samedi 31 août 2013

Musée de l'illustration jeunesse Moulins (03)

Dans le superbe Hôtel de Mora, un musée onirique consacré à l'illustration jeunesse.

Une première partie présente l'historique de ce genre d'images avant de décrire les techniques...beaucoup de vidéos et des lieux comme une mini bibliothèque ou une salle vidéo où des albums sont lus....
On adore retourner en enfance!



En allant au premier étage, on pourra admirer des expos temporaires.

Jusqu'au 15 septembre, c'est G Lemoine qui a droit à une rétrospective...

Cet illustrateur de talent va collaborer avec des grands noms de la littérature. Il prendra contact avec Le Clézio ou Marguerite Yourcenar afin de mettre en images certains de leurs titres. Plus qu'une simple image, l'illustration de Lemoine est un vrai regard sur une histoire ou une oeuvre; bref, c'est un discours imagé qui n'infantilise pas mais qui essaie de créer de l'émotion et un questionnement.

Yourcenar, Comment Wang Fo...
illustration pour Le Clézio

L'imaginaire joue à plein et Lemoine s'inspire de toutes les cultures : l'Afrique, l'Europe ou encore l'Asie....bien sûr, il peut faire appel à l'estampe japonaise lorsqu'il illustre des nouvelles nipponnes contemporaines!

Fleurs d'été
Ainsi, c'est l'Enfance dans le monde qui est interrogée et mise en scène au-delà des différences culturelles, essayant par là de trouver l'essence de la vie et du rêve dans le monde des Hommes.

Un voyage à ne pas hésiter à faire si vous vous trouvez à Moulins!





jeudi 29 août 2013

Sappho Oeuvre Challenge Odyssée grecque 3


"Les Muses m'ont donné la vraie richesse; par elles je suis sujet d'envie; même morte il n'y aura pas oubli de moi"


Lesbos, au VII° siècle avant JC....Sappho, poétesse et prêtresse d'Aphrodite va créer une oeuvre dense et incandescente. Tôt mariée, elle prendra en horreur l'Homme et préfèrera les femmes et leurs douceurs. 
S'ensuivent de nombreuses relations orageuses ou apaisées. 

Sappho, c'est la voix de l'amour au féminin mais aussi celle de la Passion; amour-tempête ou amour- sérénité, les divers états de celui qui est touché par ce sentiment se retrouveront à travers ses vers. Et c'est bien cela qui fait de la parole saphique un verbe universel.



Une anthologie qui regroupe l'ensemble du corpus de la poétesse avec ses lacunes. Là encore, les manques sont nombreux comme dans nombre d'oeuvres antiques. Parfois un vers ou un mot subsiste et pourtant c'est aussi à travers ces béances que les poèmes trouvent un écho particulier. Elles permettent à l'imagination de jouer à plein et  au lecteur de construire sa propre compréhension de l'ensemble.

Pour qui apprécie la poésie amoureuse, ce plongeon dans les limbes de la lyrique occidentale est une évidence.


"Ô toi, mon beau souci..."


Chateau de Chareil-Cintrat (03)

Un air d'Italie dans l'Allier






Ancien fief des Bourbons, ce château fut remanié vers 1560-1570. Claude Morin, le commanditaire, demande d'élaborer un projet iconographique à la mode de la deuxième Renaissance.

Ainsi, les grotesques vont se multiplier dans sa demeure, réinterprétant celles de la Domus Aurea de Rome, récemment découverte. Le château présente un ensemble ambitieux qui affiche des symboles dans les escaliers ainsi que dans la plupart des pièces. On retrouve des esprits, des animaux ou des figures mythologiques.




Les signes et symboles jouent en plein le discours allégorique qui peut être déchiffré autour de thématiques comme l'astronomie ou les 5 sens. 
C'est une vision cosmogonique de l'Antiquité que veut donner à voir cet ensemble iconographique.
De nombreuses chimères intrigantes peuplent les interstices pour le plus grand plaisir du visiteur : il s'agit de nous plonger dans le mystère et nous pousser à sortir de ce labyrinthe du sens.


