mardi 28 février 2017

Expo Rei Naito, MCJP, Paris (75)


Dialogue des morts...
Invité à quitter ses chaussures, foulant la moquette grise, le visiteur entre dans un espace perché au-dessus de la Seine, entre recueillement et silence. « Emotions de croire » ouvre un domaine à la vie et aux morts.

Née à Hiroshima, Rei Naito a longtemps répugné à parler de la bombe atomique et du drame qui toucha sa ville natale. Puis advint la catastrophe de Fukushima et quelque chose s’est réveillé dans l’esprit de la créatrice. Les installations qu’elle élabore alors là-bas et dans d’autres villes du Japon appellent une réflexion sur la vie et la mort qui se croisent et s’auto-engendrent même, et peut-être encore plus dans des lieux où la destruction semble vouloir prendre le dessus.


A la MCJP, autour de verres, de récipients irradiés, creusés et travaillés par le souffle de la mort, des statuettes en bois, une fleur dans de l’eau. La beauté troublante des formes des verres, la présence à la fois proche et spectrale des silhouettes de bois fascinent. Ce monde silencieux autour duquel les rues parisiennes s’agitent n’en ressort que plus fort et émouvant.


Sorte de petit temple aux kodamas, l’installation fait dialoguer les vivants avec la présence des morts. Une exposition où poésie et vie se croisent jusqu’au 18 mars 2017 à la MCJP de Paris :

jeudi 23 février 2017

Opération Masse critique, Dans la peau de Maria Callas, A. Duault


Mémoires divines...

 
Avenue Mandel, Paris; les premiers jours de Septembre s'égrainent au rythme des souvenirs, des disques réécoutés et des tasses de thé fumantes qui ouvrent la nuit de la diva Callas. Nous sommes en 1977 et il lui reste moins du mois à vivre. C'est cette forme de réminiscence, de confidence à soi-même qu'A. Duault a choisi pour évoquer la vie de celle qui demeure l'image de la chanteuse lyrique du monde contemporain, près de 40 ans après sa mort.


Du new York des immigrés à la Grèce parentale puis à l'Italie , la France et très vite le monde, le personnage de Callas évoque un parcours ponctué par les grands rôles, les rencontres d'artistes et les lieux mythiques de l'opéra.
 
 
 
Bien sûr, il y a aussi les aspects plus personnels : la transformation de la chanteuse en icône avec toutes les métamorphoses nécessaires ainsi que les liens avec la mère peu aimante ou les diverses passions qui animeront la vie déjà rythmée de la chanteuse.
 
Toutefois, n'attendez pas des détails salissants ou croustillants : Alain Duault aime Callas et veut faire partager cet amour. Ni hagiographie ni brûlot, cette biographie romancée permet la (re)découverte d'un personnage important de la scène internationale, avec des mots simples qui laissent transparaitre toute l'admiration de l'auteur pour Callas et qui sait nous la transmettre.
 
 
Un agréable moment de lecture et de culture que je dois à Babelio et aux éditions Le passeur...

mardi 21 février 2017

Expo Kimangekoi, Médiathèque Larbaud, Vichy (03)


Promenons-nous dans les plats...


Les contes demeurent des espaces d'imaginaire et d'interrogation sur soi et le monde. Si les entrées dans ce monde du conte sont nombreuses, la part de la nourriture est assez mince. C'est pourtant par ce biais que S. Lespagnol Bouillart questionne les récits de la tradition occidentale.

Manger, dévorer ou se faire plaisir sont des actions primordiales du conte : de l'ogre à la sorcière en passnant par Boucle d'Or ou Alice, l'attrait gustatif s'impose au récit et aux personnages : qu'importe les dangers ou les interdits, les voies de la bouche ou de la gueule sont impérieuses.


Dans des mises en scène oniriques ou amusantes, les chemins du palais évoquent les grands personnages des récits traditionnels. L'invitation au goûter ou à la dévoration embarque le public à une petite rétrospective de personnages incontournables : une belle table dressée, un mannequin bien habillé dessinent des silhouettes connues de nos mémoires enfantines qui font sourire ou frémir. 



