dimanche 31 août 2014

Expo Viallat, Musée Fabre, Montpellier (34)

Histoire de forme...


Le musée Fabre propose non une exposition mais une véritable rétrospective de l'artiste gardois en présentant près de 200 oeuvres sur plusieurs sites. C'est donc un voyage à travers la chronologie de l'artiste que le public peut étudier. Des premières toiles fortement inspirées de Chabaud aux premières tentatives plus contemporaines, les toiles nous accompagnent jusqu'à la découverte de La Forme qui va devenir la marque de fabrique de Viallat.



C'est donc une éponge déformée qui produira un choc esthétique chez l'homme : c'est parti pour une voie royale tracée dans le milieu de la série et le questionnement autour du support des arts plastiques. De là, une fondation imposante : celui du groupe Support/surface qui va libérer le monde de l'Art de ses impératifs contextuels et matériels. 


De nombreux installations et objets présentés dans la plupart des musées d'art contemporain permettent de compléter les toiles, tissus estampillés de la forme-matrice. C'est d'ailleurs au musée Espeyran, à quelques mètres de là, que Viallat présente un dialogue entre quelques-unes de ses oeuvres créées spécialement pour le lieu avec les objets et décorations de l'hôtel particulier au style Second Empire.



Une belle rétrospective qui rend hommage à un artiste à la fois exigeant et simple, à voir jusqu'au 2 novembre!


http://museefabre.montpellier-agglo.com/Visiter/Les_expositions/Viallat_une_retrospective

vendredi 29 août 2014

Expo Préface Walid Raad, Carré d'Art, Nîmes (30)

Présence de lucioles...


Démarrant autour d'une réflexion autour d'un texte de Pasolini La disparition des lucioles, l'exposition se propose de réfléchir autour de l'oeuvre d'Art comme point lumineux du sentiment autravers d'un monde opaque de par sa violence, sa finance et sa complexification.


Les oeuvres présentées se veulent donc traces de présence, de réflexion et d'humanité, quelque soit la technique utilisée. De grands noms comme Dezeuze, Calle, Baselitz viennent rejoindre de jeunes créateurs ou l'Atlas Group (collectif actif à partir de la Guerre du Liban au début des années 80). Un point positif pour une expo d'Art contemporain : les nombreuses fiches explicatives qui viennent mettre en lumière la démarche de l'artiste!
La deuxième partie s'organise autour d'une mise en scène d'objets prêtés par le Louvre au musée d'Abu Dhabi et propose un scénario autour de la transformation d'oeuvre, prétexte à une réflexion sur la représentation, le reflet et l'ombre, constituants de toute muséographie. 


Des lumières dans la nuit à poursuivre jusqu'au 14 septembre.

mercredi 27 août 2014

Les Luminessences, Palais des papes, Avignon (84)

Un palais en lumière...


Pour la deuxième année, Les Luminessences se proposent d'animer les murs nus du palais des Papes et d'évoquer les Grandes Heures du monument et de la ville, de l'arrivée des pontifes à la présence de Jean Vilar.


De nombreuses scènes qui évoquent la splendeur de la nouvelle Rome ainsi que les tractations politiques ou l'horreur de la Grande peste de 1348...Des murs qui s'illuminent au travers de rouges profonds ou de bleus puissants, sans oublier l'utilisation d'oeuvres médiévales que l'on peut à loisir aller admirer au musée du petit Palais.


Un spectacle intéressant et créatif, à vivre jusqu'au mois d'octobre...


http://www.lesluminessences-avignon.com/

lundi 25 août 2014

Curiosités livresques 1

Arlésienne de circonstance...


Au hasard des couvertures, des surprises vous attendent parfois..C'est le cas avec un volume de Daudet : Sapho. Pour ceux qui ne connaissent pas, le roman rapporte l'histoire d'un jeune provençal qui monte à la capitale. Ce jeune artiste va tomber sous le charme d'une modèle qui est en bout de course. Premier amour et dernier amour ou les passions contrariées par l'âge...


La surprise ne vient pas du texte (agréable d'ailleurs) mais d'une page qui présente une Arlésienne et un tampon représentant un moulin...Penchez-vous sur la page et vous trouverez une dédicace de Léo Lelée, ce chantre de la tradition d'Arles avec le cachet du musée Daudet, le tout marqué de l'année 1937...
Un croquis gracieux et simple vient donc décorer cet espace. Mais pourquoi sur un livre de Daudet? Il faut se figurer que Lelée est à l'origine du musée consacré à l'écrivain, qu'il a fait partie des hommes qui ont réhabilité l'un des moulins de Fontvieille et qu'il en a été l'administrateur à la veille de la Seconde Guerre. Une page de roman qui est aussi du coup une page de la muséographie et de l'histoire littéraire!


