mercredi 19 février 2014

Hyakunin Isshu 86

Saigyo Hoshi


Serait-ce la lune
qui pour me faire pleurer
m'a rendu songeur
ou une feinte plutôt
pour les larmes que je verse

La série de l'Ogura représente le guerrier Benkei et Shizuka Gozen. Cette scène de kabuki trouve son origine dans le Dit des Heike qui narre la guerre que les clans Minamoto et Taira se sont déclarée afin de prendre le contrôle de l'Empire et mettre fin à la période Heian :


Benkei le guerrier est chargé de rapporter la tête d'une noble : voulant la sauver, il trouve un subterfuge grâce à la servante de cette femme qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau et dont il veut faire passer la tête pour celle de sa maitresse. Or, cette servante est la fille qu'il a laissée derrière lui dix-huit ans plus tôt. Il sacrifie ainsi son propre enfant afin de sauver son maitre. Dans l'estampe, il est consolé par Shizuka Gozen qui, elle aussi, devra affronter son propre frère et sera tuée par lui.

Yoshitoshi

Le parallèle entre poème et kabuki est à faire sur deux plans : tout d'abord, c'est l'hésitation et la détresse du héros qui font écho aux vers de Hoshi. Dans un deuxième temps, c'est l'idée de feinte, de subterfuge qui lie les deux oeuvres. La songerie du héros, torturé par le dilemme du devoir et de l'amour, trouve un écho dans celle de l'amoureux qui ne trouve que frustration à son désir.

Chikanobu

Les récits issus du Dit des Heike cristallisent un monde violent où l'honneur est l'étalon des valeurs. L'amour filial, la passion ou la bonté sont éclipsés par ce pouvoir guerrier qui commande l'obéissance et la hiérarchie stricte. La vengeance et la rancoeur deviennent alors des moteurs puissants de la dramaturgie de ce monde qui donnera naissance au Shogunat et son emprise de plusieurs siècles. 


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