dimanche 31 janvier 2016

Expo Jules Chadel, MARQ, Clermont-Ferrand (63)


Impressions Japon...


Le MARQ propose de découvrir l'oeuvre de J. Chadel, artiste d'origine clermontoise qui travailla pour différents joailliers parisiens dont H. Vever, grand amateur d'art japonais. C'est grâce à ce collectionneur d'estampes que Chadel va peu à peu prendre connaissance de l'art nippon et de son graphisme si particulier. 

Désormais influencé par les oeuvres d'Hokusai, Hiroshige et autres grands maitres, il va intégrer le mouvement du Japonisme, courant qui rassemble divers artistes qui assimileront les codes et techniques japonaises dans un souci de renouveau de l'expression artistique occidentale.


Ses gravures très influencées par le trait du Fou de dessin vont prendre une nouvelle dimension grâce à la rencontre d'un graveur nippon, Yoshijiro Urushibara, qui lui révèlera quelques secrets de l'art traditionnel de l'estampe japonaise. 

Chadel utilisera de manière originale la technique orientale pour ses illustrations de livres, fort appréciées par les bibliophiles de l'Entre-deux guerres. 


Un bel exemple d'oeuvre japonisant au MARQ jusqu'au 7 février 2016.


samedi 23 janvier 2016

Expo Trésor des Médicis, Musée Jacquemart-André, Paris (75)


Miroir, miroir...

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Alors que Florence vient de se débarrasser de Savonarole et de ses feux de joie, Florence renoue avec la famille Médicis et son pouvoir de l'argent. Laurent et Côme seront les deux figures centrales qui durant le XVI° siècle imposeront la capitale toscane comme le phare du pouvoir intellectuel et culturel de l'Occident humaniste.

Rosso, Del Sarto, Pontormo ou Bronzino se mettront au service du pouvoir temporel et spirituel du Duché et de ses natifs qui donneront papes ou souverains à plusieurs pays de l'Europe. L'exposition fait la part belle au genre du portrait qui s'impose comme un genre important de ce XVI° siècle où la singularité commence à émerger.

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Aux visages des condottiere, les portraits de femmes imposent une image faste et riche de la féminité et de sa mise en scène. Ainsi du pinceau de Bronzino qui rend avec force et harmonie les traits des grandes dames florentines. Eléonore de Tolède et ses représentations est un exemple emblématique du portrait maniériste ou du portrait à la manière moderne.



Riches couleurs, carnations diaphanes et  mouvements iconiques permettent la représentation d'une noblesse et d'une intelligentsia italienne qui impose une iconographie civile, entre majesté intellectuelle et sensualité vive. 


Une sprezzatura picturale jusqu'au 25 janvier :
http://www.musee-jacquemart-andre.com/fr/evenements/florence-portraits-cour-medicis

mercredi 20 janvier 2016

Expo Fantastique! L'estampe visionnaire, Petit Palais, Paris (75)


En noir et blanc...

Durer Mélancolie

Sombre miroir aux couleurs de l'estampe japonaise, la partie occidentale de l'exposition Fantastique propose un panorama de l'image en noir et blanc au XIX° siècle. Elle prolonge aussi un réseau d'expositions parisiennes qui depuis plusieurs années explorent les méandres d'un XIX° siècle finalement assez méconnu. Le parcours investit les sources ténébreuses d'un mouvement qui s'enracine dans divers terreaux. Le Romantisme et son imaginaire fantastique se nourrissent à la fois des oeuvres de Dürer mais aussi des rêves de Goya. 


Estampe, eau-forte, héliogravure....quelques techniques d'impression qui permettent une large diffusion mais aussi une recherche picturale qui parle autant aux sens qu'à l'intelligence car c'est dans le labyrinthe de la pensée que le Romantisme va investir ses recherches. Grotesque fantasque ou abominable, le personnage fantastique joue avec la Mort et ses divers avatars comme un joueur narquois ou désespéré.



Aux côtés des grands comme Doré, l'expo permet de mettre en lumière (ou en obscurité!) quelques artistes plus confidentiels. Quels qu'ils soient, chaque dessinateur va s'emparer des récits et personnages qui seront les moteurs des grandes histoires et des sentiments complexes de cette longue partie du Siècle.


Puis viendront les rejetons, les premiers Symbolistes comme l'éclatant Redon et son iconographie forte qui mêle macabre et humour. Un beau panorama des noirceurs d'une époque qui ne détonne finalement pas avec nos interrogations contemporaines :
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/fantastique-lestampe-visionnaire-de-goya-a-redon

dimanche 17 janvier 2016

Expo Fantastique! Kuniyoshi, Petit Palais, Paris (75)


Un démon du mouvement...