" Mon travail est tendu vers un seul but : faire comprendre que l'art et les traditions forment un ensemble qui ne doit pas seulement figurer dans le passé, mais aussi dans le présent et l'avenir ". (L.Lelée - Arles, 1943)




dimanche 24 août 2014

Parade 3, L'Arlesienne, Lacroix, Arles (13)

Chercher une image...


Plus la peine de rappeler les liens qui unissent le couturier à la ville ni de dire son intérêt pour l'Arlésienne et son costume. C'est pourtant ce personnage et son mythe que l'exposition questionne. Tout d'abord, c'est à travers le type et ses atours que nous pouvons observer continuité et ruptures. Les photos artistiques répondent aux clichés anciens ou aux portraits officiels des reines d'Arles.



Un second questionnement se fait sur la matérialisation de ce mythe et le problème de l'image flou qui colle au personnage depuis l'héroine éponyme de Daudet : comment construire une identité stable à une figure qui doit en partie sa célébrité à son caractère fantômatique même! De là, un rapport complexe avec l'idée de représentation que le support photographique problématise.


http://www.rencontres-arles.com/C.aspx?VP3=CMS3&VF=ARLAR1_52_VForm&FRM=Frame:ARLAR1_98

samedi 23 août 2014

Parade 2, Abbaye de Montmajour (13)

D'ombres et de lumières...


L'ancienne abbaye de Montmajour accueille quelques oeuvres de Swirc et Perez durant le festival : un point commun entre les deux hommes? Ils ont étudié au même moment à l'école photo de Vevey (Suisse). Si l'un s'est tourné vers les lumières de la caméra, l'autre est resté fidèle à la chambre noire. 
N'en demeure une certaine communauté d'esprit par l'utilisation de Noir et Blanc comme de la couleur.

Pour Swirc, les portraits sont des balles rapides que l'objectif-mitraillette tire à la face du modèle et du public : peu de temps de pose et une idée précise des mouvements qui heurtent parfois certains des modèles mais le sentiment et l'impression sont là. Parfois avec des cadrages, des décors faussement amateur, le cliché révèle une intériorité fulgurante, puisque rapide et donc non jouée.



Perez n'est pas en reste avec des photos assez esthétisantes pour le noir et blanc mais des cadrages qui prouvent une maitrise certaine et un rendu intéressant. Des clichés en couleurs qui sont plus humoristiques et viennent ajouter un brin de folie au lieu d'exposition.

vendredi 22 août 2014

Parade 1, Festival de la photo, Arles (13)

Des clichés et des hommes...

Encore une jolie version du festival photo qui multiplie les lieux et les impressions photographiques. "Parade" est en effet un millésime plutôt réussi qui a su mêler les grands noms à quelques nouveaux photographes qu'il était bon de découvrir!


Ce premier billet pour dépeindre une des tendances du festival : le thème de l'altérité, à la fois présent aux Ateliers avec certains jeunes photographes africains ainsi qu'au Bureau des Lices avec sa collection de livres chinois, japonais et coloniaux. En effet, armé d'une lampe, vous déambulerez dans plusieurs niveaux qui présentent des clichés de la Chine maoiste, du Japon impérialiste ou des clichés de femmes indigènes prêtes à être dévorées par le premier Colon venu...Si les clichés sont nombreux et intéressants, la mise en espace dans le noir n'est pas toujours des plus pratiques ni des plus concluantes! C'est amusant, certes, mais je ne suis pas sûr du bien fondé d'une telle installation qui relègue parfois l'expo au phénomène de foire. 

N'en demeure pas moins une interrogation sur l'Altérité, le changement et les relations entre les civilisations. Ces images de sociétés totalitaires ou monolithiques permettent de mettre le doigt sur le problème du cliché, de l'a priori utilisé comme socle des croyances.


Cet exotisme de pacotille peut être battu en brèche par certains grands maitres comme Clergue qui propose aux Ateliers une rétrospective d'une partie de ses travaux. Utilisant femme noire ou asiatique en écho à des tableaux ou clichés célèbres, le photographe arlésien peint la beauté en dehors des représentations codifiées, mettant en scène un désir renouvelé et véritablement mondialiste, au sens noble du terme.

A voir jusqu'au 21 septembre...

lundi 18 août 2014

Essai sur l'Exotisme de Segalen

Exotisme...

Préparé durant de nombreuses années, des voyages en Polynésie jusqu'en Chine, l'essai sur l'exotisme de Segalen est une oeuvre longuement mûrie, faisant écho à des livres comme les Immémoriaux ou Stèles mais qui restera à l'état de notes. La mort de l'auteur ne lui permettra pas de terminer cet essai qui se voulait une réponse cinglante à la littérature colonialiste ainsi qu'à l'école orientaliste.


