samedi 28 juin 2014

Expo Fantaisie en scène, Real academia, Madrid (Espagne)


Yakusha e : scène et acteur...




Le monde du kabuki est un des thèmes favoris de l'estampe ukiyoe et notamment de l'école Utagawa dont Kunisada sera le représentant le plus prolifique. Le monde du théâtre passionne la société urbaine et marchande d'Edo. A l'instar de la courtisane, l'acteur est un personnage populaire qui incarne les désirs et les enthousiasmes d'une population qui vit selon des règles strictes. 

Cataliseur des passions et violences, l'acteur incarne à la fois les êtres obéissants aux lois mais aussi les êtres marginaux qui se réalisent en dehors de toute règle. De la femme forte au héros sans borne, de nouveaux types de caractère impressionnent un public toujours avide de sensationnel.



L'onnagata, homme incarnant des femmes, devient rapidement la star incontournable des plateaux et des estampes. Jouant sur l'ambiguité et le jeu des apparences, il incarne de manière exemplaire l'essence du monde de l'ukiyoe : l'éphémère qui se goûte est toujours prêt à se muer et disparaître comme le sexe de l'acteur qui fluctue des coulises à la scène.

Miroir d'une société qui magnifie la dualité et les limites, l'onnagata impose sa présence à l'estampe qui multiplie ses représentations et qui joue sur deux types de portrait : celui de l'artiste et celui de la beauté. Il s'agit ainsi de jouer et plaire à un public avide de nouveautés et de surprises.

L'école Utagawa se fera le fer de lance de telles représentations et connaitra un succès extrême jusqu'à la fin de la grande période de l'estampe japonaise classsique, voyant sa fin arriver avec une modernisation qui déplacera les intérêts et les passions.



Sur la scène de l'école Utagawa jusqu'au 10 juillet :
http://www.realacademiabellasartessanfernando.com/es/museo

vendredi 27 juin 2014

Expo Chas Laborde, Médiathèque Larbaud, Vichy (03)

Un pinceau parmi la foule...


 Argentin de naissance, Chas Laborde va participer activement à l'illustration des journaux français de l'entre-deux guerres : L'Assiette au beurre et autres quotidiens feront appel à ses talents afin d'animer manchettes et unes.

L'illustrateur va s'attacher plus particulièrement aux scènes collectives, mêlant humour et réflexions morales. En grand curieux, il suivra les pas et les goûts des milieux cosmopolitains de son temps et dépeindra autant les foules européennes qu'américaines. Sur les pas de Mac Orlan ou Morand, c'est une peinture de mondes divers qui se croisent et se mélangent dans un joyeux chahut, vision bien ancrée dans les milieux lettrés de la Belle Epoque.


 Ces auteurs à succès, Chas Laborde va en illustrer bon nombre d'ouvrages, telles les Claudine de Colette ou de nombreuses oeuvres de valery Larbaud. Entre vision amusante mais parfois effrayante d'une vie qui ne cesse de se mouvoir et de s'amplifier, l'artiste transcrit un sentiment ambigu qui traverse son époque.


Jusqu'au 28 juin à la Médiathèque Larbaud...

vendredi 20 juin 2014

Expo Voulouzan, La Serre/Musée Vieux St Etienne, St Etienne (42)

De matière et de paysage...


Une exposition en deux parties qui se déroulent au Musée du vieux St Etienne et à la Serre. Voulouzan, artiste stéphanois découvre la peinture après un accident : ne pouvant plus travailler pendant un long moment, c'est son frère qui va lui proposer de prendre le pinceau et la magie opère...

Depuis bientôt cinquante ans, ce dernier met en scène les paysages et villes qui arrêtent son attention. Le musée du vieux St Etienne présente ainsi de nombreuses toiles qui mettent en lumière divers quartisers de la ville à travers des palettes de noir, blanc et gris, montrant une ville qui se déploie dans des atmosphères hivernales.


Des quartiers disparus depuis la fin des années 70 aux vues du Crêt de Roc aujourd'hui, le style de Voulouzan témoigne d'un renouvellement qui le fait passer du peinceau à la truelle dans ses dernières oeuvres. Des amas de peinture se dessine un jeu visuel qui bouscule les perspectives et les visions tout en témoignant d'une véritable joie de peindre : en témoignent ces crassiers qui par un jeu d'empâtement deviennent une véritable Montagne Ste Victoire si souvent peinte par Cézanne.

