dimanche 27 octobre 2013

Kimonos et femmes 2 Japon amoureux

Le kimono, cette armure de soie, pour reprendre les termes de M Yourcenar, est cette pièce d'étoffe qui joue avec la nudité de la peau. Annulant les formes féminines, les seuls contrastes ne sont possibles qu'à ses confins.

Les mains, la nuque ou parfois les chevilles lors des déplacements de la femme miroitent au contact du kimono. Ainsi, les gestes gracieux dévoilent des bras sans ornement dans cette estampe de Kuniyoshi :

Kuniyoshi, produits de la mer et des montagnes

De même, bras et nuque sont mis en avant dans le flot des plis et des couleurs chatoyantes de la "Désagréable" de Yoshitoshi. Bien sûr, ce jeu est réfléchi : il s'agit d'évoquer la beauté, de créer le désir chez le spectateur à partir du peu qui est dévoilé. Le fantasme devient le moteur du désir et de l'amour. Le geste dédaigneux est lui-même un leurre créé pour attiser les passions.

Yoshitoshi, 32 aspects

Ce jeu des détails érotisés peut aussi être mis en place grâce à des éléments du vêtement. Tel est le rôle des longues manches de jeune fille que la femme peut promener sur son visage ou entre ses dents comme dans cet autre portrait de la "Timide" du même artiste :

Vêtement et corps ne sont pas concurrents mais alliés dans cette création culturelle d'une femme-objet qui devient maitre et possesseur des Passions. Pour un contemporain de ces artistes, gestes, étoffes sont des codes bien connus, porteurs des intentions de celle qui attire leur attention.

Mais il arrive aussi que cette armure s'efface et l'érotisme se fait encore plus explicite. Le kimono offre alors le corps à la vue de l'Homme et bien souvent, le sein devient le personnage principal de l'action. Afin d'intensifier cette présence, les artistes peuvent jouer avec les lumières et les ombres comme dans cette estampe de Kunichika :

Kunichika, Genji moderne

Le kimono devient alors terre de plaisir et ce sont les courbes et galbes humains qui deviennent les réels motifs du langage amoureux.

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