Être un étranger à une culture se dit être exote, c'est-à-dire regarder cette culture avec la plus grande objectivité et ne pas hésiter à dire qu'on ne la comprend pas. Autant dire que l'on peut être exote à son propre monde culturel! :
"Exotisme : tout ce qui est "en dehors" de l'ensemble de nos faits de conscience actuels, quotidiens, tout ce qui n'est pas notre "tonalité mentale coutumière"."
Il est possible d'admirer l'Autre dans sa grande différence et ne pas le comprendre ou ne pas le réduire à une impression. Ainsi, Segalen rejette les oeuvres de Loti qui ne sont pour lui que le plaquage d'impressions intimes, autant dire une déformation de la culture concernée. En effet, il ne s'agit pas d'être aveuglé par la nouveauté de l'inconnu mais de juger de cette nouveauté à travers le prisme de l'objectivité la plus absolue.


Gauguin apparait dès lors comme un maitre à penser l'exotisme, lui qui décrit la culture maorie à travers un prisme anti-colonial, essayant de s'approcher au plus près de l'inconscient et de la mentalité
tahitienne.

Des notes denses qui donnent un goût plus absolu et plus dense à la notion d'ailleurs et d'exotisme, loin des ciels bleus et des noix de coco de pacotille...

dimanche 17 août 2014

Expo Impressions Chagall, Palais Lumière, Evian (74)

Imprimer et impressionner...



Découverte à Berlin en 1920, la technique de la lithographie ne va cesser d'intéresser Chagall tout au long de sa vie. La rétrospective d'Evian permet d'apprécier un travail de l'artiste qui ne cessera de l'occuper jusqu'à la fin de sa vie. L'illustration d'ouvrages célèbres sera un leitmotiv, en témoignent les planches sur Les âmes mortes de Gogol, les fables de la Fontaine ou encore certains passages de la Bible.



Démarrant son travail avec les noirs et gris, la palette colorée de Chagall fait bientôt irruption dans ses eaux-fortes et autres lithographies. Le trait se fait plus affirmé et l'artiste se sépare des influences de certains artistes de l'estampe comme Redon, notamment.
Les thèmes et figures récurrents de ses toiles se retrouvent dans l'œuvre gravé : animaux, sirènes, clowns ou personnages bibliques.




Ce travail important montre la volonté de Chagall à produire des œuvres plus abordables pour un public plus modeste ainsi que son amitié avec certains graveurs et éditeurs qui deviendront des proches, eux qui l'auront guidé à travers ce monde technique et artisanal de l'estampe. Finalement c'est aussi le côté relationnel avec les artisans qui poussera Chagall à développer cette technique, se sentant parfois trop seul lorsqu'il travaillait sur ses toiles.






Impressions de feuilles jusqu'au 2 novembre.

samedi 16 août 2014

Expo Où donc est passé le réel?, Chapelle de la Visitation, Thonon les Bains (74)

Réel-y-es-tu?...

Faisant partie d'un cycle d'expositions, ce premier opus présente des oeuvres d'une dizaine de plasticiens qui interrogent le réel et la perception que le public en a. Jouant avec le bizarre et l'incongru, les artistes sabotent la perception facile que le public peut avoir : des loups faits en moutons de poussière ou des ombres d'abeilles créées avec du métal, le spectateur se voit troublé dans son approche première et est appelé à se méfier des sensations premières.


Mais c'est aussi la notion de jeu qui est mise en oeuvre : à travers les troubles de perception, les rappels culturels ou les jeux de mots avec les titres, c'est une démarche plus ludique qu'effrayante qui est présentée à la chapelle.

A découvrir jusqu'au 28 septembre.

vendredi 15 août 2014

Expo L'Esquisse, Centre d'art Campredon, Isle sur la Sorgue (84)

Mouvement en suspens...


Le dessin, l'esquisse sont des étapes qui pendant longtemps sont demeurées assez délaissées. C'est à partir de la fin du XIX° siècle avec le mouvement nabi que ce geste va être mis en lumière : le parcours démarre ainsi avec un dessin de Vuillard.

L'exposition interroge ensuite quelques artistes des années 70 à aujourd'hui à travers le prisme de ce geste. Appartenant à des mouvances qui font de la déconstruction et du geste une problématique forte, les plasticiens présentés représentent chacun une posture face à ce questionnement autour de l'esquisse.


 De Le Gac à Pignon-Ernest ou Titus-Carmel, du dessin à la vidéo, les supports divers montrent une volonté variée de mettre en scène et de poser le geste créateur comme aussi, voire plus important, que l'oeuvre terminée. Il s'agit ainsi d'insister sur la démarche et le travail plutôt que sur l'oeuvre finie qui garde son mystère car ne dévoilant pas la technique.


Si les oeuvres présentées sont dans l'ensemble représentatives et très intéressantes, un petit bémol en ce qui me concerne : leur nombre assez peu élevé ne permet finalement pas d'aller jusqu'au bout de ce questionnement et ne montre pas toute la variété de la démarche de l'esquisse.

Pour les curieux de l'inachevé :
dossier presse