Jusqu'au 25 février :
https://www.ville-vichy.fr/agenda/exposition-kimangekoi

dimanche 12 février 2017

Expo Déshabillez-moi, CNCS, Moulins (03)


Au fil des costumes...



Petit détour par le monde de la chanson et de la culture Pop. Au CNCS cette saison, souffle un air de paillettes et de strass au son des guitares et des tubes du XX° siècle. A partir de l'univers du Music-Hall, l'artiste, ici le chanteur, utilise le marqueur comme un marqueur de reconnaissance.
Mistinguette, Joséphine Baker ou Maurice Chevalier deviennent des icônes vivantes, phénomène qui sera relayé par le monde de la chanson populaire puis du star système des années 60.



Un artiste se reconnait à sa silhouette et à ses accessoires : ceinture de bananes pour Joséphine, canotier de Chevalier ou maillot marin d'Etienne Daho, le chanteur doit s'incarner dans un objet, qui devient un signe synecdochique de l'artiste.

Au fil des décennies, les mondes de l'art et de la mode vont se rapprocher de l'univers des planches musicales. Le chanteur devient mannequin ou inspire des spectacles plus classiques comme l'opéra. Ce costume de scène, à la fois louange et caricature, permet un mélange des genres qui permettra la rencontre plutôt heureuse des cultures populaire et savante.


La seconde partie de l'exposition interroge les grandes tendances du costume de scène après la Seconde Guerre : du Noir de Barbara à l'Or et au brillant de Sylvie Vartan ou Johnny, le vêtement de scène utilise tous les moyens visuels afin d'accrocher l’œil du public.

Le jeu du corps qui doit s'imposer sur l'espace scénique se dessine à travers les couleurs ou l'apparition d'une certaine nudité : des fesses de Polnareff aux costumes de Mademoiselle K.


Jouer avec son univers et sa représentation deviendra un enjeu que certains artistes ont su maîtriser avec brio. En témoigne M et son personnage qui démultiplie les enjeux des codes de représentations et qui a fait de sa mise en scène un véritable enjeu qui accompagne la création musicale. 


Jusqu'au 5 mars 2017, des costumes à foison :
http://www.cncs.fr/d%C3%A9shabillez-moi-les-costumes-de-la-pop-et-de-la-chanson

mardi 7 février 2017

Expo Plossu, les feux du bivouac, Hôtel Fontfreyde, Clermont-Ferrand (63)


Images de l'instant...



Débutant son travail photographique avec une série réalisée au Mexique vers le début des années 60, Plossu va privilégier une prise directe qui se rapproche d'une utilisation quotidienne, telle qu'un amateur pourrait le faire : cadrages décentrés, jeu sur les flous et les mouvements. De lui-même, il avoue une volonté de privilégier les appareils bon marché ainsi que l'objectif 50 mm, proche de l’œil humain. Bien sûr, il s'agit de se délester du poids de la technique froide afin de retrouver le réel et ce qu'il peut contenir d'étonnant et de poétique.


Portraits de rue ou de vie familiale, instants d'humanité qui n'ont pas conscience d'être se trouvent inscrits sur la pellicule en noir et blanc, moins souvent en couleurs dans cette exposition. La vie à fleur d’œil semble sortir de ces clichés avec ce qu'elle comporte de dérisoire et parfois d'envoûtant ou de mystérieux.

Pour les horizons du Grand Ouest ou des montagnes du Massif Central, le procédé Fresson fait entrer la couleur dans des paysages ou des scènes qui mêlent les trames du temps : ce système quadrichromique permet un rendu qui filtre une image semblant sortir tout droit de vieux magazines ou de publicités surannées.

 Un jeu avec le temps et ses codes colorés de représentation qui appelle la rétine et l'esprit du spectateur à prendre conscience d'une image presque atemporelle des choses, débarrassées de leurs aspects trop marqués vis-à-vis d'une décennie tels ces volcans et campagnes auvergnates qu'on dirait sortis de tableaux réalistes ou de magazines touristiques poussiéreux. Une lumière onirique et exagérément fausse fait alors ressortir le quotidien et le banal avec son épaisseur et son mystère.



Jusqu'au 11 février 2017 :
http://www.clermont-ferrand.fr/Bernard-Plossu.html