lundi 23 février 2015

Expo Beauties of modern ages, Musée Ota, Tokyo (Japon)

Histoire de beautés...


Etudier la beauté féminine, capter ses nuances fut une constante des artistes de l'estampe ukiyoe. Le musée Ota propose ce mois la présentation de plusieurs séries de Kunichika et Yoshitoshi qui décrivent ces aspects différents dans une typologie stable depuis le début du XIX° siècle.


Les 32 aspects de femme ou les 24 heures de la vie d'une geisha impriment des traits, des mouvements stéréotypés qui sont censés symboliser la quintessence de la beauté et de la féminité. Du modèle timide à la femme impudente, d'un mouvement chaste à une moue narquoise, l'étude des postures féminines permet aussi multiplier les compositions graphiques et les couleurs vivaces et expressives.


A cette étude de la beauté viennent se greffer des aspects plus comiques ou sensuels : le monde des kimonos n'est pas qu'un monde esthétique. Ainsi de la planche Sembler fatigué où une jeune femme entoure un chat blanc : la fatigue indiquée par le titre ne concerne pas l'être humain mais bien le félin qui se lasse d'être câliné!


Des beautés à découvrir jusqu'au 25 février :
http://www.ukiyoe-ota-muse.jp/H2702yoshitoshikunichika-E.html

vendredi 20 février 2015

Poésie et illustration 10 : la carpe et les carpillons de Florian

Je te l'avais bien dit...

G. Lemercier

Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l'épervier plus dangereux encor.
C'est ainsi que parlait une carpe de Seine
A de jeunes poissons qui l'écoutaient à peine.
C'était au mois d'avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s'élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l'onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C'est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l'eau se retire il ne faut qu'un instant :
Ne vous éloignez point, et, de peur d'accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s'en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C'est qu'on se croit toujours plus sage que sa mère
C'est qu'on veut sortir de sa sphère,
C'est, que... c'est que... je ne finirai pas.


Une référence à un fabuliste bien méconnu du XVIII° siècle : ce Gardois a pourtant écrit de très nombreuses fables, pastorales dont on a extrait certaines phrases devenues célèbres...Pour vivre heureux vivons cachés, par exemple! Et puis, on lui doit aussi certaines mélodies comme Plaisir d'amour...
Un fabuliste espiègle qui joint à l'esprit une certaine sentimentalité comme la goûtait le XVIII° finissant.

mercredi 18 février 2015

Expo Présence de Mistral, Palais du Roure, Avignon (84)

Mistral et Avignon...



Pour le centenaire de la mort du poète et prix Nobel de littérature, le palais du Roure rend hommage au félibre qui a fait d'Avignon une de ses villes de prédilection. Cette maison l'honore d'autant plus que c'est Mistral qui donna ce nom (palais du chêne) à l'édifice du fait de l'arc d'entrée qui a été rénové il y a quelques mois...


Cette exposition propose des souvenirs, photos et autres documents qui témoignent de la présence et de la ferveur que l'homme de lettres engendra dans toute la région. Des photographies anciennes évoquent aussi les lieux ou rues qu'il fréquenta lors de ses nombreuses visites en tant que voisin, habitant Maillane qui n'est qu'à un jet de pierre de la cité papale. 
Ce culte de la personnalité et de l'oeuvre est prégnante dès les années 1870 et ne cessera de grandir jusqu'à la mort de l'artiste en 1914, période durant laquelle il apparaitra comme le protecteur de l'esprit provençal, un peu à la manière d'un grand-père qu'on respecte et craint.



Jusqu'au 28 février : http://www.provenceguide.com/fetes-et-manifestations/avignon/presence-de-mistral/provence-FMAPAC084CDT0017309-1.html

lundi 16 février 2015

Opération Masse Critique Babelio :ce bel et vivace aujourd'hui

Des étoiles dans les yeux...


Tout d'abord merci à Babelio ainsi qu Passeur éditeur pour ce bel ouvrage constituant une anthologie de textes déja édités ainsi que de certains inédits de J Lacarrière. Le poète et humaniste qu'il fut livre son regard sur le monde contemporain à travers des articles assez courts qui mêlent prose essayiste et poésie en prose.
En effet, les visions qui nous sont proposées interrogent des phénomènes ou objets de notre quotidien de manière biaisée, nous permettant parfois de voir autrement : trouver de la poésie aux pylônes ou aux supermarchés devient une démarche possible et même évidente!


Au-delà des simples objets, c'est la place de l'Homme et du Progrès qui est mise en scène dans ces textes. Qu'on ne s'attende pas à des accusations sans borne ou à une louange béate : Lacarrière joue subtilement avec ses thèmes et cherche à trouver les aspects bénéfiques sans nier les erreurs et autres impasses de nos sociétés contemporaines. Oui à l'ordinateur mais au travers d'un sens critique qui condamne la machine comme seule ouverture sur le monde.


Une vision donc poétique dans le sens d'un réenchantement du quotidien : les objets du progrès sont souvent des magiciens mais l'Homme ne doit point oublier que le magicien peut devenir illusionniste et le spectacle se muer en miroir aux alouettes : un appel à l'enchantement couplé à une vigilance certaine!


samedi 14 février 2015

Expo Rétrospective Erro, MaC, lyon (69)

De la cimaise au mur...


Depuis ses débuts dans les années 50 avec personnages technologiques effrayants, Erro interroge le monde contemporain qui vit dans la technique et le monde nucléaire. Sa technique se diversifie et très rapidement, il essaie le collage, les films et la plupart des media que les arts de l'époque vont utiliser.