 Enfin, un cycle consacré à la figure d'Adonis vient encore renforcer ce caractère énigmatique. Telles les étapes d'un Mystère, ces tableaux évoquent les amoureux douloureuses de Vénus et Adonis, empreints d'un symbolisme fort qui mêle vision antique et philosophie. Le programme ambitieux d'un Humaniste s'affiche ainsi sur les murs, marquant par sa présence physique le questionnement intellectuel de son propriétaire.

Un ensemble assez unique en France à découvrir au milieu des vignes et loin des grands circuits touristiques...

mercredi 28 août 2013

Portrait(s) Vichy




Jusqu'au 1er Septembre, au bord de l'Allier et au centre Larbaud, la première édition d'un nouveau festival photographique se met en place.
Environ 7 artistes ont été invités autour de la thématique du portrait, de personnes célèbres ou pas. Ainsi, se croisent D Smith, J Bonnet ou bien encore 2 photographes dont le travail a retenu mon attention :

Liu Bolin : jeune artiste chinois qui réfléchit sur la modernisation des villes et son impact sur la vie et l'uniformisation des êtres. Performer, il joue avec la méthode du caméléon afin de retranscrire ce problème d'effacement des personnalités au coeur du cadre urbain.


Hiding in the city est une série qui explore des symboles de civilisation qui portent en eux une dynamique d'uniformisation. Posant devant ces éléments, Bolin, par son travestissement, signifie la déshumanisation que la multiplication de ces symboles entraine.

Denis Rouvre : avec sa série Kanak, l'artiste s'arrête sur des populations oubliées, vaincues mais toujours prêtes à reprendre la lutte et gagner une dignité que les gouvernements ne leur donne pas forcément. 
Des portraits forts qui jouent de contrastes entre des faces vivantes, qui ont souffert mais qui témoignent des forces vives qu'elles possèdent.




mardi 27 août 2013

Femmes et fleurs 3 Japon amoureux

La fleur de cerisier
                                                                                            Yoshitoshi, la courtisane Komurasaki

Sakura, la fleur de cerisier est peut-être la fleur emblématique du Japon et ce, quelques soient les siècles.
Dès le Moyen-âge, le samurai l'utilise comme symbole car la vie du guerrier est semblable à elle : splendide dans sa force mais éphémère, pouvant disparaitre à tout instant.

Les femmes s'emparent également de ce symbole et la geisha en fait son emblème. Beauté irradiante et parfumée, fleur et geisha sont la quintessence de la féminité triomphante. Cette estampe de Yoshitoshi met ainsi en parallèle un célèbre poéte/samurai Taira-no-Tadanori et une courtisane du temps de l'artiste :


 Surpris par la nuit
de l'ombrage de ces arbres
ferai mon abri
et lors des fleurs je ferai
mes hôtesses d'une nuit

Les fleurs du poèmes désignent dans l'estampe les courtisanes et en particulier cette Komurasaki. Les pétales qui tombent relient les deux registres, indiquant la continuité du symbole.


Cet arbre emblématique deviendra le héros de mythes et légendes comme celui de Sumizome, l'esprit du cerisier en fleurs. Ainsi dans la pièce kabuki Seki no To, le spectre sera le héros central de l'intrigue :
Kunisada, Sumizome


Incarnant un esprit vengeur, cet arbre sera le protecteur de l'ordre et du régime impérial. Même au kabuki, le cerisier demeure l'Arbre nippon.

Il n'est donc pas surprenant de voir glorifier l'arbre et ses fleurs en les admirant et en faisant de ce spectacle une fête.

Yoshitoshi, Je veux voir les cerisiers
Les artistes se plairont à inscrire ce moment où la belle femme regarde la fleur sublime, les deux beautés se répondant et chacune servant de miroir à l'autre. Le summum de la splendeur, même s'il est éphémère, semble couronner la grâce de la femme et inviter les hommes aux plaisirs.

