dimanche 22 janvier 2017

Expo Vivian Maier, chroniques américaines, Centre Campredon, Isle/Sorgue (84)


Chroniques de rue...



Le petit phénomène photographique s'invite depuis quelques mois au centre d'art Campredon : Vivian Maier et son Rolleiflex ont posé leurs valises sur les cimaises de la maison de René Char. Bien sûr, on pourra évoquer les querelles que ce météore de la photo suscite : photographe qui n'a rien développé, personnalité exhumée d'une vente aux enchères par un John Maloof aux ambitions ambigües, manque de textes critiques et de recul par rapport à la découverte du corpus... Les critiques vont bon train mais on peut comprendre les réticences dans un milieu de l'Art où intérêts financiers et esthétiques ne vont pas toujours dans le même sens. Mais laissons là les querelles de clocher...



 Car en parcourant les murs et les clichés présentés, il est indéniable que l'artiste - oui, Vivian est bien de ceux-là- possède un véritable regard et recherche à présenter cette rue américaine des années 1950 à 1980. En noir et blanc comme en couleurs, la photo joue avec les cadres, les gestes, les regards - entre amusement, compassion et sarcasme- qui présentent cette société américaine des Trente Glorieuses.
Loin d'un chant au succès, c'est plutôt une captation du quotidien et de son étrangeté, de sa démesure ou de sa banalité qui caractérise l'élan créateur de Maier. C'est d'ailleurs à ce moment que manquent des textes, des réflexions de la photographe : un corpus d'images, certes homogènes, mais qui restent en partie opaques du fait du mutisme de l'auteur. C'est aussi cet état de fait qui rend certaines photos plus mystérieuses qu'elles ne le sont peut-être en réalité.


A regarder ces nombreux clichés où elle se prend en train de photographier, il y a bien chez Vivian Maier, un travail conscient, une recherche qui l'éloigne d'un simple amateurisme. Moins objets de narcissisme que réflexion sur l'acte photographique, ces mises en abyme jouent à la fois sur l'incarnation et le mystère, phénomène qui renforce le story-telling qui a fait le succès fulgurant de l'artiste.


Une exposition à voir jusqu'au 19 février 2017 :
http://www.campredoncentredart.com/

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