La serre, quant à elle, accueille de plus grands formats qui prennent pour vedettes la mer du Nord et des paysages maritimes




Un beau travail à découvrir jusqu'au 28 juin...
http://www.saint-etienne.fr/actualites/peintre-voulouzan-sexpose-a-serre-au-musee-du-vieux-saint-etienne

mercredi 18 juin 2014

Challenge Odyssée grecque 9, Théocrite, Les Idylles

Nature et artifice...


Théocrite, poète de langue grecque du IV° siècle avant JC, fait partie d'une longue liste d'auteurs antiques qui feront naitre et fleurir un genre particulier : l'idylle.
Poème qui met en scène des bergers, bouviers et chevriers, l'idylle est une forme de mise en abyme : dans la plupart des pièces, les jeunes ruraux se livrent à des chants et concours poétiques. Les prix en sont des syrinx ou des fromages, le tout se passant dans un cadre simple et bucolique.

Mais il faudrait être bien naïf  pour s'y laisser prendre : les accents des bergers sont truffés de reminiscences littéraires savantes : on retrouve des vers ou des hémistiches empruntés à Hésiode et Homère sans parler du caractère des personnages qui font souvent écho aux comédies nouvelles, les Nea, qui connaissent le succès à cette époque. Le caractère rural est lui aussi tout autant fallacieux : le décor est une véritable nature poétique et la naïveté pastorale une simple feinte.


Les amours qui sont présentées ne sont pas celles de simples personnages mais plutôt le fruit d'imaginations intellectuelles. Théocrite fait partie du cercle des habitués de la Bibliothèque d'Alexandrie, autant dire d'un groupe qui connait mieux les rouleaux littéraires que les moeurs frustes de la campagne. 
L'idylle est ainsi un texte mensonger qui donne l'illusion d'un naturel et d'une simplicité qui s'est longtemps joué de ses admirateurs des siècles suivants. 

La postérité sera plus que multiple : des Bucoliques de Virgile aux tableaux de Poussin, sans compter l'Astrée et autres textes pastoraux des siècles classiques. La marque de fabrique d'un tel genre sera toujours l'illusion de la simplicité et la relation d'un temps naïf où poésie, musique et nature se mêlent sur les bouches et dans les coeurs des personnages d'une nature idéale.


"Comme je fais fondre, moi, cette cire avec le concours de la déesse, ainsi puisse fondre d'amour à l'instant le Myndien Delphis; et comme ce disque d'airain tourne éperduemment sous l'action d'Aphrodite, ainsi puisse-t-il tourner éperdument à ma porte" (Les Magiciennes)


dimanche 15 juin 2014

Fête de la rose Meilland, Chamboeuf (42)

Roses en fête...



Enfant du village, Meilland, né au milieu du XIXème siècle, va se passionner très tôt pour les roses et va s'adresser à un grand rosiériste lyonnais qui finira par l'embaucher. Commence une carrière qui sera toute entière tournée vers cette fleur et sa culture.


Des recherches pour de nouveaux hybrides à la conquête du marché américain par ses successeurs, la société ne cessera de croître jusqu'à hisser son nom en tête des rosiéristes mondiaux. Depuis, les simples amateurs comme les têtes couronnées se tournent vers les variétés multiples que propose la filiale.



De la cultissime Pierre de Ronsard aux variétés dédiées aux stars et princes, Meilland innove et produit des plantes que bien peu de jardins ne connaissent pas. Chamboeuf, sa commune de naissance, lui rend donc hommage à travers cette première fête de la rose et les divers massifs qui émaillent le centre du village.


Fêtez Meilland tout le mois de juin : 
http://www.de-rose-en-rose.fr/

dimanche 8 juin 2014

Expo Sumo wrestlers in Ukiyo e, Ota Museum, Tokyo (Japon)

Images sportives...

Durant le mois de juin, le musée Ota présente une série d'estampes représentant les sumo (sumo e), véritables stars du monde nippon aujourd'hui comme hier. Sorte de héros du monde du sport, le sumo représente un guerrier mythique qui fut la racine de mythes et légendes. En effet, le sumo est mentionné dès le VIII° siècle et est profondément lié à la religion shinto.


Durant l'ère Edo, le sumo, au même titre que l'acteur ou la geisha, est une figure incontournable du monde de l'ukiyoe et de fait devient un personnage à part entière de l'art de l'estampe. A la fois héros sportif et incarnation d'une certaine conception de la virilité, l'athlète est à la fois le support de portraits publicitaires comme celui de scène de genre où le quotidien de l'écurie est mis en scène :



Un monde hors du commun occidental à découvrir jusqu'au 26 juin :
http://www.ukiyoe-ota-muse.jp/H2606sumo-E.html

mercredi 4 juin 2014

Expo Le monde à l'envers, Mucem, Marseille (13)

Et vice et versa...


