mercredi 24 septembre 2014

Challenge Odyssée grecque 10, Lucien, Alexandre ou le faux prophète

Tours de passe-passe...

Et bien voilà, dernier et ultime billet de ce challenge! C'est vrai, il s'est fait attendre mais on a gardé le meilleur pour la fin : un traité de Lucien plutôt...piquant!

Satiriste de langue grecque, originaire de la Commagène, Lucien de Samosate est un penseur du II° siècle qui connut la gloire puisque des empereurs comme Commode le protègeront mais aussi un des philosophes les plus critiqués de l'Antiquité. C'est à cause de son Alexandre d'ailleurs que l'auteur va faire la part belle aux critiques alors qu'il s'agit d'un traité sur la charlatanerie et la manipulation, mettant en scène le soi-disant prophète Alexandre, contemporain de Lucien.





Originellement, le culte du serpent alors nommé Glycon (le « doux ») était lié à la vénération non d'une abstraction mais d'un serpent réel censé incarner la divinité. Selon la mythologie du culte d'Abonuteichos, ce serpent de belle taille apparut après qu'Alexandre ait prédit la venue d'une nouvelle incarnation d'Asclépios.
Devant le peuple rassemblé sur la place du marché de la ville à midi, Alexandre brisa un œuf de serpent contenant, selon lui, la divinité. Une semaine plus tard, il présenta un serpent de taille humaine censé être la divinité, ayant grandi prodigieusement vite. L'animal était doté de caractéristiques semi-humaines et portait une chevelure blonde. Il semblerait que c'était un serpent apprivoisé, affublé d'une espèce de masque peint de façon à figurer une tête humaine sous une coiffure en crins de cheval, placé par Alexandre dans le temple d'Asclépios. À la mort de l'animal, une effigie à son image le remplaça dans le temple.


Comme dans les cultes macédoniens antérieurs, la vénération du serpent concernait la fertilité. Les femmes stériles lui faisaient des offrandes afin de devenir enceintes. On le disait aussi protéger des épidémies. Selon Lucien, Alexandre profitait sans vergogne de toutes les offrandes.

A Lucien de faire un portrait savoureux d'un homme cupide mais extrêmement intelligent  qui manipule la doxa comme personne. A un rappel des faits dans la première partie viennent s'ajouter des passages plus autobiographiques où Lucien raconte les tours qu'il joue à Alexandre pour le démasquer. Bien sûr, même devant le mur, le joueur d'oripeaux nie et la foule aveuglée est prête à déchiqueter le philosophe! Charge contre les charlatans tout autant que contre une trop grande crédulité, Lucien, à travers cet exemple, fait l'apologie du sens critique face à une opinion et une foi imbécile qui préfère le spectacle aveuglant à la lumière de la réalité. En une époque où les Mystères et nouvelles religions orientales envahissent l'Empire, cette mesure critique semble fuir les esprits et ce traité se présente comme un garde-fou du bon sens qu'on aura du mal à conserver. Une oeuvre libre qui fait réfléchir et rire dans certains passages (docere/placere comme disaient les Anciens)!



 Encore merci à Parthénia pour ce challenge! En espérant se retrouver sur un autre parcours...

1 commentaire:

  1. Je ne connais Lucien que de nom mais n'ai encore rien lu de lui ! Voilà l'occasion de combler cette lacune ! :)

    En tout cas, merci à toi pour ta participation qui m'a permis de découvrir des ouvrages intéressants ! J'ai été heureuse de faire ce petit bout d'odyssée grecque en ta compagnie...
    Qui sait ? peut-être à bientôt pour de nouvelles aventures... :)

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