Au-delà de la technique, l'artiste s'intéressera à l'iconographie populaire, de la Bande dessinée aux imageries populaires politiques telles les images de propagande chinoise. Il constitue ainsi un véritable dictionnaire des formes qu'il fait dialoguer avec des décors réalistes ou encore des citations d'oeuvres d'autres artistes.


Ce principe citationnel permet d'obtenir des images incongrues qui jouent à la fois sur le côté ludique et à la fois sur un aspect plus subversif des images populaires qui dynamitent, pas si naïvement, quelques grandes toiles et références. Il s'agit aussi de rendre compte d'une culture de l'image pléthorique et envahissante qui peut aller jusqu'à engloutir et perdre le public dans certaines grandes toiles. Mêmes connues, les figures agglomérées et démultipliées témoignent d'une fantaisie débordante qui imposent leur présence sans se laisser véritablement décrypter.


Jusqu'au 22 février : http://www.mac-lyon.com/mac/sections/fr/expositions/2014/erro/

lundi 9 février 2015

Expo l'art de l'amour au temps des geishas, Pinacothèque, Paris

Amour et sexualité...


L'estampe érotique (ou shunga) est une part importante de l'art ukiyoe. Dès le XVII° siècle, l'image érotique permet de mettre en scène les corps à des desseins éducatifs pour les jeunes mariées mais aussi à des buts pornographiques ou comiques. L'exposition propose un panorama historique du shunga : des débuts à la fin de l'estampe traditionnelle.

Le parcours débute avec une évocation de portraits de beautés (Bijinga) qui présentent l'image de la femme sans toujours un caractère érotique même si certains gestes ou postures sont interprétés par le public concerné comme des évocations sexuelles.



Suit un ensemble d'oeuvres qui présentent l'évolution de l'érotisme. d'une sexualité claire et heureuse durant l'Age d'Or du XVIII°siècle avec des artistes comme Utamaro suivront des époques plus dynamiques et torturées qui incarneront les fantasmes les plus échevelés. Petit à petit, c'est l'obscurité sexuelle qui prend le pas sur la joie de vivre même si celle-ci est encore présente.

La dernière partie évoque les héritiers du shunga, de l'art contemporain au manga, marquant l'importance de l'illustration érotique dans le monde artistique nippon.


Images cachées et dévoilées jusqu'au 15 février :
http://www.pinacotheque.com/no_cache/fr/accueil/expositions/aujourdhui/lart-de-lamour-au-temps-des-geishas.html

samedi 7 février 2015

Expo Histoire de caractères 2, Médiathèque Larbaud, Vichy (03)


L'écriture est un aspect important de la culture nipponne : outre la calligraphie, c'est sa place dans le quotidien de la geisha ou de l'acteur de théâtre qui peut surprendre le public occidental. Témoignage de la culture et du raffinement d'une personne, l'écriture est aussi le moteur de la dramaturgie et du roman dès les premiers textes de la littérature japonaise. Lire, envoyer un message sont les symboles d'une intimité qui se dévoile mais qui est souvent mal comprise à cause de quiproquo et autres.


D'où l'idée de présenter des estampes qui mettent en scène ce problème de l'écrit ainsi que des grandes scènes de kabuki qui permettent de découvrir quelques grandes oeuvres classiques, connues et méconnues par le public français. La culture du mot, de l'esprit est présente sur toutes ces planches où la référence sérieuse se mêle à une culture parodique, système tant goûté par les habitants d'Edo.

C'est aussi la place de l'illustration et du livre, à travers des pages de manga d'Hokusai ou des petits formats, qui est interrogée : un dialogue entre les signes et le dessin.


Un mois de littérature japonaise jusqu'au 28 février!
http://www.ville-vichy.fr/Exposition-Histoire-de-caracteres.htm

dimanche 1 février 2015

Expo La Grèce des origines, Musée d'archéologie nationale, St Germain en Laye (78)


Sur les traces grecques...


La Grèce des origines, c'est à la fois celle de Knossos ou les Minoens mais aussi l'histoire des premiers archéologues modernes : comment rendre compte des premières civilisations dont peu d'écrits ont gardé la trace?

partant des mythes ou des écrits d'Homère, des hommes comme Schliemann vont tenter de trouver les traces de ces civilisations disparues tout en utilisant des techniques et des règles qui vont différer des fouilles du XVIII° siècle qui s'attachaient à trouver des objets rares et précieux.


Ici, le moindre tesson de poterie, la fibule deviennent des témoins aussi importants que les grandes sculptures ou les objets en or ou ivoire. L'appel à diverses techniques ainsi qu'à la science qui éclaire les us et coutumes des siècles passés grâce à une analyse des céréales et autres graines retrouvées dans les fouilles.


Evans et Schliemann, même s'ils ont participé à une recherche mythique, furent les réels pères de l'archéologie moderne mais l'histoire est ingrate et ces archéologues furent et sont encore bien malmenés par une partie de la communauté scientifique. L'exposition se veut aussi un hommage à ces hommes qui ont permis de faire évoluer la discipline malgré les erreurs et les maladresses.


Enfin, on peut s'apercevoir de l'engouement de ces civilisations à travers les spectacles des ballets russes, de la mode ou encore de la décoration : Minoens et Mycéniens deviennent un espace où la modernité peut composer avec l'antiquité mythique à découvrir jusqu'au 2 février : http://www.musee-archeologienationale.fr/event/%3Fevent_type%3D80