Kunichika, promenade du soir
La geisha, fleur humaine, connait le sommet de sa gloire lors des promenades sous les cerisiers : incarnation du Beau, du Japon, elle devient cette fleur admirable qui pour un moment accède à l'éternité.






lundi 26 août 2013

La lanterne à la pivoine Japon amoureux

La lanterne à la pivoine...Botan Doro : un fantôme de la passion

Kunichika, 36 beautés

Histoire issue du folklore chinois, La lanterne à la pivoine fut un succès dès le XVII° siècle, à tel point que le canevas fut adapté pour le théâtre de marionnettes puis le kabuki. 
Les versions diffèrent selon les époques et les supports, cependant une histoire principale demeure : Otsuyu, jeune courtisane est amoureuse de Saburo, un samurai. Alors qu'ils filent le parfait amour, la jeune courtisane tome malade et meurt sans que son amoureux en soit informé. L'esprit d'Otsuyu ne peut se contraindre à quitter son amant et ainsi, dirigée par sa servante qui l'éclaire avec une lanterne en forme de pivoine, elle se rend chaque soir à un rendez-vous nocturne. 
Yoshitoshi, 36 fantômes

Mais en partageant sa nuit avec un vivant, elle aspire les forces vives de son amoureux et le mène à sa perte.
Un beau matin, Saburo est retrouvé mort au côté d'un squelette.

Les artistes utiliseront souvent cette histoire afin d'exploiter l'horreur et aussi le comique que cette histoire peut engendrer. Ainsi, Yoshitoshi mêle étrange et comique dans son estampe alors que Kunichika insiste plus sur le caractère vénéneux du spectre. C'est l'horreur dans tous ses aspects qui intéresse ces hommes et aujourd'hui encore le cinéma utilise cette histoire qui est souvent adaptée sur grand écran.

Désir et Mort ont enfanté cette histoire qui révèle le caractère funèbre de la passion, au plus grand plaisir des spectateurs. La pivoine spectrale, fleur de la nuit, illumine des rais du désir le monde des vivants et des morts, invoquant les phantasmes qui sommeillent en chacun.

dimanche 25 août 2013

Le Bourbonnais asiatique

Envie de dépaysement même au cœur de la France?
N'allons pas bien et loin et bienvenue dans le Bourbonnais qui sait se transformer en petite Asie!


Noyant d'Allier accueille depuis 30 ans une pagode et un temple bouddhiste....



Avec son jardin aux nombreuses statues, bâtonnets d'encens et offrandes, ce temple et son enceinte sont le résultat d'une immigration des anciennes colonies françaises qui a été encouragée dès les années 1940 pour redonner vie à une petite cité minière qui se vidait de ses habitants.
Petit coin d'Asie dans l'Allier, la Pagode est un endroit atypique qu'il ne faut pas hésiter à découvrir tout au long de l'année!



http://www.youtube.com/watch?v=hnt_BR6Jo5w

samedi 24 août 2013

Les Chansons de Bilitis P Louys Challenge Odyssée grecque 2

Les Chansons de Bilitis

P Louys



Supercherie littéraire au moment de sa publication, les Chansons de Bilitis furent un scandale et aussi un succès de librairie par le caractère érotique des poèmes qui prennent pour cadre les iles grecques de l'Antiquité.




Pastichant et s'inspirant des fragments de Sappho et d'autres poètes de cette époque, Louys met en place un recueil beaucoup plus construit qu'il n'y parait.
Ainsi, suit-on chronologiquement les émois amoureux de la poétesse : de son adolescence à l'âge mûr. Il se bâtit aussi autour de cycles qui ont pour centre une amante ou un groupe d'amantes.



Au-delà de son caractère érotique, on peut souligner une certaine modernité du texte car se présentant comme traduction, il présente en fait des poèmes en prose qui parfois se tournent vers ce que l'on pourrait appeler des descriptions poétiques.

Une oeuvre un peu oubliée aujourd'hui et qui a pourtant le mérite de continuer les pistes et chemins que poésie et érotisme avaient tracés depuis le XVI° siècle.Quelques poèmes donnèrent lieu à des chansons de Debussy puisque les deux hommes furent amis...Une musique à écouter pour vous donner une idée d'une Antiquité version fin XIX° siècle.


Une synthèse de l'art de Yoshitoshi Japon amoureux


Fiertés d'Edo, Juillet


Pièce d'une série qui couple un portrait de courtisane à un mois de l'année, le mois de Juillet est intéressant à plusieurs titres.