Ce week-end, vient de se terminer une exposition qui met enfin sur le devant de la scène une figure éminente de l'ukiyo-e : Kuniyoshi. Comme d'habitude, l'engouement pour les paysages et la figure d'Hokusai ont pour longtemps détourné l'intérêt du public occidental même si certains artistes du XIX° ont senti la force du travail de ce dessinateur. Le Petit Palais a donc bien réparé un tort à travers de somptueux tirages nombreux et bien choisis.


C'est avec un choix de quelques héros de Suikoden, reprise d'un roman chinois classique, que le parcours débute : normal, puisque c'est avec cette série que l'artiste va voir sa carrière décoller et que c'est avec ces héros que Kuniyoshi est encore une référence pour les tatoueurs.



Monstres en tout genre tant issus des légendes que du kabuki animent les planches simples ou les triptyques. Le monde aquatique avec ses baleines, ses poissons monstrueux permettent d'animer les océans, élément primordial dans l'imaginaire nippon. Le chat impose aussi sa présence avec les récits de sorcières et d'esprits qui se transforment et se comportent tels un vampire. Il est à noter que le monstre est à la fois un personnage hideux mais aussi amusant qui terrifie et attire l'oeil et délasse l'esprit. 


Courtisanes et acteurs sont les vedettes de la mi-parcours. Encore une fois, la richesse des couleurs et des détails permet d'apprécier l'univers de Kuniyoshi et sa manière mouvementée, prolixe qui dépeint le monde des plaisirs comme un univers bariolé et joyeux.


Enfin, la caricature est présentée en fin d'exposition. L'intérêt pour l'humour n'est pas la seule raison de l'importance de ce genre chez Kuniyoshi. De par l'écrasante censure shogunale des années 1840, la caricature permet à l'artiste ukiyo-e de continuer son travail. Mettre en scène l'animal sera le rempart contre la censure des représentations jugées licencieuses. Le système des mitate (les parallèles parodiques) sera le moyen de survie de tout un univers artistique pendant plusieurs années.


Une rétrospective forte pour l'artiste:
http://www.petitpalais.paris.fr/fr/expositions/fantastique-kuniyoshi-le-demon-de-lestampe
http://miroirdlukiyoe.e-monsite.com/blog/expo-fantastique-kuniyoshi-musee-du-petit-palais-paris.html# 

mercredi 13 janvier 2016

Expo l'atelier de Shazenrazen, Centre Larbaud, Vichy (03)


Entre chat et souris...


Après avoir travaillé pour des studios d'animation et des collaborations pour des albums jeunesses, Fred Saurel propose en ce moment une vision toute asiatique d'un monde animalier plein de vie et de joie de vivre.


Raoul, son chat, sert de modèle alors que l'artiste se représente sous les traits d'un souriceau plutôt malin avec le félin mais aussi avec les dames souris aux allures de geisha... Un petit clin-d'oeil à l'univers de la création à travers des poses artistes qui campent le héros de ces aquarelles de manière cocasse.

Les couleurs pastel et le trait fin permettent de créer un monde dynamique et fantaisiste qui aime jouer avec les représentations et les mots. Quelques références aux illustrateurs jeunesse ou aux créateurs nippons se mélangent harmonieusement et créent une toile de fond cohérente à des personnages attachants. 


Jusqu'au 7 février:
https://www.ville-vichy.fr/agenda/exposition-l-atelier-de-raoul

dimanche 3 janvier 2016

Opération Masse critique Babelio, Postel/ Lhakkouri, Dahaka


Légende des sables...


Avec le tome 1 Ormazd l'oublié commence l'histoire d'Elijah, jeune varuna qui va être emporté dans les turpitudes du pays d'Al-watan, société scindée en deux clans, les Varunas tout pétris de médecine et de foi et les Mitras aux compétences technologiques. Un grand conseil organise la vie de la cité jusqu'à la prise de pouvoir des Mitras qui vont exploiter le peuple varuna...

Mélange de l'Histoire (comment ne pas penser à ce qui se passe en ce moment au Moyen Orient ou aux castes qui fractionnent plusieurs pays encore aujourd'hui) avec des références culturelles variées : on pense au mondes des Mille et une nuits ou encore à Star Wars par le contexte politique mais aussi par le fort besoin de rébellion et de vengeance du personnage d'Elijah.



D'un point de vue graphique, les proportions des personnages oscillent entre un style manga et un style caricaturiste qui est assez inattendu parfois. Le découpage des planches accentue la rythmique rapide voire saccadée des actions, un peu à la manière d'une série ou d'un jeu vidéo. Ainsi, un rythme haletant ne quitte pas le récit et le lecteur est emporté très vite dans la narration (un système de flash-back, au début du volume, permet de mieux jouer encore sur ce mouvement).

Merci donc aux Editions Nats qui m'ont permis de découvrir une BD assez inhabituelle ces temps derniers et qui mêle agréablement plaisir du récit et moments plus réflexifs.