Fantôme hanté...
Nouvelle année pour le challenge O-bon chez Purple...Et voici une nouvelle contribution autour d'un fantôme de religieux. Le moine Seigen, bras croisés, visage émacié et cheveux hirsutes se détache sur fond de fleurs de cerisier et de pluie.
Personnage issu du théâtre
kabuki, ce religieux tombe amoureux de Sakura-hime : il voit en la jeune
fille la réincarnation d’un jeune moine dont il était amoureux et qui est mort
quelques temps auparavant. Va naitre une relation passionnée qui sera découverte :
les habitants du monastère chasseront les amants, mettant le feu à l’abri où
ils se trouvent. Seigen meurt brûlé tandis que Sakura se sauve en sautant dans
les airs, aidée de son ombrelle.
L’histoire pourrait en finir là
mais c’est sans compter l’esprit de Seigen qui apparait à la malheureuse
princesse. Hantant ses nuits, il terrorise les nouveaux amants de cette
dernière et les entraine dans la folie.
Incarnation de la passion
dévorante, le portrait de Seigen par Toyokuni III dépeint le spectre du personnage
hanté lui-même par l’image de celle qu’il aime. Le poème classique de Ariwara no Narihira se lit :
Yononakani Taetesakurano Nakariseba Harunokokoroha Nodokeklaramashi
Yononakani Taetesakurano Nakariseba Harunokokoroha Nodokeklaramashi
S’il n’y avait plus de
Fleurs de cerisier
En ce monde
Mon cœur
Serait en paix.
Il insiste sur la beauté du paysage des cerisiers en fleurs, image
topique de la poésie classique.
De manière détournée, le poème peut aussi se lire ainsi :
S’il n’y avait plus
Sakura
En ce monde
Mon cœur
Serait en paix.
C’est alors le fantôme qui se plaint de l’amour que la fleur incarne
(sakura est le nom botanique ainsi que celui du personnage féminin).
Dans un camaïeu de gris, de rose et de blanc, c’est toute la passion
destructrice qui est mise en scène, à travers ce personnage paradoxal d’esprit
hanté par ses propres fantasmes.
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