jeudi 1 janvier 2015

Poésie et illustration 9 : La Loreley d'Apollinaire

Légende germanique...


 illustration Gwendal lemercier

S'inspirant d'une légende médiévale et surtout du poème de Heine, Apollinaire met en scène une jeune femme au charme irrésistible qui devient la victime-même de ses attraits. Tout d'abord par son aura qui enchante tout homme, qu'elle le désire ou non, comme pour le personnage de l'évêque, mais encore par cette beauté qui la tuera : Loreley devient un Narcisse féminin que son propre reflet fera noyer. Ce personnage protéiforme se traduit à travers les jeux sonores sur le nom de la jeune femme qui distord la diphtongue ei selon ses multiples prononciations.

Jeu d'amour, jeu de mort, l'illustration, quant à elle, transpose le moment de bascule où à travers le saut et la noyade, la Loreley retrouvera l'idéal qu'elle recherche...
 À Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d'amour tous les hommes à la ronde

Devant son tribunal l'évêque la fit citer
D'avance il l'absolvit à cause de sa beauté

Ô belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie

Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m'ont regardée évêque en ont péri

Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie

Je flambe dans ces flammes ô belle Loreley
Qu'un autre te condamne tu m'as ensorcelé

Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège

Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n'aime rien

Mon cœur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j'en meure

Mon cœur me fait si mal depuis qu'il n'est plus là
Mon cœur me fit si mal du jour où il s'en alla

L'évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu'au couvent cette femme en démence

Vat-en Lore en folie va Lore aux yeux tremblant
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc

Puis ils s'en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres

Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château

Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j'irai au couvent des vierges et des veuves

Là haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley

Tout là bas sur le Rhin s'en vient une nacelle
Et mon amant s'y tient il m'a vue il m'appelle

Mon cœur devient si doux c'est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin

Pour avoir vu dans l'eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil

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