Le carnaval, le charivari...des moments ambigus qui se retrouvent dans la quasi-totalité des pays de la Méditerranée et de l'Europe. D'origines incertaines, le carnaval trouve des manifestations dès l'Antiquité avec des fêtes romaines comme les Lupercales. Le grotesque et le scabreux trouvera un écho à travers masques et mimes de la scène grecque et romaine.


Le masque et les objets liés au quotidien (grelot, cloche ou étoffes bigarrées) se combinent afin de donner naissance à des personnages drôles ou inquiétants qui symbolisent le passage des saisons ou des cultures :


De la terreur au rire, le masque tient une place prépondérante dans les sentiments qui seront évoqués. L'homme, dans ces situations de transition, connait un état qui échappe au quotidien et à la norme sociale, donnant l'impression de retrouver ses pulsions sauvages et animales.


 Au-delà des fêtes, ce seront le cirque et l'art qui questionneront ce monde carnavalesque afin de créer du jeu ou de l'effroi face à un personnage ou un lieu qui n'obéit pas à la règle et à la norme sociale quotidienne.


Se mettre à l'envers jusqu'au 25 août :
http://www.mucem.org/fr/node/2243

lundi 2 juin 2014

Expo Les Iroquoiens du Saint-Laurent, Musées gallo-romains, St Romain en Gal (69)

De maïs et d'éthnie...

Au XVIème siècle, Cartier découvre une civilisation sur les bords du Saint-Laurent : les Iroquoiens. Quelle différence avec les Iroquois? Et bien, les peuplades iroquoiennes parlent toutes la même langue alors que le terme Iroquois indique un élément géographique (les tribus du nord de l'Etat de new York). Fondée sur la culture du maïs, cette civilisation développe un artisanat et des croyances particulières.


De nature matriarcale, le système iroquoien développe des légendes à propos des éléments qui nourrissent le peuple. Ainsi, le haricot, la courge et le maïs sont appelés les Trois soeurs. Ces divinités bienfaisantes seraient nées du corps de la Terre Mère morte après avoir donné naissance aux jumeaux Bien et Mal.


De par l'ancrage des croyances, le monde des esprits et le chamanisme sont une part importante de la culture. Le tabac devient un moyen de créer un lien avec les esprits; en témoignent les très nombreuses pipes trouvées sur les différents sites.


60 ans après Cartier, Champlain qui part sur ses traces ne trouve plus les Iroquoiens : il ne reste déja plus rien d'eux. Au-delà des épidémies apportées par les Européens, ce sont les guerres intertribales qui vont faire migrer toujours plus au Sud ces tribus avant leur extinction complète. Cette légende perdure, se transforme et se transmet à travers l'illustration moderne qui est exposée dans la dernière partie.

Sur les traces disparues jusqu'au 29 juin :
http://www.musees-gallo-romains.com/saint_romain_en_gal/expositions/les_iroquoiens_du_saint_laurent_peuple_du_mais

dimanche 1 juin 2014

Expo Cassio la BD exposée, Musées gallo-romains, St Romain en Gal (69)

De bulles et de sang...


La série Cassio s'invite au musée après des séries comme celle de Murena l'an passé. Le héros éponyme es un riche romain aux origines mystérieuses qui possède des dons médicaux qui vont le mener à fréquenter l'entourage de l'empereur Antonin.


Victime d'un complot, il est assassiné mais réapparait et compte bien se venger. C'est à travers des flash-backs et accompagné d'une archéologue qui se passionne pour cette histoire que le lecteur se trouve embarqué dans un thriller historique aux forts accents fantastiques par moment.


Les origines égyptiennes du héros marquent ses pouvoirs et sont présentés en miroir de dessins et planches originaux des objets antiques de médecin ocultiste; car au-delà de l'histoire d'un héros, c'est une réflexion sur la lutte des religions et des croyances au sein de l'Empire cosmopolite qui se dévoile peu à peu.


Le 1er juin, une rencontre avec le dessinateur H. Reculé a permis de mieux comprendre le travail de l'artiste et d'en savoir plus sur la fin probable de la série : depuis quelques jours le tome VIII est dans les bacs et devrait donner lieu à un ou deux volumes supplémentaires mais les révélations de ce récent opus combleront certainement les fans de la série.
En bonus : une fort jolie dédicace avec le personnage de Valeria!
merci à H. Reculé!

Une enquête à mener jusqu'au 31 août :