mercredi 4 septembre 2013

Lune et estampe Japon amoureux









Les Cent aspects de la lune, Neige, lune et fleurs....A voir le titre des différentes séries en cours au XIX° siècle, on s'aperçoit que l'astre nocturne est un élément primordial dans l'imaginaire nippon.
Ceci n'est d'ailleurs pas propre à cette période; dès les hautes époques, à l'imitation de la culture chinoise, la lune devient un motif symbolique et culturel important.

Sa lumière permet un jeu entre les ombres et la clarté que le soleil ne permet pas. Les estampes jouent ainsi sur les nuances sombres et les blancs profonds afin d'accentuer les contrastes, sorte de mise en scène des notions de yin et yang.

Kunichika, Genji moderne
La promenade nocturne en kimono d'été parait une balade spectrale, sous les auspices d'un astre que les brumes de chaleur  viennent ombrer.

La lune indique ainsi un moment, une heure où les mouvements deviennent prégnants, où humain et étoffes se croisent dans des jeux de cache-cache.

                                                                  Yoshitoshi, Cent aspects de la lune

Que la jeune femme remette son manteau ou que la dame de cour prenne nue un bain de lune, c'est sous cet astre qu'une atmosphère onirique et érotique se met en place. Lumière du théâtre des désirs, la Lune joue avec les passions et les rêveries des hommes.

Cette rêverie devient le créateur de la fiction. Pas étonnant que les poètes et littérateurs soient associés à cet astre. En témoignent les nombreuses estampes qui montrent Murasaki Shikibu, auteur du Genji, en train d'admirer la Lune afin de trouver son inspiration.

Chikanobu, Neige, Lune, Fleurs

Astre du désir, de la création et de la mélancolie, la Lune devient ce créateur d'image et d'imaginaire que le monde de l'estampe multiplie, tendant un miroir onirique au public enchanté par cet univers.

Yoshitoshi, 6 poèmes
C'est ainsi que le portrait d'une artiste célèbre multiplie les représentations lunaires, naturelle et artificielle, dans un jeu de correspondances qui permettent de relier le monde contemporain de la femme avec l'univers poétique et médiéval de l'arrière plan. La troisième face lunaire est peut-être le visage de la dame que cache à peine l'éventail.
L'imaginaire et le réel sont ainsi réenchantés et fusionnent grâce à ce symbole fort de la culture nipponne.

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