Tout d'abord, c'est son caractère pittoresque qui arrête l'attention : la jeune geisha se promène dans une rue d'un quartier de plaisir. L'arrière-plan présente une maison de thé avec sa structure traditionnelle : un rez-de-chaussée qui comporte l'entrée et une pièce pourvue de nattes afin de présenter les courtisanes de l'établissement. Au premier, une coursive qui sert de couloir et de terrasse, lieu de spectacle et de représentation. Dans l'estampe une jeune femme regarde les passants de la rue.

Le deuxième point concerne la technique de Yoshitoshi. Tout semble bien traditionnel, hors cette impression est un leurre : le mois de juillet présente une technique moderne.
Ainsi, l'utilisation des violets et du bleu de Prusse est une utilisation de couleurs assez nouvelle; les premières couleurs chimiques que les artistes utilisent. De même, si l'on regarde l'homme à l'éventail du second plan, on s'aperçoit qu'il est de face, manière de représenter toute nouvelle et empruntée à l'Occident.

Enfin, c'est la présence d'une estampe qui nous intéressera. Ainsi est mise en scène une estampe à l'intérieur d'une estampe. Cette mise en abyme permet de se rendre compte de l'utilisation de son support au quotidien dans la société nipponne. De plus, l'estampe représentée, objet de frayeur pour le personnage, fixe les regards des personnages et du spectateur. Il est curieux de s'apercevoir que ce sujet (une vieille femme qui par cupidité ouvre une malle maudite, histoire tirée d'un conte) sera traité par Yoshitoshi la dernière année de sa vie dans la série 36 fantômes modernes.
A vous de comparer les deux :



Ce sujet à la fois comique et effrayant, surnaturel et expressif, synthétise bien l'art de Yoshitoshi et préfigure cette mort qui va s'emparer de lui. De même, la présence de la lune, si importante dans son oeuvre semble éclairer cette scène et rappeler le poème mortuaire de l'artiste :
Tournant le dos à la nuit
De son impressionnante brillance
ô la lune d'été

Ainsi ce mois de Juillet des Fiertés d'Edo rassemble-t-il tout l'art de Yoshitoshi : modernté et tradition, thèmes de la femme, du surnaturel et du quotidien, le tout à la lueur d'une pleine lune d'été, astre qui révèle et engloutit le monde de l'Ukiyoe.

jeudi 22 août 2013

Signac Les couleurs de l'eau Montpellier

Il fait encore beau et la mer vous appelle?
Si vous voulez vous rafraichir, pourquoi ne pas aller voir la rétrospective Signac qui se déroule au musée Fabre de Montpellier et qui a pour titre Les couleurs de l'eau

On peut découvrir un certain nombre de peintures et de dessins du maître du Pointillisme. Les couleurs sont vives et les ambiances extrêmement changeantes.
L'on peut passer d'un climat rêveur dans La femme à la terrasse à une atmosphère gaie et colorée qui reflète le bonheur d'être au monde.

Jeune femme à la terrasse


Les villes au bord de l'eau sont bien représentées et leur description nuance les impressions que l'eau peut donner à une cité. De St Tropez et Venise, en passant par Avignon, le fleuve ou la mer font écho aux couleurs que les ciels changeants peuvent donner aux pierres et monuments.



         Avignon et le Rhône


                                                                                      Le Grand Canal
                                                                                                      Venise

Une balade aquatique qui est agréable, bien documentée et précise sur un artiste finalement moins connu que ce que l'on pense.

A voir jusqu'au 27 octobre!
> http://museefabre.montpellier-agglo.com/Visiter/Les_expositions

Kimonos et geishas 1 Japon amoureux

Kunichika, Cinq beautés à la mode (vers 1860)


Symbole de la beauté, la geisha est définie par deux éléments importants : la coiffe et le kimono. L'ère du Shogunat a imposé une certaine rigueur dans l'habillement et les mœurs de la bourgeoisie. La fantaisie et le luxe devient alors l'apanage du quartier des plaisirs où couleurs et matières rivalisent d'inventivité.


