Jouer à se faire peur…
En ce mois des fêtes d’Obon, le Musée Ota à Tokyo permet de
se confronter à la peur à travers les estampes du XIX° siècle. La peur, c’est à
la fois la manifestation des terreurs ancestrales tout comme un jeu où la
curiosité et la volupté se mêlent. En témoignent quelques-unes des estampes de
la collection qui jouent sur ce sentiment qui était fort apprécié par la
population d’Edo.
Tout d’abord, ce sont les fantômes et les esprits qui sont
convoqués à travers une série de portraits d’acteurs de kabuki. En effet, le
répertoire du XIX° siècle multiplie les histoires où les esprits et les démons
apparaissent et disparaissent. On pense, en premier lieu, au Yotsuya kaidan, la pièce emblématique avec
le fantôme d’Oiwa, la femme persécutée et vengeresse. Entre défiguration,
meurtre et vengeance, ce sont les arcanes sombres de l’âme humaine qui sont
sondés à travers un panel de personnages forts et contrastés. C’est aussi tout
le folklore shinto traditionnel qui déambule dans ces images fortes qui
multiplient les représentations à la fois effrayantes et amusantes de
sorcières, de kappa et autres monstres qui hantent les paysages et les esprits
des hommes.
Enfin, l’horreur s’incarne dans la froide violence du
quotidien : meurtres, faits divers vont être des sujets passionnément
suivis par la population de la nouvelle Tokyo à travers les premiers journaux.
Le goût du sensationnel et du scandale explose dans des images volontiers sanguinolentes
qui prennent plaisir à évoquer les faiblesses et les noirceurs humaines tout en
captivant un public moderne friand de ce genre de représentations.
Frissonner d’horreur au musée jusqu’au 28 août 2016 :
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