mercredi 23 août 2017

Expo Masahisa Fukake, Rencontres d'Arles (13)


Ombres et couleurs...


Les rencontres photographiques d'Arles proposent dans la multitude de lieux de la ville dédiés à l'art des ombres et lumières la première rétrospective occidentale dédiée à Masahisa Fukase.

Né en 1934 avec un père qui possédait un atelier de portraits photographiques en Hokkaido, Fukase se destine très tôt à cet art. Il perce dans les années 1960 et devient véritablement célèbre avec une première série Yūgi (遊戯) / Homo Ludence). Travaillant pour la presse et les magazines, il continue son travail artistique à travers de nombreux albums qui utilisent à la fois le noir et blanc ainsi que la couleur.

Mettant en scène sa famille, des modèles, il crée des images qui jouent avec l'intime et sa représentation. Si ses photographies peuvent avoir un caractère ludique, Fukase dénie la moindre volonté de parodie ou de divertissement. Il avouera ne pas penser rendre les gens heureux à travers son travail et se demande lui-même s'il en éprouve le moindre plaisir.


Son rapport aux animaux est intense : outre la série qui le rendit célèbre Karasu () / Ravens), les clichés nombreux qu'il fit de son chat Sasuke forment une sorte de séries d'autoportraits. Il confiera d'ailleurs : "J'ai passé la plus grande partie de cette dernière année à prendre des photos allongé par terre, à peu près au niveau des yeux d'un chat, au point que j'ai eu la sensation d'en devenir un moi-même". 




Envahi par une certaine mélancolie et un rapport à la mort évident, ses dernières séries sont des jeux avec certaines onomatopées japonaises comme berobero où l'artiste se met en scène lui et son geste puisque la plupart des clichés sont rehaussés de couleurs, de traces dessinées comme pour mieux prendre de la distance avec le geste et les codes photographiques.


Victime d'une chute dans les escaliers d'un bar où il avait ses habitudes, Fukase restera 20 ans dans le coma jusqu'à sa mort en 2012. Son œuvre est à voir au Palais de l'Archevêché jusqu'au 24 septembre 2017 : https://www.rencontres-arles.com/fr/expositions/view/160/masahisa-fukase

vendredi 18 août 2017

Expo De couleurs et d'or, Mab, Moulins (03)


Scintillements médiévaux...



Pendant les travaux, le musée de Cluny prête quelques pièces au musée Anne de Beaujeu. Un moment qui permet un dialogue entre les œuvres et une mise en valeur de l'utilisation de l'or dans les objets médiévaux.


Symbole de puissance, de luxe et d'ostentation, l'or est utilisé tant dans le domaine religieux que dans le domaine profane. L'exposition montre de belles statues du XV° des écoles allemandes ou flamandes qui surent magnifier le mouvement, la polychromie et les ors. Les tapisseries ne sont pas en reste, avec des décors allégoriques où la lumière et les espaces plus ternes jouent de contraste.


Le musée de Moulins met en avant certaines de ses belles pièces comme la pieta de l'Italien della Robbia avec ses faience colorées et ses surfaces plus rugueuses. Même si l'œuvre est parcellaire, on peut apprécier la maitrise et l'extrême délicatesse de cet art.


L'or est aussi la matière des tableaux, enluminures et autres ornements de manuscrits. Outre la préciosité, le matériau étant censé apporter de l'émerveillement à travers le jeu de la lumière produite par les flammes des bougies, ce qu'un éclairage artificiel ne peut produire. 

Des ors et des merveilles jusqu'au 17 septembre 2017 :
http://www.mab.allier.fr/2056-exposition-en-cours.htm

dimanche 13 août 2017

Expos et Japon, Musée Guimet, Paris (75)


Japon à Guimet


Cet été, le Musée Guimet met à l’honneur le Japon à travers deux expositions : 113 ors d’Asie et Paysages japonais.
La première exposition parcourt le continent asiatique et son rapport à l’or. De la monnaie aux rites funéraires, ce précieux métal est un symbole important dans toutes les cultures.
Au Japon, où les mines d’or sont importantes, le matériau illumine objets sacrés et profanes. Des statues de Bouddha et de Daikoku, le dieu des richesses, aux inro et peignes de laque et d’or, le scintillement témoigne de la beauté sacrée et profane.

Mettant en valeur les calligraphies ou les étoffes chatoyantes, l’or est prisé tant par les nobles de la cour d’Heian que par les riches commerçantes d’Edo.
La deuxième exposition : paysages japonais, d’Hokusai à Hasui met en avant ce genre pictural dans le Japon du XIX° et du XX° siècle. D’Hiroshige à Hokusai, c’est la poésie et l’humour des scènes quotidiennes qui animent les planches de papier.

Ne sont pas oubliées l’introduction de la perspective et l’arrivée de la photographie dans l’évolution du paysage qui se fait des images de l’ukiyo à la nouvelle école de la Shin-hanga.
Des estampes et des ors à contempler jusqu’au 18 septembre (113 ors d’Asie) et au 2 octobre ( Paysages japonais) :
http://www.guimet.fr/fr/expositions/expositions-en-cours/cat.listevents/2017/08/13/-

mardi 8 août 2017

Le mois O-bon 3, Expo Specters of Yoshitoshi, Ota Museum




Fantômes de Meiji...


Pour plusieurs mois, le Musée Ota fait la part belle ) l'œuvre de Yoshitoshi, le dernier grand maitre de l'ukiyo-e. En ce mois d'août, périodes des fêtes d'o-bon, ce sont les estampes représentant les spectres et autres yokai qui sont à l'honneur.

Dès ses débuts, Yoshitoshi va cultiver les images de l'au-delà. Ainsi avec sa série 100 fantômes de la Chine et du Japon (qui ne comptabilise que 26 pièces), ce sont quelques figures de l'au-delà marquantes qui vont inscrire son travail dans l'horreur et le spectaculaire.


L'artiste va cultiver une veine qui est à la fois traditionnelle mais aussi contextuelle : les histoires de revenant sont légions dans ce pays de tradition shinto mais les conflits du Bakumatsu et du début de l'ère Meiji accentuent cette sensibilité à la mort et aux revenants. De plus, Yoshitoshi sera lui  -même  marqué par les conflits et sa psyché sera mise à mal. Il sera souvent persuadé d'être visité par des revenants. De là un arrêt de près de dix ans d'une production qui était pourtant fortement populaire. 


Après cet arrêt forcé, les séries à fort tirage reprendront et les fantômes garderont une place précise dans cette production  : des Cent aspects de la lune aux 36 fantômes modernes, ce sont de nombreuses histoires classiques de revenants qui seront mises en scènes et modernisées par un esprit singulier pour qui le monde des spectres prenait une réalité aussi tangible que celui des vivants.

Un panel de revenants à percevoir jusqu'au 27 août 2017 :