la série Flora's feast me permet de vous parler aujourd'hui de ce peintre et illustrateur de livres pour enfants qui a su donner ses lettres de noblesse à l'illustration en cette époque victorienne. La série de planches décrit le réveil des fleurs selon les saisons, toujours accompagnées de 2 vers.
 
Crane allie délicatesse et humour, influence antique et gothique, reflétant le mélange que pouvait goûter le public britannique de l'époque. Et même si le public visé était plutôt jeune, l'artiste ne s'interdisait pas des dessins plus sensuels comme dans la planche du Lys tigré :
 
Si le motif floral est si important chez cet artiste, c'est à cause de ses liens avec W Morris et le mouvement Arts and Crafts. Il s'agit en effet de renouveler les motifs (fleur, antique...) tout en jouant sur les registres d'application de l'Art. La décoration ou les livres pour enfants doivent être des œuvres d'Art selon ces artistes polymorphes.
 
De nombreuses illustrations à découvrir, que je ne manquerai pas de vous signaler.