Le kimono est à la fois l'emblème du goût de celle qui la porte et celui de la puissance de la maison de thé qui l'emploie. Il s'agit d'allier la beauté à la richesse, créant ainsi un écrin à la femme. 
                         Kunisada, geisha célèbre





Ces monuments de soie que portent les geishas sont la vitrine et l'étendard de la prospérité. Il n'est nullement étonnant de voir alors certains motifs revenir : le dieu du tonnerre Raijin, symbole de chance comme dans les deux estampes précédentes peut être accompagné de carpes ou de roues à eau qui signifient la richesse.

                         Kunichika, beautés se promenant

 
Les kimonos se peuplent aussi d'animaux fantastiques comme le phénix, des dragons ou des lions stylisés. La faune colorée qui s'invente dans les plis attire l'attention et rehausse la présence et la beauté de la femme.
                                                                                   Chikanobu, setsugekka

La geisha devient alors un totem, un porte-symbole qui est saturé d'images et de couleurs, contrastant avec le noir des cheveux et la blancheur de la peau, créateur du désir.

mercredi 21 août 2013

Rodin et la lumière de l'Antique Arles

Jusqu'au 1er septembre, le musée de l'Arles antique propose de redécouvrir une partie de l'oeuvre de Rodin à travers le prisme de l'Antiquité.




Il est en effet bien visible que le sculpteur connait et s'est inspiré de la sculpture grecque et romaine pour construire une partie de son oeuvre.

                        Pallas au Parthénon
 

Les références directes ou détournées fourmillent et Rodin ne se cachait pas de cette admiration.
En plus de parcourir les musées, il collectionnait les vases, statues qu'il pouvait trouver.

Cette rétrospective se scinde en 3 parties :
> une mise en perspective d'oeuvres du maitre et d'oeuvres antiques
> une collection de dessins qui ont trait à l'antiquité et qui font penser aux danseuses des mêmes années
> la présentation d'oeuvres proteiformes où Rodin assemblait certains morceaux de ses sculptures avec des coupes antiques ainsi qu'une partie de sa propre collection, soulignant la passion qui l'habitait.



Mention spéciale : le retour de l'original de la Vénus d'Arles en provenance du Louvre....elle n'a ni perdu de sa splendeur ni de son attractivité!


De belles pièces et une scénographie qui permet de mettre en écho les oeuvres. A venir apprécier de toute urgence puisqu'il ne reste qu'une semaine.


mardi 20 août 2013

Femmes et fleurs 2 Japon amoureux


L'Iris




Yoshitoshi,
6 poèmes d'amour et de courage
 

L'iris (Ayame) est une fleur éminemment poétique et graphique dans l'imaginaire nippon. Ainsi, Yoshitoshi, dans ce portrait, met-il en parallèle le nom de la fleur et celui de la courtisane qui est aussi celui de la dame que le poète représenté va épouser. Par l'entremise du végétal, le temps est aboli et la courtisane de l'ère Meiji rejoint la dame de l'époque Heian.
 
Symbole de beauté mais aussi d'une mélancolie du souvenir, l'iris apparait dans de nombreux genres d'estampes que ce soit le portrait :
 


Yoshitoshi, 32 aspects féminins                                           Toyokuni III, portrait d'acteur et poème

ou le paysage

                                                                               Hiroshige, 100 vues d'Edo
 
Dans ces trois différentes œuvres, la fleur évoque la beauté fragile. Ainsi Toyokuni III met-il en relation l'iris avec la courtisane Takao qui va être jetée à l'eau dans la pièce qui la prend pour héroine.
Yoshitoshi fait poser une noble en habit occidental avec un fond d'iris, signifiant que les beautés de l'ancienne Edo disparaissent. Hiroshige, dans cette vue, inverse le rapport de représentation humain/végétal, perdant presque la présence des femmes qui deviennent des éléments aussi fragiles que des fleurs d'eau.
 
L'iris, par sa présence, mélancolise l'espace et le temps, transforme la beauté en un miroir transparent et changeant. Il brouille l'image première qui est donnée et ouvre une chambre d'écho où les voix et les images des siècles se croisent.
 
Oh tous ces iris !
Et pareil à s'y méprendre
Leur reflet dans l'eau.
 
(Bashô)